déboires du net (1)

Lolita Denoual


J'ai sympathisé avec un internaute sur un forum d'écriture, on a commencer par se disputer ( un truc stupide sur la classification de la bit lit dans les genres littéraires ou quelque chose comme ça) avant de s'échanger nos romans et se lancer dans un projet commun... De fil en aiguille, on est passé au mail, puis au sms, puis au vocal et alors les choses entre nous ont prit un tour plus du tout littéraire... Tout cela en l'espace de quelques semaines.

Il me ressemblait en tout point, d'une manière si troublante qu'il m'appelait son âme soeur, nos opinions, nos goûts, nos attentes,on s'est raconté nos vies, on a partager des choses très personnelles, des secrets évoqués avec personne d'autre mais voilà, on avait beau avoir échangé nos photos, cela restait du virtuel. Il a alors commencer à organiser notre rencontre, le voyage depuis l'autre bout de la France, l'hébergement...

J'irais le voir à son hôtel et.... Stop !

Il m'envoie des centaines de SMS par jour, reste 2 heures au téléphone avec moi chaque soir, il me parle en travaillant dans la journée, me réveille chaque matin avant d'aller bosser et m'accompagne jusqu'à que j'aille me coucher. Je suis fatiguée, je ne peux pas lire, ni regarder la tv ni faire les courses, ni me doucher, ni faire quoi que ce soit sans avoir mon portable à la main, autant dire que je n'ai pas le temps de me détendre ni faire quoi que ce soit correctement.

Je lui ai expliqué que j'avais des problèmes avec ma famille, il m'encourage à la quitter, il évoque ses enfants, me demande si j'en veux, si je serais prête à m'occuper des siens... 

J'ai 21 ans, il en a 36, je n'ai pas encore vécu, il a déja eut plusieurs vies, je commence à me sentir piégée.

Je ne voulais pas tout cela, je voulais écrire avec lui mais je me suis dit que si ça débouchait en plus sur une amitié c'était bien.

Ensuite c'est devenu de l'amitié ++ et il a fait comme si l'idée venait de moi sauf que j'avais très peu d'expérience et commençait à me sentir un peu dépassée, je l'ai envisagé un moment, le sex friend c'est le petit ami sans les inconvénients ! Pas trop d'attentes, de pression, enfin en théorie.

Sauf que voila, je suis tout sauf assez stupide pour allez rejoindre à l'hôtel un quasi inconnu rencontré sur internet... Un peu seule et un peu en manque, il faut l'avouer, j'ai tout de même réfléchit au comment assurer ma sécurité au cas où, une amie qui viendrait me sauver si le prince charmant se révélait Dexter mais non, en fait... Je ne suis pas prête à cela, je veux dire le sexe entre inconnus, dans ces circonstances, cela fait soit salope, soit désespérée... Mais comment l'expliquer à Roméo ? Il est archi sérieux, c'est limite si il ne parle pas mariage, ça va trop vite, l'enthousiasme du début est vite passé et je me sens étouffée. Il parle en romantique, j'ai horreur du romantisme, je préfère éviter les grands mots dans une relation de longue haleine alors avec un quasi inconnu...Notre unique intermède  téléphone rose m'a plus crispée qu'excitée, c'est l'impasse, je ne sais plus comment freiner les choses.

Etant la plus jeune des deux, j'estime que cela n'est pas à moi d'être la voix de la raison. Quand j'ai commencé à vouloir trouver des excuses pour éviter de lui parler, j'ai compris que j'avais besoin d'une pause, je le lui ai expliqué par sms, mais voilà j'ai trouvé la pause délectable, plus de réveil matinaux, plus de harcèlement téléphonique alors que j'essayait désespérément depuis une semaine de finir le premier chapitre d'un livre, ce qui en somme ne m'étais jamais arrivé, un livre d'ordinaire me fait rarement plus d'une soirée... Mais bref, les jours passant, je n'ai aucun désir de reprendre le contact. Il faut bien l'avouer, il a respecté cela et ne m'a plus embêter. Enfin après un bon moment, j'ai eut droit à un gentil sms mais je ne répondit pas, il commença à comprendre et devient moins compréhensif, je ne répondit toujours pas. C'est que voilà, un sms en appelle un autre, puis un autre, je sais que si je lui réponds, j'en ai pour un moment à m'en débarrasser. Il a laisser tomber et j'ai cru que c'était fini jusqu'à qu'aujourd'hui je trouve un message de sa part sur le forum d'écriture...

Sincèrement, je ne suis pas très à l'aise avec tout cela. Je sais qu'il est plus honnête de dire les choses clairement plutôt que jouer les muettes mais éviter les conflits est pour moi une seconde nature, appelez ça lâcheté ou hypocrisie, je suis comme cela.

Je ne sais pas trop dire non et j'ai tendance à dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre. Vu que je me déteste quand je mens, j'ai décidé il y a un moment de garder le silence plutôt que de mentir comme une arracheuse de dents afin de garder intact le précieux ego de mes interlocuteurs. Quand je dis que j'aime un poème c'est que c'est vrai, dans le cas contraire, je ne m'embête pas à commenter^^ 

Ce monsieur m'a parler de ses malheurs et a commencé à trop se reposer sur moi, je ne suis encore qu'une gamine et j'ai mon lot d'emmerdes, je ne peux pas me permettre de devenir la bouée de quelqu'un, je préférerais quelqu'un de suffisamment équilibré pour me soutenir et malgré ses affirmations, j'ai vite compris qu'il ne serait pas du genre soutien, plutôt du genre à vous tirer vers le bas...

Je pense qu'un couple doit être constitué d'éléments opposés dont les failles et les atouts se complètent, deux rêveurs asociaux, avec une tendance à la déprime et une famille merdique ne risquent pas de s'apporter grand chose de bon. En fait je ne veux pas d'un petit copain ( voir sex friend plus haut) encore moins d'un mec qui m'appelle âme sœur et envisage le long terme, miséricorde ! Je pense qu'il est difficile d'aimer et de construire quelque chose quand on est pas bien dans sa peau ni dans sa vie, la vieille rengaine du " il faut s'aimer soit même..." Donc je suis une garce qui a brisé son pauvre petit coeur d'artichaut et je crois qu'il ne compte pas me laisser l'oublier de sitôt...

Morale de l'histoire :

1 A l'internaute, tu ne donnera ton numéro 

2 Coeur d'artichaut n'est pas homme pour toi, un mâle viril et bien dans sa peau il te faut chercher



 


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