Downton Ehbè

Hervé Lénervé

Une journée comme une autre chez les aristocrates débonnaires.

- Hum, hum... m'sieur l'comte ?

- Ah oui, mon brave Firmin. J'aime bien avoir les mains occupées, pour le bien du domaine, voyez-vous ? Je déterrais quelques pommes de terre, pour vous assister dans votre dur labeur sous-terrain. Allez, je vous laisse à votre tâche, à présent. Au fait, pendant que je vous tiens, comment s'appelle votre charrette à une seule roue ?

- Une berlouette, m'sieur l'comte.

- Alors, je vous emprunte votre berlouette, un tantinet de temps, j'ai encore de l'ouvrage à faire plus loin.

- Garde la mère ! Y m'a tout fourragé le potager, à c't'heure. Y cherche les patates dans les radis.

- Mé qué va faire avé la berlouette ?

- Pour la valse, y'a grand bal ce soir au château.

- Avec notre berlouette ?

- Oui ! Elle dit rin pour ses pieds.

Mais laissons dire la médisance des gens de peu. Non, monsieur le Comte ne veut pas danser avec une brouette, il a une Comtesse pour cela, chaussée de chaussures de sécurité. Il œuvre en secret à un projet pharaonique. Se creuser, sans aucune assistance domestique, une mare aux grenouilles derrière le grand noyer du parc. Là où, il avait échoué, l'année précédente, d'y planter un géranium. Mais cette fois toute la domesticité du château est bien décidé d'aider, leur bon maître, en allant creuser de nuit, pour lui et pour la grandeur de Downton Hébémongars. Ainsi tous les invités des familles royales pourront aller patauger à pêcher le têtard, mais quelle rigolade !

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