De la musique sérielle entre autres : CONCERT HOMMAGE A HENRI DUTILLEUX

rivale

Récit du Concert hommage à Henri Dutilleux, Ecole Normale Salle Cortot, le jeudi 22 mai 2014


 La musique sérielle, la dodécaphonie sans cacophonie, ça vous dit quelque chose ? C'est une musique atonale faite de dissonances subjectives. C'est l'évolution d'une musique tonale où règnent en maître, la tonique, la dominante et la note sensible, l'accord parfait. Schönberg, Alban Berg, ça vous dit quelque chose ? Las d'une musique réglée au cordeau et tout comme la peinture figurative qui a évolué vers l'abstrait, ces compositeurs ont piétiné les valeurs établies, tout comme Nietzsche, pour s'envoler dans la déraison, pourtant structurée elle aussi. Avec A., mon ange de l'Opéra, j'étais le jeudi 22 mai dernier, à la salle Cortot, pour écouter un hommage à Henri Dutilleux. Ce géant de la musique qui, connaissant tout, le contrepoint, l'harmonie, la fugue, la direction d'orchestre, a découvert le sérialisme, cette atonalité qui ne sied pas toujours à nos oreilles habituées à une tonalité parfaite, reste unique et en marge des diverses esthétiques. Il a créé sa propre synthèse tout au long de sa très longue vie à trois ans d'un siècle complet. L'Ecole normale de musique nous a offert un programme riche, déroutant au départ, avec Anne Queffelec qui a ouvert le bal, avant de nous habituer à une écoute hors du commun, hors du temps où les musiciennes et mélomanes que nous sommes se sont senties confortables, tant sur leur siège que dans leurs oreilles. Nous avons été gratifiées de David Lively, d'Alexis Descharmes et du Quatuor Psophos, et un instant, déroutées par un quatuor qui était rendu par un seul instrument, le violoncelle. Les œuvres qui nous ont été servies étaient : D'ombre et de silence, la sonate pour piano, trois strophes sur le nom de Sacher (le fameux gâteau viennois, vous connaissez ? Avec de la confiture entre les couches de chocolat moelleux ?) et, enfin, le quatuor à cordes « Ainsi la nuit ». Impatiente de m'asseoir au premier rang de cette salle Cortot que je connais mieux que ma poche, je me dirige tout droit vers la toute dernière place à gauche pour voir les mains du pianiste. Je vois ad libitum des feuilles portant la mention « réservé » que j'enlève espérant que mon culot marchera. Nenni ! Le responsable ne tarde pas à m'y déloger. Bref, avec A., nous allons tout en haut et nous voyons tout aussi bien. Rien n'arrête un mordu de la musique. Je vous ai servi un peu de théorie, le programme, les musiciens mais ce Dutilleux, à quoi ressemble-t-il ? Qu'à cela ne tienne : soyez patients et attendez l'entracte. La photographe que je suis découvre du Dutilleux à gogo, en noir et blanc et pur argentique. A son piano, en compagnie d'autres musiciens, parfois une cigarette au bec, ce personnage bouillonne. Je scrute chaque photo que j'immortalise avec mon propre appareil numérique (si pâle à côté de la vraie photo d'antan) tout simplement parce que ce personnage, le cadre, A. et notre passion partagée me donnent envie de créer à mon tour, sans cesse jusqu'à mon dernier souffle. Merci, Monsieur Dutilleux : je ne peux pas vous dire « Mes hommages car je suis une femme » 



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