De la nuit
Susanne Derève
Dans la dernière heure bleue de la nuit
celle qui précède le jour
avec ses bouquets d'arbres nus
ses cheminées de gel
irai-je dire mes voyages
Irai-je les dire dans la dernière heure
de la nuit qui chasse le sommeil
aligne les années
celle où je peux faire mentalement le compte
des rêves avortés des attentes futiles
des étreintes passées un vieux calendrier inutile
à jeter au panier
avec le rideau qui masque la fenêtre
pour retrouver l'instant de dire les
peut-être
cette heure où tu parlais de voyages lointains
du fracas de l'absence
celle où je naviguais dans le faisceau
des phares à travers un rideau de pluie
une simple trouée au hasard
Si je tapais du pied pour faire basculer
la dernière heure bleue de la nuit
dans le gouffre du matin
loin de l'éveil figé d'attente
si je disais n'essaie pas de la retenir
le jour éclairerait les premiers
nids aux arbres et je dessinerais
à l'horizon des voiles blanches
temps d'insouciance mer étale
je dirais tu es revenu
je dirais je n'écrirai plus
mais voilà que les mots se pressent
les mots en avalanche
comme la neige fraîche
plein la bouche et les yeux
et dans les yeux
ces failles où la couleur gommée
resurgit au soleil
rouge grenat entaille
de sang vif
pour dissoudre la dernière heure
de la nuit
cette heure où tu sommeilles
l'heure bleue qui s'enfuit
Illustration : Max Ernst (Birth of a Galaxy)
" les mots en avalanche
· Il y a presque 6 ans ·" comme la neige fraîche
" plein la bouche et les yeux"
merveilleuse et pure poésie comme on en voit peu !!
Louve
merci toujours de me lire ... mais c'est exagéré ....
· Il y a presque 6 ans ·Susanne Derève
Non, non, non, ce n'est pas exagéré Susanne et c'est sincère ! Tu as vraiment un très beau style mais tu ne t'en rend pas compte. Je suppose pourtant que lorsque tu relis tes textes un bon moment après les avoir écrits, tu apprécies davantage, comme si quelqu'un d'autre les avaient créés. Sans prétention aucune, j'ai déjà ressenti cela pour quelques uns des miens. Je pense que nous sommes trop habitués à notre style, et qu'il nous faut un certain recul pour vraiment apprécier.
· Il y a presque 6 ans ·Louve
correction : tu ne t'en rends pas compte et quelqu'un les avait créés. (J'ai du mal avec les accords, j'hésite toujours)
· Il y a presque 6 ans ·Louve
pour ce qui est du recul, parfois oui, mais on voit surtout ses propres imperfections
· Il y a presque 6 ans ·pour les accords moi aussi je vérifie de plus en plus
merci Martine
Susanne Derève
Quel souffle ! oui, moi aussi... suis scotché (bon, le terme n'est pas très poétique ). Je crois que je vais essayer de l'apprendre par coeur...Décidément il n'y a pas d'amour heureux ; mais je croise les doigts !
· Il y a presque 6 ans ·Gabriel Meunier
tu me la récites demain :)) merci Gabriel ....
· Il y a presque 6 ans ·Susanne Derève
La dernière heure de la nuit : excellente pour les poètes mais sale moment pour les dépressifs. Et quand ce sont les mêmes ?
· Il y a presque 6 ans ·Alain Balussou
j'aurais dit que les poètes s'éveillent quand les dépressifs s'endorment ... poète et dépressif ,oui sans doute que quand on va trop bien on n'écrit pas
· Il y a presque 6 ans ·Susanne Derève
On peut penser qu'écrire est aussi affaire de maîtrise et en tirer ses conclusions. Merci, surtout pas d'alcool...
· Il y a presque 6 ans ·Alain Balussou
la suggestion de mouvement est incroyable, dans toutes les strophes
· Il y a presque 6 ans ·retentissant
Humes Heinz
merci merci ...
· Il y a presque 6 ans ·Susanne Derève
Un poème qui m'a emporté par sa beauté, merci Suzanne
· Il y a presque 6 ans ·marielesmots
merci à toi Marie
· Il y a presque 6 ans ·Susanne Derève