Deux hirondelles

louzaki

Je pourrai te parler de mon envie constante de fuir. Je pourrai te parler de mon attachement imbécile à la vie. Mais pourquoi ne pas commencer au début? Au début de moi.

Moi, je suis petit. Je lis des grandes choses, j'écoute des grandes choses et je vois des grandes personnes. Chaque jour, ça continue, la valse plus ou moins rapide des grande choses qui me tournent autour. Mon grand père en fait parti. De ces grandes personnes. Lui, il écrit. Enfin, il a écrit. Tom me dit toujours qu'il faudrait en parler au passé, que là où il est, c'est comme si il était mort, que rien ne sera plus jamais comme avant. Moi, j'espère encore un peu. Je n'arrive jamais à arrêter, à me résigner totalement. Dans les murs blancs et l'odeur de vieillesse, mes pas résonnent étrangement. Sa porte grince, je franchis la barrière. Sur son lit blanc, les yeux à demi ouverts, il se tourne vers moi. C'est encore moi qui vais parler aujourd'hui. Lui, ne peux plus. 

Je pourrai encore te dire que je suis désolé. Que je n'arrive pas à surmonter tout ça. Que j'ai l'impression que la vie m'écrase et que les gens se moquent de moi. Je pourrai te dire que je me trouve lâche et peureux. Mais je ne sais pas si ça te ferait quelque chose, si tu ne regarderais pas déjà par la fenêtre, à la recherche d'un coin de ciel bleu, habité par les hirondelles. Je sais que tu aimes ces oiseaux. Leurs mouvements dans le ciel me rappelleront tes pas de danse les nuits où nous ne dormions pas. Quand je rêve, parfois, je vole. Je passe au dessus des maisons, des prairies vertes, des animaux et des humains. Je vais vers les étoiles et je ne m'arrête pas. Elles passent à côté de moi, me murmurent des secrets et s'éteignent. Mon passage fait le vide, le noir. Mais quand je me retourne, Il est là. Celui qui peuple toutes mes nuits. Il est grand, immense, impressionnant. Il a un regard de feu et d'ombre. Voilà, je devais te parler des choses importantes et je m'égare... 


Chère Luise, excuse moi pour tout le mal que j'ai pu te faire. 
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