Déchéance et plume acérée...

Ce jour d'hui je m'égarai en un lieu de perdition nommé « forum ». L'endroit connu pour débattre de sujets brûlants arborait un article haut en couleur et plein d'humour sur la « Déchéance de nationalité ».

Suivaient des avis plus ou moins éclairés sur la pertinence de la dite déchéance.

Céans, avec l'humour que vous me connaissez, me voilà à entrer dans l'arène des débats. Mais non, pas à mettre de l'huile sur le feu, m'enfin quel est ce soupçon ? Vous me scandalisez cher lectorat… et me peinez ! Je sors derechef mon kleenex et tamponne sur mes joues friponnes mes larmes de crocodile. Pourquoi friponne, me direz-vous ? Une envie subite voilà tout de rimer avec tamponne.

Bref, je titille et envoie le premier appât :

« Un être humain tue un autre être humain. Solution : le déchoir de son statut d'être humain… !??? Idée balancée au cours d'une conversation tendue sur le sujet. Gros blanc puis réaction d'un pro-déchéance : « Mais ça n'a rien à voir ». Ouais, sauf que ça aurait le même résultat, le meurtrier n'en n'aurait toujours rien à cirer : sa « vérité » est ailleurs. »

Oui, j'assume, elle est de moi cette idée somme toute saugrenue et provocatrice mais si vous vous donnez la peine de vous penchez dessus… peut-être lui trouverez-vous quelques vertus… j'ai dit « peut-être » alors rangez les œufs et les tomates pourries !

Là-dessus, j'ai attiré l'attention affectueuse de l'archétype de l'intervenant, une terreur convaincue, qui avait déjà tartiné le lieu de la force de convictions très engagées (je n'ai pas corrigé les fautes de grammaire et d'orthographe, pour garder la fraîcheur de l'instant intacte) :

« Remplace meutrier par complice et va activer tes deux neurones qui te reste a force de fréquenter le soit disant ‘camp des saints'…Oui ce genre de loi n'est pas la pour condamner des gens qui se sont déjà fait péter la gueule ou qui s'en tirerraient pour perpet.
Ca permettrait aussi de virer les complices qui financent ou fournissent un peu de logistique, et qu'on ne pourrait garder en taule ad vitam eternam.

Et ca n'a rien de fasciste. (va voir aussi la définition du mot…) »

J'adore ce genre tacle et je joue sans protège tibia (c'est mon côté masochiste)… cela augmente ma verve et mon amusement. Bien entendu, comme souvent, mon intervention lue en diagonale m'avait attirée les foudres de la Terreur du jour. Je fus poussée à fourbir ma plume et je la trempai avec délectation dans le vitriol de ma pensée (oh que je suis méchante !) :

« Petite précision pour qu'il n'y ait aucune doute ! Meurtrier = complice ! Celui qui se fait sauter ou qui tire est le même que celui qui organise, aide, bourre le crâne…, et est aussi le même que celui qui juge de qui doit vivre ou mourir… tous coupables (c'est assez clair comme ça ou bien il faut que je développe?)
Mais alors : et les compagnies pétrolières qui achètent, sous couverture, le pétrole de l'Etat Islamique, ont leur fait quoi à elles ? Et ceux qui font le plein sans le savoir…ils arrêtent de rouler ?
Faudrait voir à reluquer plus loin qu'un hochet appelé « déchéance de nationalité » et qui n'a pour effet que d'exciter les peurs et focaliser sur un seul aspect d'un problème beaucoup plus vaste.

Et pour en rajouter une couche, histoire de souligner un autre aspect de votre réponse :
– Le camp des saints ? Connais pas, et pas la peine de me passer l'adresse, pas intéressé…
– Deux neurones bah c'est toujours plus que la personne qui me les attribue et juge… sans trop se creuser la tête pour comprendre la portée des mots qu'il lit ou qu'il emploie.
– C'est tellement plus facile d'agresser immédiatement une personne qui ne partage pas votre avis, les tentatives d'intimidation c'est plus facile planqué derrière un écran n'est-ce pas ? Imposer une idée par la force et l'intimidation, ce n'est pas nouveau… (là, si l'allusion est trop fine, je ne peux rien pour vous) sauf que pour le coup ça ne marche pas sur moi la décharge agressive, vraiment désolé, suis hermétique à ce genre de comportement.

Pour finir, ça me fait bien rire les redresseurs de torts qui affirment avant de penser et qui oublient de poser les oeillères. Ok sous le coup de l'émotion, on peut se laisser aller parfois, je le concède. Cependant, chacun fréquente les idées dans lesquelles il se reconnaît et se complet. Les vôtres ne sont pas très difficiles à cerner cela dit, votre argumentaire manque de subtilité (voir la définition du mot si vous avez des doutes :) ).

Notez bien que j'adopte fréquemment un point de vue masculin car j'ai remarqué qu'il était plus facile de se faire alpaguer sur un forum quand on pense que je suis un homme… allez savoir pourquoi ?

Le jeu m'amuse, je l'avoue, et réveille chez moi une tendance un peu sadique, tendance que je prends soin de dissimuler avec mes proches, mais qui se manifeste en certaines occasions. Les tartines précédentes de cette personne avaient réveillé mes vilains côtés. Je n'aime rien tant que découvrir la personnalité qui se cache derrière des propos apparemment très convaincus, très engagés, établis sur des bases semble-t-il solides... D'une manière ou d'une autre, la personne se dévoile, il suffira de pousser le bon bouton. L'avantage de l'internet est de faire tomber les inhibitions, mais ça n'est pas toujours vrai : certaines personnes savent se comporter correctement en toute occasion, là se trouvent souvent des interlocuteurs intéressants.

Ma réponse, surtout là première partie, ouvrait de nombreuses pistes et possibilités de réaction. Qu'allait donc choisir mon interlocuteur ? De creuser le « vaste problème » et d'établir peu ou prou, sinon un compromis d'idées, un échange construit… Bien peu probable... ou bien préférerait-il une option somme toute bien plus instinctive et facile : la défense de son égo, de son territoire, que j'avais tout même largement piétiné (Oui, oui, je sais, ça n'est pas bien, je dirai trois Pater et deux Ave, je serai privée de chocolat).

Je fus quand même déçue par la réaction mais pas vraiment surprise… Terreur me citait puis :

Brein a dit « C'est tellement plus facile d'agresser immédiatement une personne qui ne partage pas votre avis »

Terreur a dit « Ce que tu fais avec ceux qui ne sont pas du tien qui est forcement le bon….sauf qu eje le fais de maniere frontale et honnete. Contrairement a toi. »

Zut encore un qui n'avait pas fait long feu. Mon interlocuteur n'avait pas la maturité supposée à la lecture de certaines tartines… L'heure de la mise en veille  était déjà arrivée… quelle déception, j'achevai le duo sur tutoiement :

J'ai du manquer un épisode là vu que je n'ai cherché à convaincre personne et que si je te cite : « .et va activer tes deux neurones qui te reste a force de fréquenter le soit disant ‘camp des saints'.. » et  « Et ca n'a rien de fasciste. (va voir aussi la définition du mot…)  »
pour la manière frontale ok t'es en plein dedans, mais « honnête » ça laisse rêveur…
Bref, je t'abandonne à tes convictions j'ai d'autres chats à fouetter :p

Pourquoi continuer et répondre, me direz-vous ? « Mais c'est lui qu'a commencé ! » Réplique digne d'une cour d'école de maternelle-primaire, voir d'un conflit fraternel, avec maman et papa en dignes arbitres. Et puis entre ça et arracher les ailes d'une mouche… Déjà il faut arriver à l'attraper, la mouche. Ensuite, niveau esthétique et propreté, cela ne m'enchante pas… et en hiver les mouches savent se faire rares et je n'ai pas d'élevage. Donc vous comprendrez que mon choix était limité… en plus l'ennui est le lit de tous les vices.

Et non, je ne fouette pas les chats, pauvres minous, seulement les humains bornés et trop certains de leur « vérité »… Passe-temps douteux, je le reconnais, mais très instructif !

Si vous êtes familiers des lieux de « discussion », virtuels ou non d'ailleurs, vous aurez remarqué que les « interventions » tournent souvent au vinaigre. L'un dit blanc, l'autre dit noir, le premier agresse le second de manière plus ou moins marquée, quand on ne passe pas directement aux insultes. Ou bien l'agressé se retire et se tait de suite car il ne supporte pas les conflits… qui les supporte d'ailleurs ? Sans parler des réunions familiales qui se transforment en champ de bataille et des membres querelleurs qui se tireront la tronche pour un bon moment et se garderont rancune quoiqu'il arrive…

Comment peut-on utiliser des « idées » pour agresser ? Et pourtant, nous en sommes tous victimes, coupables, témoins, chaque jour…

Le phénomène en action : une loi éternelle, la Loi du plus fort qui s'impose à l'autre de manière physique et idéologique. Et elle sévit partout et depuis toujours, jusque dans nos comportements quotidiens, ici et ailleurs ! Imposer son idée, ses convictions, ses préférences quelque soit le domaine… L'être humain est-il si pathétique qu'il ne puisse accepter la différence sous toutes ses formes, sans juger, sans critiquer, sans lutter, sans refuser, sans condamner, sans imposer… Le paradis perdu était-ce cela ? La capacité à accepter l'autre…

Euh… Oui, mais dans la mesure où il fait de même, l'autre, ne soyons pas naïf ! Et voilà qui fait entrer une énorme condition dans l'équation paradisiaque qui s'effondre dans les flammes infernales de l'égo humain.

Tout comme la Vérité n'est pas de ce monde, parce que chacun croit en sa « vérité », nous ne vivons pas dans un paradis mais nous créons le monde qui est le nôtre, à chaque instant. Nous, chaque individu, qui porte en lui, de par sa personnalité, ses croyances, sa culture..., la responsabilité de chacun de ses mots, de ses actions, à toutes échelles, sous toutes les latitudes… Comme le grain de sable et ses petits camarades forment la plage, tous différents et pourtant tous semblables de par leur nature. Puissants dans un chant à l'unisson, pitoyable dans une partition égoïste. Prenez un grain de sable dans votre main, il est tout, tout petit, riquiqui ! Et un humain seul, en comparaison de l'humanité tout entière, il est… Je vous laisse choisir le qualificatif !

Allez, laissez-vous aller en commentaire...

Triste conclusion ou pas, selon votre choix mais, comme le disait ce cher Albert (Einstein, de son grand nom) :

« La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c'est l'humour »

Alors rions les amis, tant que nous le pouvons encore.

Brein Milliner

Publié sur Jour J : https://despointssurlesi.wordpress.com/2016/01/13/decheance-et-plume-aceree/