De la sélection des jeunes

Lundi un de mes enfants passait un oral pour une entrée dans un Master sélectif public (il n'y en n'a pas d'autres dans son domaine de compétence), des études qui demandent a priori des compétences techniques et créatives.

Après une pré-sélection sur dossier, il était donc convoqué, à l'autre bout de la France, plein nord dans une plaine humide.

Il explique sa motivation et sa démarche, propose de montrer son travail apporté sur une clef USB.

"C'est pas la peine" répond un homme, tandis qu'un autre questionne "Vous êtes donc un créatif?" Mon fils confirme.

"Ah!" pour ne pas dire "bah...beuh...bouf"..."ah oui, en plus vous avez fait le conservatoire" rétorque le quidam d'un air las. "Nous on recrute des Bac S de préférence. Pourquoi n'avez-vous pas fait S?"

"Parce que pour faire de l'audio-visuel il faut apprendre l'image et que la Spé. arts plastiques est impossible en S".

Tout me fait hurler dans ce genre d'entretien: le refus de voir le travail d'un jeune, même celui fait au sein du service de communication d'une des plus grandes entreprises de France, même ce qui a été vu des milliers de fois sur Youtube, ce mépris pour la créativité et l'art, cet obscurantisme plutôt consistant à mettre dans le même sac toutes les formes de création sans aucun discernement (peintres, sculpteurs, musiciens, réalisateurs, monteurs, vidéastes, scénaristes...), cette façon enfin de donner la priorité aux bacheliers S et ce quel que soit le travail effectué.

On attend les résultats de notre dernier, qui vient de passer ce fameux Bac S, option théâtre!!! Il aurait bien aimé passer musique aussi du fait de ses longues études au CNR et de sa passion pour la guitare, la musique cubaine et arabo-andalouse, mais le ministère a interdit de passer 2 options "artistiques" depuis quelques années. L'idéal est donc de passer danse ou musique et langue des signes. Parce que la langue des signes, c'est pas créatif peut-être?

Voilà comme croyant avancer de réformes en réformes, on recule! J'étais et reste une forte en maths, en musique, en dessin, en langues étrangères, en chimie, en poésie. Déjà il y a plus de 30 ans cela posait question dans une école qui ne comprend pas qu'on peut être polyvalent, qui n'a toujours pas pigé que le cerveau ne comporte pas de cases étanches rendant exclusivement adapté à une compétence ou une autre. Mais heureusement j'avais passé musique et couture, ce qui avait compensé mon abominable note de sciences éco, matière qui m'a désintéressée pathologiquement pendant 2 ans.

Savez-vous en revanche qu'au Moyen Age l'école enseignait dans le même bloc les sciences et le dessin? A l'époque, les futurs médecins et scientifiques de tous ordres devaient dessiner corps et plantes, pierres et arbres...