DEUX AIMANTS
Christophe Paris
Jeff se sent comme un château sans subventions, ruiné, mais du bulbe avec sa façade bien décrépie. Lendemain d'anniversaire dans cette villa piscine louée par ses potes contre son gré. Fantôme affectif sur pattes depuis cinq ans, il a perdu son grand amour, lui qui trouvait l'idée grotesque. Une fois perdue cette autre, devenue moitié de cœur, moitié de corps, on ne donne plus on ne fait que prêter. Fini les nanas et bonjour le job en heures sup' histoire de bien s'anesthésier les neurones par l'action. Devant cet abysse existentiel et de peur qu'il s'y noie, ses copains avaient préparé la mégateuf de sa race qui déchire, avec pleins de filles à l'intérieur du dedans. Certaines elles aussi prises dans les mailles d'amours déçus, espérant refaire surface via un prince bouée de sauvetage.
Quarante ans et déjà de mauvais poil.
Hier quarante personnes, ce matin, lui tout seul, et un méga souk à faire boucler celui de Marrakech.
Migraine.
Les Mojitos c'est plus de l'âge de sa matière grise, aussi pâle qu'un cachet d'aspirine dépressif.
Regain de douleurs en pensant à cette bourge à gilet bleu et boutons en nœud pap', blonde peroxydée qui lui avait pourri sa soirée à intervalles réguliers par des discussions systématiquement contradictoires. Il l'avait bien cherché, en lui balançant qu'en dépit d'escarpins bien trop hauts pour elle, l'affublant d'une marche disgracieuse et instable, elle arrivait quand même à rejoindre le buffet et s'y empiffrer. Crime de lèse-majesté fréquent chez Jeff, qui prend plaisir à la muflerie avec ces jolies filles qui n'ouvrent jamais une porte, ne font pas les files d'attente en boîte et dont le décolleté grand ouvert sur deux obus vous explose un type en hochet version Beta.
Café...
Premier étage, direction la cuisine en fond de couloir après la salle de bain. Ses hémisphères en vrille captent une toux qui s'échappe de la salle d'eau. Jeff est soulagé, deux bras de plus pour jouer les Shivas d'intérieur. Alerté par le parquet qui craque l'inconnu de la salle deube' apparaît.
Jefferson avait la barre, il a maintenant les boules. C'est cette pétasse blondasse bourgeasse, maquillage tout fondu. « Ça va ? » lui lance-t-elle. Dépit du quadra traduit par un « Ouais » laconique, bavé du bout des lèvres. « Si tu veux des croissants y'en a dans la cuisine, je me douche et je t'aide à ranger ». « Pas faim, café » répond Jeff qui se prend en retour de service « Oh tu m'en prépares un ».
« Nan, j'vais au troquet ». Caroline lui demande de l'attendre le temps de se préparer. Muffle man soupire qu'il patiente en bas en passant devant la salle de bain d'où il aperçoit Caroline et son gilet bleu, en plein démaquillage. «Vraiment pas glamour la fringue... » Pense le rustre une fois descendu. Mince le manteau. Il est là-haut dans le vestibule. Retour au premier pour le fâché de l'amour avec passage obligé devant la salle de bain toujours ouverte. Jeff trace droit comme un « I » sans tourner la tête. En revanche ses yeux trainent un peu et agrippent la silhouette.
Fini le gilet bleu.
Jeff fige.
Il aperçoit Caroline au travers de la vitre irrégulière de la douche. C'est en se baissant de dos à la porte que ses deux dunes d'en bas se collèrent à la paroi de la douche face au mal réveillé. Du flou à la netteté la plus crue s'en est trop pour Jeff qui déguerpit au rez-de-chaussée.
Putaiiin, le manteau, il l'a oublié. Inspiration, légers tremblements, accélération de la respiration, augmentation du pouls. Objectif, ne pas craquer. Fini les mensonges, trahisons, manipulations et autres saloperies.
Le cul ça l'a toujours mis dans la merde. Bien pensé mais peine perdue la porte est encore ouverte et Jefferson se fixe au même endroit, rendant les armes.
Caroline danse.
Nue, l a culotte enroulée sur elle-même jusqu'au milieu des fesses, un casque Bluetooth à donf sur les oreilles. Elle s'agite comme prise de spasmes frénétiques, jambes écartées les pieds ancrés au sol comme en danse africaine. Elle monte, remonte, donne des coups de bassin secs et nerveux d'avant en arrière avec un corps libéré de l'équilibre et de la morale. Ses bras sont bandés de muscles longs et fins, ses cuisses, tendues et solides. Elle explose sa crinière en tous sens dans une énergie presque atomique. Une bombe de peau brûlante, perlée des dernières gouttes d'une toilette qui bouleverse Jeff de sa douce sauvagerie.
De l'humain à l'animal, du civilisé au bestial.
Elle danse pendant que l'homme rentre en transe.
Métamorphose.
Ses yeux regardent différemment, s'agrandissent, passent en macro. Sa bouche s'assèche, sa gorge se serre, son cœur galope comme un cheval un soir d'orage. Le souffle se saccade, s'amplifie, son ventre se contracte jusqu'à la genèse de son émoi, pur-sang au désir indomptable. Les mains tremblent, le corps surchauffe, la mâchoire s'avance, se serre, les dents claquent d'impatience.
C'est l'heure.
Caroline vient de se retourner de trois quart en s'apercevant de la présence du quadra. Sans hésiter, elle lui envoie maintenant ce regard si caractéristique de celle qui va s'offrir, cet œil en coin, coquin et étincelant, qui ouvre sa porte à la volupté.
Jeff reste imperturbable ou plutôt interloqué. Caro s'avance lentement, avec une poitrine au galbe à faire rougir une main d'homme. Elle marche tout en fixant la boucle du ceinturon de Jeff qui peine à contenir un désir bien visible. Elle est près de lui maintenant, il lâche un « tu sais ça fait un bout de... ». La sauvageonne lui passe le bout de la langue sur les lèvres tout en lui serrant vigoureusement la face B, et colle sa tête sur la poitrine au bord d'imploser de Jeff. « Aimes moi au ralenti et après, prends tout mon corps ».
Retour au goût.
Retour au toucher.
Retour aux odeurs pour Jeff.
Le regard riveté sur celui de la belle il se sent béton, armé de vaisseaux dilatés dans une rigidité à la limite de la douleur. Elle le bouffe d'un regard avide, le saisi par l'entre-jambe et l'abaisse jusqu'à la sienne en s'allongeant sur le sol. Sans la quitter du regard, Jeff s'immisce entre les parois humides d'une vallée prête à l'accueillir. Il la pourfend de son tronc aux nervures exacerbées, lentement, jusqu'à la racine, et reste planté un long moment dans la chaude clairière. Le corps de Caroline ondule comme une légère houle du matin. Son corps s'ouvre, s'offre, les deux peaux se frottent, se collent, se salent, se détachent dans une fusion charnelle qui rend chaque caresse insoutenable.
Jeff n'est plus homme, il est sexe.
Le ralenti fait place à l'accéléré. Il sent cette vibration, ce tremblement de tout un être qui vient dans un feulement, si féminin et délicat qu'il en redouble d'ardeur pour le changer en cri. L'eau d'amour de caroline baigne son entre-jambe, tandis qu'il déborde des sens. Revanche, elle le met sur le dos et le monte. L'amazone s'agenouillant sur sa turgescence le chevauche tel un étalon que l'on veut mater. Elle plaque ses mains au sol, bras écartés, et galope à cru comme sur une plage déserte à en défaillir sur Jeff dans une violente ruade.
Les sueurs se mélangent, les corps plus encore.
Elle veut plus de lui.
Son lait.
Son lait d'homme que Jeff n'a pas encore déversé.
Elle veut qu'il prenne et noie tout son corps. Le remet debout, reste à genoux et l'en-bouche en fond de gorge. Happé par la goulue, Jeff abandonne son humanité pour laisser vivre son animalité. L'odorat change et les gestes aussi. Sans savoir pourquoi il bouche les oreilles de sa partenaire avec ses pouces provoquant chez elle de petits gémissements inhabituels étouffés par sa bouche visitée. Caroline est surprise et ses autres sens décuplés, elle ressent son axe comme jamais aucun homme auparavant. Concentrée sur l'appendice ferme et brûlant, elle éprouve les mêmes sensations qu'avec son entrecuisse. Soudainement elle se dégage dans un cri doublé d'étonnement. Elle vient de se découvrir une nouvelle gorge pendant que jeff, replié sur elle, accroché à ses cheveux, fait tout pour contenir son envie de lâcher prise. « Maintenant fais l'amour à mes seins, à l'horizontale, que je te sente dans mes côtes ». Toujours à genoux, elle pose chaque sein sur une main, bien à plat en l'étirant un peu. Jeff est mâchoire soudée et yeux exorbités devant cet improbable fessier. Il avance le bassin éxagérément, dard en proue, et passe à l'abordage de cette île à l'humidité tropicale.
Chaque impact de son mâle lui fait expirer un souffle qui commence à manquer à Caro. Jeff est à boulet rouge, et sur les ordres de sa blonde envoie son premier coup de semonce qui surprend Caroline par sa générosité, tant son visage et son corps en sont imprégnés. Elle se relève, saisit Jeff par les cheveux et lui demande de la nettoyer de son forfait. Sa langue s'exécute sans réfléchir et descend jusqu'à la vallée de sa fée pour y étancher sa soif de femme. Il se baigne le visage dans ces lèvres basses qui le trempent. Son centre d'homme reprend conscience à une vitesse vertigineuse sous les caresses de Caro qui s'assoie sur le banc en teck en face de lui. Elle ouvre grand les jambes et ramène la droite pliée sur le banc près de sa fesse à la verticale, sa fente d'amante toute offerte. Il s'approche, elle lui saisit le joystick des cinq doigts et le coince dans sa jambe pliée entre cuisse et mollet. Jeff tremble de troubles. De son pouce et index formant un cercle parfait elle caresse le gland d'un chêne d'homme qui ne cesse de durcir.
Le mâle replonge dans l'animal, il reste debout mais s'appuie sur les genoux de Caroline et commence son ballet amoureux d'aller en retours. Elle lui fait jaillir son torrent de vie dans sa cuisse en lui compressant le bout de l'appendice décuplant un plaisir retardé à dessein. Jeff en coule si fort qu'il manque de s'évanouir, elle grimpe alors sur sa cuisse pour s'y frotter jusqu'au silence d'un à bout de souffle.
Tout s'amplifie maintenant, se durcit.
Les mains ne caressent plus, elles étreignent, enserrent, empoignent. La bouche n'embrasse plus, elle mord, aspire, avale chaque goutte, chaque pore, chaque grain d'une peau en ébullition. Les murs volent en éclat plus rien n'existe, seulement deux bêtes en sexe. Elle lui demande alors de passer par ce sens si souvent interdit. L'amant fait corps avec elle dans cette position qui fut la première de notre espèce, l'encarcan de ses cuisses. Caro s'allonge en le gardant en elle, croise ses jambes aux mollets le séquestrant dans son étau d'amour, empêchant tout mouvement de forte amplitude. Jeff résiste, le forçat de l'amour saisi Caro par le bas des hanches, pose son front entre les omoplates de sa femelle pour y prendre appui et s'arque boute en allers retours. Après quelques instants Caro se retourne à demie et lui balance un coup de poing dans sa fesse droite. Le bout en train s'arrête sur sa jument d'un « Mais qu'est-ce que tu fous ? ». Elle le fixe du regard serre les dents et le frappe une fois encore. Elle en veut plus, le pousser jusqu'au bout de sa sauvagerie, de sa rudesse.
C'est pas son genre, pourtant Jeff part en feu de savane, accélérant comme jamais les coups de son bélier jusqu'au tréfonds de la chasseresse devenue proie. La peroxydée se fige dans un à bout de souffle, un à bout de son, un ailleurs stellaire. En le retirant de son cercle privé elle lui ordonne de tirer sa dernière carte. Face à face, tous deux à genoux, elle attise le volcan de Jeff de ses deux mains et lui demande de maculer son gilet bleu de sa semence d'homme.
Effet immédiat.
Jeff, le sang plus chaud que la lave s'abandonne dans une éruption multiple et puissante que rien n'arrête, pas même les pointes de cheveux de Caro se soulevant par endroit à chaque salve. C'est sur le dernier râle puissant de Jeff que les deux amants qui s'étaient repoussés pour mieux s'attirer à la manière de deux aimants entendirent, « Que personne ne bouge » découvrant deux revolvers braqués sur eux. Derrière les armes deux gendarmes jumeaux avec la même moustache mais le képi de côté opposé précédant les proprios de la villa.
Gêne.
Les flics dégainent un excusez-nous en expliquant que des voisins aux alentours les avaient alerté sur des cris effrayants provenant de la maison. Vifs bien que gendarmes ils comprennent alors la méprise, s'excusent, déclenchant l'hilarité des deux amants qui fit déguerpir tout le monde en moins d'une minute. Jeff venait de mettre fin au mauvais sort qu'il s'était jeté tout seul comme un grand en comprenant que d'une manière ou d'une autre l'homme ne sera jamais qu'un jouet pour la femme. « C'est sans doute mieux ainsi » pensa-t-il le jour de son mariage avec miss gilet bleu. Jeff le sait bien après ses 5 ans de sacerdoce sentimental, un homme seul est un homme mal accompagné.
alors j'ai lu , drôle pour moi, mais pas follement intéressant. Bravo pour tes prouesses littéraires en tout cas. Le problème de la porno-littérature c'est que plus on en dit, moins je trouve cela excitant une seule image recherchée et suggérée pourrait m'amener à l'orgasme. Tout ce qui est description imposée me fait imploser.
· Il y a plus de 9 ans ·j'ai par contre bien aimé la fin, le retour de l'humour, la conclusion à la fois sérieuse et pas sérieuse. Cela oui c'est réussi. Mais tu sais je suis qu'une vieille malgré mes airs d'adolescente! je parle pas de ma photo mais de mon écriture.
elisabetha
:) ah bah t de retour merci du passage et du com toujours pertinent je prends note de tout ça à ma décharge :) l'exercice était difficile mais je croyais m'en être mieux sorti :) bises content d'été relire
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
Jeff, le sang plus chaud que la lave s'abandonne dans une éruption multiple et puissante que rien n'arrête, pas même les pointes de cheveux de Caro se soulevant par endroit à chaque salve. Oups En fait mon chat s'appelle jeff..; je voyais donc Jeff comme un gros chat... Oups kissous
· Il y a plus de 9 ans ·vividecateri
Tu devrais lui lire et voir ce que ça lui fait :) bon celle là tu mets le doigt dessus si j ose dire mais je suis content car ça m'a fait beaucoup rire à écrire
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
Très fort!!! Encore!!!
· Il y a plus de 9 ans ·minuitxv
Merci t'es gentil j'aime tes points de suspensions :-)
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
;-)
· Il y a plus de 9 ans ·minuitxv
Géant. Je retrouve ce que j'avais déjà aimé dans peau de lumière. Une belle ode à la vie. A la sève. Merci.
· Il y a plus de 9 ans ·ellis
oh lala chuis gâté dcd note com tip top aaaaaaaaaaaaaaah merci de ton gentil passage.j'ai 90 textes de retard si tu es dedans je te lis bientôt :) merci encore bises
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris