Dick (1,5)
eaven
Lui, il était pour une fois à côté de Christine, allongé sur le dos, les yeux grands ouverts sur l'azur, en train de jouer avec les petites particules en surbrillance qui se déplacent avec les mouvements des pupilles sur le ciel des journées claires. Des corps flottants, ça s'appelle. Depuis quelques mois, il avait décidé de rattraper son retard. Il se cultivait. Il avait une mémoire phénoménale. Il absorbait tout et n'importe quoi, chez le coiffeur, à la bibliothèque municipale. Il avait demandé à la bibliothécaire ce qu'il fallait avoir lu. Elle lui avait fourni une liste que des profs donnaient à des classes de seconde et de première pour la préparation du bac de français. Alors il s'y était mis, mais pas en vacances, les vacances c'est les vacances. Du cerveau.
Du coin de l'œil, celui qui balayait constamment la plage comme le faisceau vert du radar à meufs, il l'avait vue arriver. Ou plutôt, il avait vu les jambes. Les chevilles presqu'osseuses, les mollets aux couleurs de pain d'épice, lisses, satinés, juste galbés et les genoux fins à peine marqués. Il releva la tête. Elle s'était assise plus bas. Son dos était gracieux, sans saillie, il devinait les muscles le long de la colonne vertébrale. Elle avait relevé dans une grosse barrette rouge ses cheveux bruns ondulés, il s'arrêta sur la nuque convexe légèrement moins colorée que les épaules. Elle était en train de faire pénétrer l'huile parfumée bon-marché sur le haut et à l'intérieur de ses cuisses oblongues, le muscle droit fémoral saillant. Il connaissait certains noms parce qu'il allait à la salle de sport. Il devina les adducteurs bien marqués, à cet endroit parfois plus doux et plus soyeux qu'un sein.
Et d'un seul coup, il détala vers la flotte, le maillot mal remonté sur son petit cul blanc. Tu baises comme un lapin, t'as le cul d'un lapin (ça c'est l'auteur qui le rajoute). Il était temps, une érection du feu de dieu. Cette fille le rendait puissant, invincible. Il sortit la tête de l'eau s'ébroua comme une otarie et la mata. Elle était belle. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à penser. Il n'était pas le genre à s'envoler dans les sommets de la poésie fraiche. Un p'tit pipi, cinquante mètres de crawl parfait au cas où elle aurait regardé par là, aller-retour. Vérifications : maillot, moulant, pas trop, dessins géométriques discrets, le nez, propre, la mèche, vers la droite. Il sortit des vagues, pile dans l'axe. Il remonta la plage d'un pas élastique, envoya au passage deux trois gouttes sur la fille qui se redressa vivement, s'apprêtant à gueuler, il l'attendait, ralentit une seconde, lui dessina sont sourire de bébé félin, souffla « Tu penseras à moi, pendant que ça sèche » Elle n'eut pas eu le temps de protester, il était déjà plus haut.
Il se rallongea sur sa serviette, se retourna vers Christine, couleur jambon, totalement absorbée par Marie-Claire et lui dit avec un grand sourire :
- Elle est booonne !
Ses yeux retournèrent vers la fille et constatèrent qu'elle n'avait pas essuyé la grosse goutte d'eau tombée tout près du nombril rond et brun au milieu du ventre doré. Ça lui fit penser à un raisin dans une tranche de cake : après le dîner, il sortirait seul.
Elle était où la petite ?
- Ma chérie ? Tu t'ennuies ? Viens, tu vas faire une longue, longue promenade avec papa, au bord de l'eau, tu vois là-bas, loin, c'est le Club des Dauphins. Viens, on va aller les voir.
- Putain, Christine ! Tu laisses la gosse toute seule ! Elle s'emmerde avec son seau et sa pelle. Il faut que je fasse tout, ici, même la promener. Tu fais chier.
- Allez, viens avec papa, ce soir tu feras un gros dodo !
(à suivre)
Ce Dick bouge dans la vie un peu trop comme un poisson dans l'eau je trouve. Quand va-t-il tomber sur un méchant hameçon caché sous un joli petit ver de terre appétissant ? A suivre...
· Il y a plus de 12 ans ·wen
J'ai lu les deux premières parties de la nouvelle, les personnages y sont bien campés surtout ton Dick, bravo !
· Il y a plus de 12 ans ·j'espère retourner à la plage demain
sophie-dulac
Nous suivrons donc... les pérégrinations
· Il y a plus de 12 ans ·reverrance
c'est vivant comme la vie, ton histoire.... il y a les images qui se déroulent comme au cinéma.... quand je lis, c'est que ça doit être réussi.... sourire
· Il y a plus de 12 ans ·bleuterre