Des pétales de songe jonchent l'oeil somnolent

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La paupière bétonnée se hisse avec effort, empesée de fatigue, de spleen, de rêves engourdis. La pupille comme un cœur palpite, s'affole à la lumière dans un battement d'ailes, rétrécit à vue d'œil pour ne devenir qu'une tête d'épingle qui perce le réel de sa noire acuité.

Le regard reposé finit par s'échouer sur un décor sans vie. BLANC. Murs. Chaise. BLANC. Aseptisé. L'air lui-même immaculé.

L'œil en est agressé et lutte comme un bon diable pour ne pas se clore. Mais les paupières sont fortes, subjuguées de vie. Depuis combien de temps sont-elles restées ainsi, inactives, fermées à triple tour, placidement immobiles, quasiment minérales? Depuis combien de temps le temps n'existe plus? Une horloge blanche indique bien une heure, mais laquelle? Du jour ou de la nuit? De quel jour de quelle nuit?

Alors les yeux se plissent pour distinguer les aiguilles de ce temps qui se bouffe. Les aiguilles comme des dents dans une bouche éternité. Avalent les secondes. Croquent chaque minute. Mastiquent toutes les heures.

La vue reste floutée. Sûrement trop de blanc, épais comme un brouillard, fumeux et silencieux.

Le regard se balade. Gauche. Droite. Haut. Bas. Blanc. Blanc. Blanc. La vie ici ne s'incarne que dans cette mobilité ophtalmique. Mécanique. Comme les aiguilles. Tic-Tac tic-tac.

Où diable es-tu?

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