Disparue (24)

Louve

Héloïse est retournée à St-Palais, elle est toute à ses souvenirs lorsque...


Et puis, Héloïse se rappelait aussi ces petits moments pleins de drôleries comme la fois, où, sûre d'elle, elle avait affirmé que le temps, cet après-midi là, resterait magnifique. Elles étaient toutes les trois à se prélasser sur la plage de St-Georges,  mais le temps au bord de la mer peut changer en quelques minutes, et il avait fallu très vite se replier dans le café le plus proche. La pluie avait eu le temps de les tremper jusqu'aux os, mais elles s'étaient vite consolées d'un bon chocolat velouté et bien chaud.

Ce qui les avait fait rire, en fait, c'était la réflexion d' Héloïse qui avait soutenu que l'orage allait se déchaîner dans les terres, seulement dans les terres ! Depuis sa mère ne manquait pas une occasion de lui rappeler sa bévue :"Ah, mais bien sûr, c'est dans les terres! " Comme il ne faut pas grand chose, parfois, pour rire à gorge déployée ! Et tant d'autres petits évènements qu'Héloïse se rappelait avec tendresse.

Des petites touches de bonheur.

Héloïse venait d'atteindre la grande bleue, lorsque son portable vibra, ce qui la ramena immédiatement sur terre.

-Madame Fontaine, c'est Bienvenu à l'appareil, j'ai une heureuse nouvelle ! Votre fille est tirée d'affaire !

-Grâce à Dieu ! s'exclama Héloïse. Elle n'était pas croyante, mais c'était une expression qu'elle employait couramment, une expression qui venait de la nuit des temps, et qui faisait partie du vocabulaire de nombreuses personnes.

-Mais où est-elle ? balbutia t-elle.

-En sécurité, avec nos collègues, en Hollande, à Amsterdam plus exactement.

A Amsterdam ! C'était logique d'ailleurs, après les Ardennes, la Belgique, puis la Hollande.

Héloïse planait. Elle planait au-dessus des bois, de sa grande amie : la mer. Elle aurait embrassé le ciel, la terre entière. Sa fille, sa fille chérie était sauve et, elle l'espérait de tout son être : saine dans sa chair.

Elle reçut, comme dans un rêve, les informations de l'inspecteur, lui signifiant que Camille allait repartir pour la région parisienne dans les heures à venir. Dans un état second, à la limite de l'euphorie, elle avait traversé la grande avenue et s'était approchée des hauts rochers déchiquetés. En bas, c'était marée basse et de douces vagues léchaient la grande bande de sable où elle aimait tant se balader, pour enfin, tout au bout, près des carrelets, escalader la roche parfois glissante d'algues.

C'est alors qu'elle l'aperçut... la forme gisait, entre roche et eau, pauvre pantin désarticulé.

Fébrile, Héloïse composa le 17, puis, avant que les forces de l'ordre ne débarquent, elle descendit en toute hâte, sur le bout de plage. Elle resta cependant, à une distance assez respectueuse du corps, mais pu constater qu'il s'agissait d'une femme aux longs cheveux qui lui parurent roux, malgré l'eau mêlée de sable qui ternissait, quelque peu, leur flamboyance. Une femme, dont les vêtements trempés épousaient des formes parfaites et généreuses. Héloïse ne s'attarda pas davantage, car, au loin, des sirènes se faisaient déjà entendre. Elle songea qu'étant celle qui avait découvert cette malheureuse, elle ne pourrait prétendre rejoindre sa fille, mais, après tout, elle était rassurée, et puis on aurait besoin d'elle pour l'enquête à venir.

Deux voitures de police arrivèrent en trombe et s'arrêtèrent net presqu'aux pieds d'Héloïse, juste de l'autre côté de la piste cyclable. De l'une d'elles, elle vit alors descendre le commissaire Clément. Elle remarquait à présent sa belle prestance, mais c'était un homme qui, d'un abord assez froid, en imposait. C'était un chef, un patron ! Pourtant, elle ne se laissa pas intimider par le sourcil froncé lorsqu'il s'approcha d'elle.

Il y avait dans le regard de l'homme, comme un reproche. Etait-ce de sa faute si elle était le premier témoin du drame qui s'était joué là, tout en bas ?

-Madame Fontaine ? Ne devriez-vous pas être en route pour aller au-devant de votre fille ?

Héloïse sentit d'un coup, la colère monter.

-Je viens seulement d'être avertie ! répondit-elle plus sèchement qu'elle ne l'aurait désirée.

-Je vois...je vois, continua t-il, tout en continuant à la fixer de son œil noir.

Héloïse se sentait scrutée jusqu'au fond de l'âme et cela lui était extrêmement désagréable. Elle ne baissa pourtant pas son regard.

-Donc, c'est vous qui avez découvert le corps ?

Héloïse, agacée, faillit lui répondre qu'il ferait mieux de descendre avec ses collègues pour faire les premières constatations, mais naturellement, elle s'en abstient.

-Oui, c'est une femme, une femme aux cheveux roux, m'a t-il semblé !

Elle venait tout juste de terminer sa phrase, qu'elle réalisa soudain : des cheveux roux ! La compagne de Roman n'avait-elle pas cette couleur de cheveux ! Elle pâlit et vacilla.

-Que vous arrive t-il Madame ?

Le commissaire se fit soudain attentif, presque attentionné. Tout en la soutenant, il la fit asseoir sur un des bancs qui, tels des sentinelles, s'asseyaient en bordure des falaises.

Héloïse lui expliqua alors la terrible pensée qui l'avait traversée.

-Auriez-vous le courage de descendre avec moi pour vérifier ?questionna le commissaire.

Héloïse acquiesça. Il le fallait. Elle devait ôter de son esprit cet affreux doute qui la taraudait depuis quelques secondes... 

  • Quel talent ! au moment où l'on croit que tout est terminé, voilà un nouveau meurtre ! vraiment excellent !! CHAPEAU A RAS DE TERRE Louve !!

    · Il y a presque 8 ans ·
    Epo avatar

    Christine Millot Conte

    • Thank you Christine !

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • ..j adore ce talent inconditionnel....

    · Il y a presque 8 ans ·
    Image

    mery

    • Merci Mery et une bonne année, avec plein d'idées d'écriture !

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • Et c'est reparti ! Bonne pause Martine... Je vais continuer à soigner ma toux, qui dure depuis une semaine.

    · Il y a presque 8 ans ·
    Version 4

    nilo

    • Ou la la, soigne-toi bien alors nilo !

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • Oh ! J'aime comme l'histoire rebondit ! Et c'est reparti pour du suspense ! Mais jusqu'où nous mèneras-tu, Louve ? :)

    · Il y a presque 8 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Loin, très loin... aujourd'hui, je ne pourrais certainement pas en écrire on vient m'installer la fibre, ça va prendre du temps et Mercredi, jeudi je ne serais pas là, ça fera un peu de repos pour les lecteurs. Merci Sy Lou !

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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