Du déchet à la trace

     Du déchet à la trace.

Les hommes laissent derrière eux des déchets que nous avons appris à trier. Certains ne sont guère ragoutants, d'autres sont carrément toxiques comme ceux que les pays occidentaux ont déversé, via les mafias italiennes, sur les côtes de Somalie , entraînant des maladies dans la population locale.

Mais d'autres sont des traces qui témoignent de la vie des hommes. C'est grâce à ces traces que les archéologues réussissent à reconstituer la vie de nos lointains ancêtres; nous savons que les hommes du néolithique qui vivaient sur nos côtes, mangeaient des huîtres car on a retrouvé des amas de coquilles près des lieux où ils vivaient.

Parmi ces traces, il en est qui font aussi voyager: c'est le cas de celles que la marée abandonne en haut des plages. On peut y trouver au milieu des algues et des bouts de filets de pêche, un sachet à thé avec des inscriptions chinoises, une  boite de conserve russe, une vieille planche portant un nom anglais. Ces objets jetés par dessus bord par un marin négligent ou arrachés à une épave par quelque tempête d'équinoxe, nous parlent de ceux qui vivent loin au-delà des mers, avec d'autres langages et d'autres habitudes.

Certains souhaiteraient que les plages soient débarrassées de ces laisses de mer qui font tache dans la conception moderne de l'hygiène et de la propreté.Je les regretterais pour ma part.Ces trouvailles inattendues , qui pour certains ne sont que des saletés à éliminer, m'évoquent le vaste monde et des hommes qui y vivent .J'ai aimé par exemple ce vieux sac découvert par ma fille alors qu'il était enfoui dans le sable . C'était, d'après les inscriptions très lisibles qu'il portait, un sac de malt qui venait du Canada et devait être livré à Yokohama au Japon...Que lui est-il arrivé pour qu'il vienne échouer sur une plage bretonne? Mystère. Mais de tels objets font travailler l'imagination et l'on peut inventer bien des histoires à leur propos.......