Drug Damnation

Juliet

Avaler des pastilles de poisonneux préjugés,
les travers de la liberté mise en gélule.
Choir l'enfer de ces rescapés mis en cellule,
attaquer la Bastille de ses gloires érigées.

Les goûts se meurent dans l'insipide.
Les fous se leurrent de vœux cupides
et entament des voyages déraisonnés,
puis s'enflamment dans des paradis erronés.

Des corps s'endorment,
d'autres se laissent obséder.
La mort se forme
dans les esprits dépossédés.

Et le Diable apparaît,
les lèvres fendues comme des portes entrebâillées.
La fable transparaît,
la fièvre tendue sur des mains que les nuits ont souillées.

La brume apaise les peurs,
et cache les taches de sang
laissées dans l'enfer des moiteurs
que crachent les rois impuissants.

Il n'y a plus de raison
là où l'on tue la saison
froide et amère de l'hiver,
quand on se perd dans ses travers.

Les molécules s'écoulent en cascades,
les couleurs fluo s'enfilent en rasades
comme des néons clignotants dans les veines
qui offrent une vie en rose au noir des peines.

Ça n'a pas plus de valeur que de saveur.
Et ça a cet air menteur des faux sauveurs.


Elle afflue dans l'organisme
et influe sur la conscience,


fait voir à travers le prisme
anesthésié de la science.

La fête est dépareillée
et des puzzles se décomposent.
La mémoire est déshabillée
des souvenirs aux airs moroses.


Demain, à vos réveils qui auront tout oublié,
le Diable veillera au creux de vos sabliers.

(écrit le 22 juillet 2011)

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