De l'Autre Côté de l'Atlantique, Il Fait Nuit

Joseph De Chateauvieux

Pierre, un travailleur clermontois, arrive aux Etats-Unis pour un nouveau travail, une nouvelle vie. Dans une série de mails précis et décapants, il raconte ses premiers pas à Céline...

 

I

 

22 juin. 17h23 (GMT+5)

De : pierre63@gmail.com

A : celine.dartic@yahoo.com

Objet:                                                Welcome to America

 

            Bonjour mon amour. Ca y est, je suis enfin arrivé chez moi ! Après plus de quinze heures de voyage, il était temps. Je suis éclaté. Le décalage horaire, le « jetlag » comme ils disent ici, commence à se faire sentir, mais trop envie de te raconter tout ça avant d'aller me coucher.

            Pour mon premier vol (oui je sais à 29 ans de nos jours c'est risible mais bon, on fait ce qu'on peut hein), je crois que j'ai été servi. Les oreilles qui sifflent, les jambes qui gonflent, je me suis même cramponné comme un gosse à ma ceinture pendant tout le décollage. L'hôtesse a dû me rassurer plusieurs fois et me dire que tout allait bien, que je pouvais me détendre. J'avais froid, comme l'impression qu'il faisait moins vingt. Pourtant tu me l'avais bien rabâché hier: « Ne te mets pas sous le ventilateur dans l'avion ». Comme d'habitude j'en n'ai fait qu'à ma tête . Et puis ce n'est pas ce microscopique bout de tissu fin comme du papier calque qu'ils osent appeler couverture qui a pu y changer quelque chose.

J'ai fini par m'endormir, jusqu'à ce que mon voisin me réveille d'une petite tape sur l'épaule. « Just over there, behind the mountains, it's my home ! ». Il avait l'air si heureux, sa petite moustache grisâtre frétillait nerveusement. On arrivait bientôt à Atlanta. J'ai poussé un soupire de soulagement. Enfin mes neuf heures et demie de vol tassé contre le hublot pour permettre à ce charmant américain obèse de pouvoir laisser respirer sa graisse allaient prendre fin. A nous l'Amérique ! Enfin à nous…à moi.

 

Au début, l'aéroport d'Atlanta n'avait pas grand-chose de dépaysant. Le terminal où je déambulais ressemblait à s'y méprendre à la Gare Perrache. En dix fois plus grand. En fait, le moment où j'ai vraiment compris que j'avais changé de continent, c'est quand j'ai commandé mon premier burger. Déjà, l'estime de mon niveau d'anglais en a pris un coup. Bon on va pas se mentir, on sait très bien que l'anglais ce n'est pas mon fort. Je n'ai jamais été très bon. Enfin, comme on dit quand on ment à l'entretien d'embauche, « je me débrouille ». Je pensais qu'avec la dose de séries qu'on avait regardées ferait l'affaire.

Dans l'avion ça allait, mais le vrai test, c'était le burger. Et là, clairement, je ne sais pas si Samantha (appelons-la Samantha, ça sonne bien) avait des problèmes d'oreille interne ou si j'ai définitivement l'accent de José Bové mais elle a vraiment fait une tête bizarre quand j'ai passé commande. Le genre de moue qui si on pouvait traduire le langage corporel voudrait sûrement dire « Je crois qu'il y a un homme préhistorique qui tente de rentrer en communication avec moi ».

 

            J'ai tout de même fini par l'avoir. Quand on touche à un vrai burger américain, la première fois, c'est un peu comme le film « 1492 » (Christophe Colomb) qui se joue dans ton palais. C'est un nouveau monde, les indiens en moins et trois tonnes de gras en plus. Les américains sont sérieux et efficaces, surtout quand il s'agit de nourriture. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils font leurs burgers comme ils construisent leurs buildings. Une solide charpente, deux énormes steaks qui vous caleraient un ogre et un emballage alu tout ce qu'il y a de plus non-écologique. Le tout ferait frémir Al Gore et s'élève haut, très haut. Quand j'en suis arrivé à bout, je te promets j'étais vraiment essoufflé. True story.

 

            Un second vol m'attendait pour rejoindre ma destination finale, Greenville, charmante bourgade du Deep South aussi peuplée que Bourg-en-Bresse, c'est dire. Lorsque je suis rentré dans l'avion, ça sentait le pop-corn, cette bonne vieille odeur de beurre bien chaud, presque suintant, comme si les hôtesses en avaient étalé sur toute la carlingue. Atterrissage musclé, coup d'œil au passeport, grand sourire chaleureux du douanier : Welcome to America Sir !

 

« Pars. C'est la chance de ta vie » m'as tu dis quand l'offre est tombée. Tu as sans doute raison. Pourtant, j'ai le cœur gros. Je t'imagine dans ton petit appartement lyonnais de la place Bellecour. Tu es là, allongée sur ton canapé écarlate, celui-là même que j'avais réussi à tâcher de café en moins de 120 secondes la première fois que je suis venu chez toi. J'étais aussi rouge que la housse du sofa, j'avais si honte, je m'en souviens encore. Je m'en souviendrais toujours.

De l'autre côté de l'Atlantique, il fait nuit. Je pense à toi, tu me manques. C'est ma première nuit sans toi depuis bien longtemps. Il va falloir que je m'habitues. Prends soin de toi.

 

Pierre

 

 

II

 

23 juin. 17h20 (GMT+5)

De : pierre63@gmail.com

A : celine.dartic@yahoo.com

Objet:                                                Le jour du Seigneur

 

Enfin un peu de fraîcheur. Dehors il fait une chaleur de bête et comme un idiot je me suis endormi en plein soleil sur un transat de la piscine de la résidence. Résultat : j'ai les épaules et le bas du dos en feu, on pourrait sans problème faire cuire une omelette dessus. Et je n'ai même pas de bières au frais pour oublier tout ça. Sale histoire. Il faut que je te raconte.

 

Tout n'avait pas trop mal commencé. Réveil un peu tôt (maudit décalage horaire), la télé allumée avec les matchs de baseball en fond (un futur classique je sens) et un frugal petit-déjeuner : un demi pain au lait bien carbonisé sur un côté (il va falloir que je me fasse traduire la notice du grille-pain je crois) accompagné d'un énorme bol de céréales type « Spécial K ». Je pense que celui qui a fait les courses avant que j'arrive devait penser que j'étais une nana.

Aujourd'hui, c'est dimanche, et j'avais décidé d'aller à l'église. Je ne suis pas spécialement pratiquant tu le sais mais je me suis dit que pour débuter ma nouvelle expérience, une petite bénédiction céleste ne serait pas de trop. Un tour sur internet pour trouver une église qui a l'air bien comme chez nous (j'attends un peu pour tester les délires gospels et autres spécialités locales) et me voilà parti pour trois miles de marche (je n'aurai ma voiture que la semaine prochaine). Clairement, j'avais la foi.

 

Dix. J'ai croisé dix églises différentes avant d'arriver à destination, avec des noms plus extravagants les uns que les autres, et des populations bien spécifiques. L'Eglise de la Grâce remplie de blancs en costume impeccable, l'Eglise du Prince de la Paix réservée aux noirs, tout aussi bien habillé, l'Eglise de la Sainte Rédemption, un peu plus libérale sur le code vestimentaire et à forte connotation asiatique. Pour chaque église, son parking digne d'un supermarché, son école, ses panneaux publicitaires, ses salles de réunion etc… De vraies petites entreprises.

            « Le sud conservateur » dit la légende. Je suis tombé en plein dedans. Sur le chemin du retour, je me suis arrêté au supermarché pour remplir mon frigo d'autres choses que du coca-light et des yaourts au soja zéro pour cent (l'ancien locataire m'a vraiment pris pour une gonzesse). La vendeuse arborait un T-Shirt bleu criard « I Love My Church » (même à Versailles ils n'osent pas). J'ai fait mes emplettes et quand je suis passé à la caisse pour payer, la fille a regardé mon pack de Corona et m'a dit, de l'air le plus normal du monde « No Beer on Sunday ». Et mer** again ! Il boit bien du vin le prêtre à la messe, pourquoi on n'aurait pas le droit nous hein ?? Sacrés ricains.

            Résultat des courses, pas de bières et le dos qui boue à 150 degrés. Je commence déjà à regretter de ne pas avoir pris le pot de Biafine que tu m'avais proposé. On va se consoler avec une bonne série, comme à la maison, comme au bon vieux temps.

            De l'autre cote de l'Atlantique il fait nuit. Tu as du t'endormir sur le nouveau Guillaume Musso. Je t'embrasse fort.

Pierre




III


24 juin. 02h14 (GMT+5)

De : pierre63@gmail.com

A : celine.dartic@yahoo.com

Objet:                                                Worst Night Ever

 

            Il est deux heures du mat'. Je suis accroupi sur mon lit, je suis en nage et je tousse. Cherchez l'erreur. Ma chambre est un four, j'ai envoyé bouler mes draps et testé toutes les positions possibles pour m'endormir et oublier cette chaleur de dingue. On dirait notre première nuit en Andalousie où il a fallu cinq douches glacées pour que tu trouves le sommeil.  

            Je me suis battu avec le ventilo pendant une heure mais pas moyen de trouver la bonne température. La clim' n'est pas une option ici, elle fait partie intégrante du mobilier. J'ai un tigre dans la gorge. Il faut dire que je n'ai pas été malin. En prévision d'une nuit chaude, j'avais fixé la température à 25. J'aurais dû me souvenir que Fahrenheit et Celsius n'étaient pas les meilleurs amis du monde. Enervé et incapable de régler la machine, j'ai fini par tout couper. Au début ça allait, mais maintenant c'est l'enfer, le Sahara dans ma chambre.

            Au moment où je pensais enfin trouver le sommeil, la souffleuse s'est mise en marche. Un vacarme de tous les diables, comparable au raffut de la scierie de l'oncle Raoul. Ma chambre est collée au bloc central de ventilation de toute la résidence. C'est bien ma veine.

           

            La grosse Berta a enfin terminé ses vocalises. Je vais pouvoir essayer de glaner quelques heures de repos avant mon premier jour demain. Ça sent la tête de déterré, super la première impression ! Il me faudra surement un café bien fort comme tu sais si bien les faire.

Je pense à toi.

Pierre

 

           

IV

 

26 juin. 17h46 (GMT+5)

De : pierre63@gmail.com

A : celine.dartic@yahoo.com

Objet:                                                Stéphane et Jerry III

           

Deux coups de foudre, aussi brutaux inattendus. Deux rencontres lors de mes premiers jours de boulots. Deux types qui ressemblent déjà à de vrais amis. J'ai une chance incroyable.

Ca a commencé par Stéphane. Stéphane est québécois. Je l'ai rencontré pour la première fois à la cantine lundi. Je déjeunais avec les collègues de mon étage, ils parlaient de voitures et des coups de gueule de leur femme. C'était chiant à mourir. Heureusement, il était là. Dès qu'il parlait, tout allait mieux. Mieux, j'avais grand peine à ne pas me retenir de rire.  Stéphane c'est un corps de bucheron avec la voix de Céline Dion. Je m'attendais à tout moment à ce qu'il me sorte un « pour que tu m'aiiiiiiiimes encore » ou une quelconque autre saillie vocale de ta chanteuse préférée. Je sens qu'il va me plaire ce gaillard. Autre point positif, il joue au rugby ! Quand je lui ai dit que je jouais aussi, c'était comme si le Saint-Laurent s'embrasait dans ses yeux. Il m'a tout de suite invité à l'entrainement de son équipe jeudi prochain. Je sens que je vais l'aimer ce gros nounours aux faux airs de Garou.

           

            Un jour, un futur copain. Je ne pouvais pas rêver mieux. Et puis il y a eu aujourd'hui. Et Jerry.

            Jerry Gordon III (III parce que c'est le 3eme du nom dans sa famille), fait partie de ces grands noirs élégants sortis tout droit d'une équipe de basket universitaire ou des studios d'enregistrement d'Universal Music. Impeccablement rasé, il se distingue des autres employés par des tenues vestimentaires assez improbables : chemise vert-menthe surmontée d'une cravate rose et blanche digne de la boutique du stade français, veste en gros tweed gris alors qu'il fait 35 degrés dehors ou lunettes de soleil types Paris Hilton en vacances à Saint Trop. Je ne l'ai pas inventé, les photos sur son bureau parlent d'elles-mêmes.

            Lorsque je lui ai dit que j'étais français, Jerry était tout excité. Il m'a confié que quand il sortait chez des amis, il emportait toujours avec lui une bouteille de vin. Rouge. Française. On a la classe ou on ne l'a pas. Le sport est également très important pour lui, mais hors de question de suer dehors. Le football, c'est à la télé le dimanche soir avec les copains sur l'écran plasma 108 cm autour d'une bonne bière. Belge cette fois.

            Sosie de Lebron James, Jerry a un talent caché, la guitare. Quand on s'est quitté il m'a d'ailleurs convié à venir l'écouter vendredi soir à Greenville au Ford's, le bar branché du coin. Déjà hâte d'y être.

            Il fait beau, pas trop chaud pour une fois, je crois que je vais aller courir. Demain, premier entraînement de rugby avec Stéphane. De l'autre côté de l'Atlantique, il fait nuit. L'écho des Nuits Sonores résonne encore dans les ruelles du Vieux Lyon et les ivrognes doivent être en train d'investir la place des Terreaux. Je pense à toi Céline.

Pierre

 

           

 

 

V

 

27 juin. 21h49 (GMT+5)

De : pierre63@gmail.com

A : celine.dartic@yahoo.com

Objet:                                               Une grosse bande de potes

           

            Ce n'est pas vraiment un terrain, il faudrait mieux parlé d'un vague carré d'herbe. Mike essaye désespérément d'y tracer des lignes. Peine perdue. Cette équipe est incroyable, il y'a de tout : du grec, de l'irish, du bosch, du français, du sud-af, du kiwi et de l'afro qui s'est fait virer du foot US. Y'a du patron de PME, du livreur chez UPS, de l'étudiant, du serveur à l'Irish Pub, du policier, de l'ingénieur, de l'ouvrier à la chaine, du chômeur, de l'ancien pro du ballon ovale. Une grande famille de rigolards qui se tape sur la gueule, s'arrache les poumons dans les séances de sprint et ne rate jamais une occase pour glisser une blague salasse. Bref, une équipe de rugby.

            Le coach est irlandais, son petit bouc roussi sur la pointe et la vague odeur de Guinness qui l'entoure ne permettent pas d'en douter. Entre chaque exercice il réunit l'équipe pour un briefing où le mot « f**king » apparaît au minimum deux fois dans chaque phrase. Parfait pour mon vocabulaire encore un peu faible.

            Je sors de la douche là, mes épaules couinent encore à cause des tampons de ces types qui m'ont tout de suite accepté comme l'un des leurs sans même savoir qui j'étais, sans  même connaitre mon histoire. Je les aime déjà. Les blancs de poulet cuisent dans la poêle, ma casserole en inox que j'ai déjà bien noircie attend les spaghettis. J'ai retrouvé un club, j'ai trouvé des copains.

            De l'autre côté de l'Atlantique il fait nuit, et je revois les matchs interminables à Saint-Flour ou à Riom, les tournées dans le Gers, les troisièmes mi-temps où tu venais le plus souvent possible pour contrôler mes débordements. Tu me manques.

Pierre

 

 

VI

 

29 juin. 01h07 a.m. (GMT-5)

De : pierre63@gmail.com

A : celine.dartic@yahoo.com

Objet:                                                Soul Brother

            La tête me tourne un peu, j'aurais dû m'arrêter après le troisième Rhum-Coca. Mais je ne pouvais pas laisser Jerry boire tout seul. Cela ne se fait pas. Je suis encore assez lucide pour te raconter ma première soirée « Downtown ». Dans deux heures je ne sais pas si j'en serais capable

            Je suis arrivée ici au Ford's vers 21 heures. IL n'y avait pas grand monde, si ce n'est deux-trois musicos déjà bien chargés qui faisaient les balances et sortaient quelques vannes dans le micro pour faire sourire la serveuse, une jolie blonde timide qui se réfugiait derrière une pile de verres à essuyer. J'ai trouvé Jerry au fond de la salle. Il a tenu à me présenter tout le groupe. Les Folk Angels sont cinq : Denny, le batteur, un rastafari énergique qui fait tournoyer ses baguettes comme les saltimbanques des Médiévales du Puy ; Kingsley, le trompettiste, digne descendant de Louis Amstrong que Jerry m'a avoué avoir déniché dans les bas-fonds de Bourbon Street un soir d'égarement à la Nouvelle-Orléans ; Barney, génial saxophoniste quinquagénaire, le seul blanc de la bande ; Jerry à la guitare bien sûr et enfin Mira, la diva, envoutante panthère noire à la voix orageuse, la Tina Turner de Greenville.

            Le Ford's s'est rempli doucement. Je sentais la fièvre monter en moi, comme un flot de souvenirs difficiles à contenir. Les jeunes cadres au col blanc et les collège-girls court-vêtues prenaient possession des lieux. Ca parlait fort, ça riait, et les premières pintes de Miller Lite coulaient.

            Tout est allé très vite. A peine une heure plus tard, les Folk Angels faisaient danser tout l'établissement. J'en étais déjà à ma quatrième pinte. Sous les arcades boisées, Jerry et consort s'en donnent toujours à cœur joie. Ils sont incroyables.  Les musiciens font le show devant la foule en délire. Mira couvre les cris aigus des groupies surexcitées de son timbre puissant, une vraie lionne. On frôle l'extase, cette puissante jouissance collective que je n'ai pas ressentie depuis presque dix ans. Depuis mes concerts au Wheelie à Clermont. Un autre temps, une autre époque.

            Je sais déjà ce que tu vas dire. « Souviens toi de toutes ces années, de toutes les souffrances. Je t'en prie. Ne replonge pas ». Ne t'en fais pas, j'ai tiré un trait sur les excès, sur la musique, sur tout ça. Stacy, la serveuse blondinette un peu timide, vient de nous servir une troisième tournée. C'est la dernière, le groupe va bientôt remonter sur scène.

            De l'autre côté de l'Atlantique, il fait encore nuit pour quelques. L'aurore va venir chatouiller tes cheveux châtains. Tu vas froncer le nez, cette moue délicieuse que j'aime tant, et enfoncer ta tête dans l'oreiller. Je peux entendre d'ici ton « laisse-moi dormir » lâché dans un soupir. Je pense à

            Ah. Jerry me propose d'aller chanter.

            C'est tentant.

            Mais j'ai promis.

            Je t'ai promis.

            …

            …

            Allez, juste une.

 

 

 

 

« Vous n'avez pas modifié votre message depuis deux heures. Il sera automatiquement enregistré en tant que brouillon ».

 



 

Signaler ce texte