Début du chemin (2)

petisaintleu

Une voix intérieure l'incita à poursuivre son chemin pour laisser derrière lui sa patrie et ses parents. L'intuition qu'il fonderait une nation l'animait. Même son nom deviendrait une bénédiction, un totem, une protection révélée pour les lustres à venir. Sa compagne Anaïs l'accompagnait, rencontrée lors de son étape précédente. De leur union, il devint père de Lothaire. Ils arrivèrent en un pays où seules les oasis qui longent le fleuve et qui apporte son limon permet à ses habitants de survivre, quand les canicules leur laissaient un répit. Elle était d'une telle beauté qu'ils décidèrent de la faire passer pour sa sœur, de peur que les envieux ou les jaloux ne détournent leur frustration en  un courroux létal.

Sa réputation ne tarda pas à se savoir en hauts lieux. Une franchise virginale l'habitait. Elle fascinait par son teint laiteux inédit là où l'étoile, déifiée sous les traits du dieu soleil, avait bronzait son peuple pour l'éternité. Après que ses sbires eurent joué aux rabatteurs, un cacique se prit d'un amour proportionnellement opposé à la crainte qu'il inspirât. Dans les contrées où la pluie est un miracle, les caractères lunaires sont légions. Il fut prodigue pour Sigmond en lui offrant bien plus que les quelques heures arrachées des liens qui l'unissaient à sa dulcinée. Le pot aux roses fut découvert le jour où il la demanda en mariage. Ils reprirent la marche.

Que se passait-il en son for intérieur ? Un étrange mélange d'impulsion, de culpabilisation et l'intuition qu'un être intérieur cherchait à entamer un dialogue depuis des mois. Trop habitué à ne pas se raisonner, il ne savait pas s'il devait lutter ou se laisser guider. Ça lui vrillait la tête, oppressait son plexus solaire et lui donnait des nausées. La nuit, il faisait des rêves qui se chevauchaient ; un kaléidoscope où se mêlait son passé peu glorieux, un vieillard barbu à la voix calme qui ressemblait à son père et toujours la route, en tout temps et en tous lieux. Un matin, au réveil, alors qu'ils séjournaient dans une auberge borgne habituée à recevoir les damnés de la terre qui, pour quelques sous, trouvaient de quoi se nourrir et se loger, on frappa à la porte de la chambre. Par prudence, il n'ouvrit pas. Il s'agenouilla en retenant son souffle et tenta de discerner les chaussures du visiteur. D'expérience, il savait que ce sont des indices précieux qui sont le reflet d'une personne. Trop lustrées, elles reflétaient l'hypocrisie, la fatuité et un esprit à coup sûr étroit. Trop crottées, elles étaient le signe d'une âme qui ne voyait dans son quotidien que la fatigue d'entamer une nouvelle journée. Entre ces deux extrêmes, toute la déclinaison des souliers se côtoyait, des élimés qui s'accrochaient à leur jeunesse aux chaussures neuves déjà usées de butter contre des cailloux trop hauts pour des corps fatigués. Là, il ne vit rien, pas l'ombre d'une ombre. Son oreille détectait pourtant un souffle et le moindre de ses cils se dressait face à l'inexplicable qui se trouvait à un pied, un monde d'inconnu séparé d'un simple vantail.

La nette sensation qu'il n'y était pour rien le frappa. Il se redressa à une vitesse dont l'accélération ne tenait en rien de la mécanique humaine. La peur fait quelquefois la belle à un ressort bien plus puissant, l'intuition qu'il serait fatal de laisser échapper son destin. Comment expliquer qu'en face de lui les ténèbres dessinaient un contour ? Il renvoyait au sol un éblouissement que même la plus radiative des boules de feu n'aurait pu rendre. Un timbre métallique, qui hachait ses phrases de manière monosyllabique, lui dit alors : « Tel que tu me vois, je te le dis. Je te laisse jusqu'au crépuscule pour quitter cette ville. À la nuit, elle deviendra l'image de ce que tu vois de moi. Quand la furie s'y déchaînera, souviens-toi qu'elle ne sera que le miroir de ces bas-fonds qui ternissent la beauté, la joie et la candeur souillées les acolytes de ton espèce. Mais toi, fils de Joshua et de Mathilde, humbles parmi les humbles, je te propose le pardon. Que tu deviennes le Témoin. »


À suivre ...

  • Je t'avoue que moi, j'ai du mal à le suivre ce chemin et que je me perds carrément glups aie sorry ....

    · Il y a environ 10 ans ·
    Ange

    Apolline

    • Tu peux mais pourquoi ? Le sujet ne t'intéresse pas, le style ?

      · Il y a environ 10 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

    • Perdue dans le temps, la période, pas de repères, le fil conducteur pas assez mis en valeur. Peut-être des phrases et des images trop "lourdes" trop réfléchies.... enfin c'est ce que je ressens. J'aime bien la simplicité et la fluidité et je ne m'y retrouve pas... Mais si d'autres aiment, tant mieux...

      · Il y a environ 10 ans ·
      Ange

      Apolline

    • ok. Laisse moi un peu de temps pour développer. Ce ne sont plus des chroniques mais l'entame d'un roman.

      · Il y a environ 10 ans ·
      Cpetitphoto

      petisaintleu

    • L'important est que cela te plaise surtout ;)

      · Il y a environ 10 ans ·
      Ange

      Apolline

  • Oui mais il est ouvert à tous ...

    · Il y a environ 10 ans ·
    Cpetitphoto

    petisaintleu

  • Il est long le chemin... Kiss

    · Il y a environ 10 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

  • J'aime beaucoup te suivre sur ce chemin...

    · Il y a environ 10 ans ·
    Couv2

    veroniquethery

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