Désordre est mon second prénom.

Une irrésistible envie d'écrire. De vous écrire, de t'écrire à toi, lecteur, ou lectrice. Envie de coucher mes sentiments les plus profonds, besoin de conter ma douleur, et de murmurer mon malheur. Tout à l'heure, les larmes m'ont monté aux yeux, l'angoisse m'a assailli la gorge. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Je ressens ça depuis quelques jours. Une envie aussi, d'en finir. Mais je ne le ferais pas, oh non messieurs dames, trop de fierté dans ce corps de jeune femme, et trop de lâcheté, aussi. Envie de vivre, envie de voir ce que me réserve l'avenir. Je veux savoir ce qu'il va se passer, je veux savoir si l'homme avec lequel je parle finira par tomber amoureux de moi, je veux savoir si mes examens seront bons, besoin de rencontrer tous ces gens.

J'essaye d'écrire, je le jure. Mais impossible, à chaque fois, j'écris puis j'efface. Et ce, tout le temps. J'ai envie d'entendre un "Je t'aime" tendre et sincère, envie de sentir un corps contre le mien, envie d'avoir le regard d'un homme sur moi. Non, stop. Arrêtons. Je n'y arrive pas. Ecrire n'est pas pour moi ce soir. Oh matelot, ramène donc cette femme au port, elle est folle. Oh putain, non, s'il te plaît. Pourquoi tout ça ? Bordel, mes pensées sont aussi ordonnées que la chambre d'un hyperactif de quatre ans.

  Ah, je n'en peux plus, c'est Bagdad dans mon crâne. Envie d'être enlevée, loin d'ici. Je ne ferais plus d'efforts, j'ai envie d'être désirée. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle attirance. Dieu du ciel, qu'on m'enlève ma cervelle. Je n'en peux vraiment plus, allez. Je frissonne. Il m'aime, à ton avis? Est-ce qu'il me trouve mignonne, séduisante, attirante, carrément sexy ou juste jolie ? Qu'on me dise, putain. Qu'on m'avoue tout. Je n'en peux plus de cette mascarade perpétuelle, de ce complot infâme. Ah, je ne sais même plus qui je suis. Une princesse ? Une roturière ? Une pirate ? Une femme de joie ? Une sorcière ? Une chatte de gouttière ? Au secours, pitié. Je vais m'arrêter là, déjà que personne ne va comprendre, mais au moins, j'aurais vidé mon esprit, au moins je me sens un peu d'avoir avoué toutes mes pensées.