Du sable dans les moules
tifer
A la manière de ...
Chapitre 1 – Vas-y Nénesse !
Le gars qui m’aurait dit que je me trainerais sur les bords de la Seine, un dimanche matin à l’heure ou le bourgeois batifole avec sa bourgeoise, je lui aurais refilé un biffeton pour qu’il la ferme ! Il y a pas à dire, trainer ses miches, le long le Seine, un dimanche matin de novembre, c’est pas joyasse ! Elle charrie, la Seine ! Elle en fait des tonnes ! Elle est aussi belle à regarder qu’une vache laitière anémique ! Et, la commissaire SaniaTonneaut, je peux vous dire, lecteurs, qu’elle s’y connaît en agriculture ! Une enfance à faire tartir comme les vaches à rezieuter les trains qui passent depuis la petite maison de garde-barrière du paternel.
Quand je pense qu’à cette heure, mon Jules, serait en train de se beurrer la motte avant de me refiler les tartines ! Et qu’on ferait une petite partie fine juste après ! Seulement, voilà, de Jules, il n’y en pas ! Au désespoir du paternel, mais pas du mien ! Vous me voyez,, moi, la commissaire Sania Tonneaut, l’as de la brigade, la perle du Quai, n’en jetez plus, la coupe est pleine, avec un Jule gagne-petit et une tripotée de mouflets ! Il manquerait plus que les bigoudis pour finir le tableau ! Faut dire que je suis pas mal roulée ! Grande, blonde, et juste de quoi se faire enquiquiner le soir par des charlots en mal d’amour !
Donc, Pantruche, à cette heure, on dirait plutôt un désert gris qui serait privé de dessert ! Et dans le coin, même pas un bistro où je pourrais caler mon cul sur la moleskine ! Pas un rade à l’horizon ! Avec ce qui tombe, je risque pas de me retrouver en cale sèche ! Mon imper dégouline depuis belle lurette et mes escarpins sont aussi secs que deux éponges dans leur bassine de vaisselle ! J’ai plus un poil de sec ! C’est juste qu’à force de me faire rincer, je ressemble à une serpillère que la bignole aurait oublié d’essorer !
C’est qu’à cette heure tardive de la nuit, faut bien vous mettre dans votre petite tête que tout est relatif dans ce bas monde quand on a découché, la commissaire Sania Tonneaut, elle se serait bien jeté un petit kawa calva dans le buffet ! Avec plus de calva que de café ! Histoire de se réchauffer le valseur qui commençait à se refroidir sérieusement !
Plutôt que de risquer la fluxion de poitrine, autant s’arracher de cet endroit lugubre. Sania, c’est pas ici que tu pourras réchauffer ton petit corps tout en beauté ! Je ne sais pas si vous l’avez bien compris, je suis plutôt gironde, comme on dit à Bordeaux ! Un beau brin de fille comme l’a dit le docteur à ma naissance à ma pauvre mère avant qu’elle passe l’arme à gauche ! Commencer la vie comme orpheline, c’est pas de la tarte, mais le paternel a veillé au grain pour élever sa petite poulette ! Jusqu’au moment où j’ai volé de mes propres ailes !
J’ai beau me faire mal aux yeux, pas un taxi à l’horizon ! Je me maudis intérieurement d’avoir échoué dans ce coin où je dois être la seule à m’aventurer ce dimanche ! Il me reste plus qu’à user de mes pinces pour foutre le camp ! C’est pas que je suis contre le sport, mais avouez qu’un dimanche matin, c’est pas le moment qui convient ! Surtout que mes escarpins et ma jupe ne sont pas taillés pour la course !
Vous n’allez pas me croire, mais pile au moment où je m’apprêtais à user de mon plus beau sourire pour circonvenir le premier quidam à vélo ou dans tout ce qui pouvait me faire faire un bout de chemin, voilà, un G7 qui s’arrête pile devant moi !
J’ai beau être rincée de partout, j’ai quand même la cervelle au sec ! Ca carbure à toute berzingue dans ma petite tête ! T’emballe pas Sania ! Le hasard,, moi, j’y crois pas ! Le temps de vérifier que mon soufflant est bien calé à la bonne place, je sors mon plus beau sourire et je m’affale dans la charrette. Vous ne pouvez pas savoir comment ça requinque de se retrouver au chaud, le cul enfoncé dans le siège moelleux d’un taxi parisien !
Je reluque le gazier qui me sert de chauffeur ! Il a l’air aussi franc qu’un concombre cuit ! La gapette de traviole et des lunettes noires sur le pif ! Il a des mains comme des enclumes et une cicatrice qui lui décore la joue droite.
- Alors, ma petite dame, je vous fais visiter Paris ? Moi, c’est Nénesse …
- T’emballe pas Nénesse ! que je lui balance. Tu vas me conduire bien gentiment dans un coin où il y a un rade d’ouvert ! Faut que j’écluse un kawa, si tu vois le tableau ! je me caille mes miches dans ce trou à rat ! Démarre et t’as pas intérêt à me reluquer de trop près où tu vas te retrouver avec ma droite sur ton pif ! Je voudrais pas esquinter tes jolies lunettes ! Surtout que t’as du te les faire refourguer dans un moment de désespoir !
- Prenez pas la mouche, ma petite dame ! Je disais ça pour causer ! Juste pour entamer la conversation ! Histoire de voir et de faire connaissance !
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le nombre de gonzes qui se croient intelligents sur cette Terre quand ils rencontrent une belle poupée ! Ca finit par me foutre en rogne de se faire draguer par le premier venu ! Je dis pas que je suis contre, mais franchement, il ya des limites à ne pas franchir ! Ca me refile le bourdon, vous ne pouvez savoir comment ! La commissaire Sania, elle est pas bégueule, mais elle attend un minimum de délicatesse de la part d’un mâle qu’aurait pas une tronche de premier communiant !
- Démarre et occupe-toi de ton cul ! Tu vas me conduire bien gentiment et il n’y aura pas pétard !
- Bien, M’dame ! Et pour la conversation ?
- Pour la conversation, tu la fermes et on sera quitte !
La charrette du lourdingue démarre mollement. J’ai juste le temps de m’apercevoir que le gars à l’air réglo avant de m’apprêter à plonger dans les bras de Morphée quand, je sens coincé entre les deux sièges un bout de carton. Machinalement, je le prends et là, fini l’envie de piquer un petit roupillon ! Je reluque discrétos mon chauffeur. Il n’a pas l’air d’avoir remarqué quoique ce soit de mon manège ! Il se cramponne au volant comme un croque-mort sur un cadavre, l’air de ne pas me reluquer en coin !
Sur le petit bout qui n’est pas déchiré, je déchiffre d’une grosse écriture au crayon de papier : Commissaire Sania To … A desc… le plus vite … Dang …
Faut pas être sorti major de Saint Cyr pour comprendre qu’il y a urgence !
Je palpe mon flingue qu’a pas quitté son berceau toujours bien au chaud ! Et je donne un coup de projo sur le dehors. Avec toute cette sauce qui tombe du ciel, j’y vois que dalle, mais assez pour me dire qu’on n’est plus dans Pantruche, mais dans un coin qui sent bon le traquenard !
- Dis-donc Nénesse, faudrait voir à te remettre dans le droit chemin parce que sinon, il va t’arriver des bricoles !
- Ah, Madame est réveillée ! Encore un peu, et tu roupillais jusqu’à la livraison !
- Tu t’égares, Nénesse ! Il va y avoir du grabuge dans ta caisse et je vais te garnir le buffet d’un peu de plomb pour de te lester la panse !
Je sais pas pourquoi j’y balance cette phrase ! C’est certainement pas pour lui coller la trouille vu qu’il est gaulé comme un coffre-fort le Nénesse ! Juste que le premier truc qui me passe dans le crâne. Si j’avais la moindre idée de ce qui allait m’arriver, je vous jure que j’embrasserais sur la bouche celui qui filerait l’info ! Même si c’était l’Abominable Homme des Neiges en personne ! Faut dire que c’est pas banal de se faire prendre en taxi pour se retrouver au fond de la banlieue sans avoir de ticket pour le retour ! Tout commissaire Sania que je m’appelle, il y a de quoi y réfléchir à deux fois avant de se laisser alpaguer par une bande de tire-laine qu’en ont après toi ! Parce que, c’est sûr comme deux et font quatre que le Nénesse me balade pas pour mes beaux yeux ! Il faudrait être sacrément cruche pour y croire ne serait-ce qu’une seconde ! Je peux rester les bras croisés et la bouche en cul de poule, il faut pas s’attendre à un miracle ! A ce qu’on en dit, c’est fini depuis belle lurette les miracles ! Surtout dans la maison poulaga depuis que les truands ont pris la sale habitude défourailler sans te demander comment ça va à la Santé !
Dans le rétro, je vois ses yeux qui s’allument en même temps qu’une sorte de rictus qui voudrait ressembler à un sourire. Avant qu’il ait pu réaliser ce qui se passe, il se retrouve avec mon pétard collé dans le dos, juste séparé par le siège et ma carte de police sous le pif !
- Ecoute un peu gros lard ! Ce que je vais dire, c’est pas du boniment pour lopette ! Va falloir que tu t’astiques le caberlot, je le répéterai pas deux fois ! Tu vas te ranger bien gentiment et tu vas me foutre le camp de là ! Mais, parce que dans la vie, il y a toujours de mais ! C’est comme ça ! T’y peux rien et j’y peux rien ! Va falloir que tu me balances ton tôlier si tu veux conserver tes valseuses en bon état de marche ! je suis pas sûr qu’une balle de 11,43 ça fasse pas du dégât du côté de ton bas-ventre si d’aventure, il me prenait l’envie d’essayer !
- Ecoutez, tout ce que vous voulez commissaire, mais faut pas me demander de balancer ! Je suis un homme mort !
- Si tu crois que je suis une première communiante, mon Nénesse, il y a comme qui dirait gourance ! Tes états d’âme, c’est avant qu’il fallait y penser ! Maintenant, t’es plus en état de discuter ! Balance où je me sers de tes couilles comme cible ! Descend de ta charrette ! Tu vas connaître les joies de la marche à pied ! Tu verras, c’est bon pour le cœur ! Enfin, c’est que disent les docteurs ! Dis-moi où on est !
- Commissaire, on vient de passer Pantin et on file sur Bobigny ! Pour le reste, je peux rien vous dire de plus !
- Mon bon Nénesse, je voudrais pas te causer du tracas, mais j’ai pas l’intention de moisir ici avec toi ! File moi tes pognes que je te passe les bracelets et ensuite, direction le coffre de ta tire ! Tu seras au frais jusqu’au Quai, chez la maison poulaga ! Le Vieux sera ravi de t’entendre en confession !
Faut croire que le kawa me faisait défaut, à moins que ce soit le calva et que j’avais le cerveau dans la brume ! C’est quand j’ai vu la camionnette qui faisait une embardée en klaxonnant tout ce qu’elle savait que j’ai pigé que le Nénesse était pas tout seul !
Les bastos qui sifflent, la commissaire à plat ventre sur l’herbe mouillée et à peine le temps de mettre ce putain de bahut en joue, qu’il disparaît dans le décor !
Je peux me vanter d’avoir des réflexes pas trop émoussés ! Si je suis encore de ce bas monde, c’est que les galipettes, ça me connaît ! Ca ne se commande pas ! C’est plus fort que soi ! Au moment où tu dis qu’il serait temps de penser à une petite prière au cas improbable qu’il y aurait du monde là-haut pour t’attendre, c’est fini ! Tu te relèves et tu te secoues les plumes avant de repartir ! Ce réflexe, faut croire qu’il était pas donné à tout le monde ! En tout cas, pas à Nénesse ! Il était affalé, à moitié dans le coffre et il pissait encore le sang ! Il avait pas eu de chance dans son malheur, le bougre ! Ils lui avaient explosé les couilles en le sulfatant !
C'est pas que j'en pince pour les matuches, mais ta poulardine, elle me botte ! Pauv'Nénesse, va...Se faire flinguer à la surprise, et dans les balloches...
· Il y a environ 13 ans ·Coup de coeur immédiat !
le-fox
Imagine, que ce soit vrai, Fidji, eh, ben je ne serais ici ! J'aurais une planque en Suisse pour palper la tune !
· Il y a environ 13 ans ·Père Magloire, ça fleure bon la Normandie ! Pas le meilleur ! Juste un petit rinquiquin pur se remettre le idées en place ! parce que, faut dire ce qui est, à ceux qu'ont jamais siffler le schnaps de l'Alfred, z'ont manqué une occase de première ! C'est pas de la repasse qu'il vous refile l'Alfred ! C'est le premier jus! C'est çui qu'arrache les boyaux judqu'aux tréfonds ! De diou !
tifer
Ca démarre fort avec une langue qui "fleure" la gitane et le pére Magloire.
· Il y a environ 13 ans ·yl5
Merci de vos commentaires ...
· Il y a environ 13 ans ·Si seulement, je n'étais que l'ombre du grand FD ! Si seulement !
tifer
Vindiou ! C'est du grand Dard!
· Il y a environ 13 ans ·saan
Vachement bien foutu le début de l'histoire ! on attend la suite des aventures de Sania !
· Il y a environ 13 ans ·sophie-dulac
la vache, ton Taberlot, il tient la route ! Enfin, une vraie connaisseuse ! Pas de la gnognotte l'Edwige, à ce que je vois !
· Il y a environ 13 ans ·Merci ...
tifer
Coup de coeur ! Ca a d'la gueule ! Y a pas à dire un p'tit coup d'argomuche ça r'quinque. J'ai hâte d'avoir la suite, pour être sûre de n'pas la rater, tiens, j'vous d'mande en amitié ! Et puis je vous partage, puisque Môssieur est connaisseur, et s'il a un peu d'temps, l'histoire de mon Taberlot :
· Il y a environ 13 ans ·Edwige Devillebichot
Merci ! J'essaie de faire de mon mieux ...
· Il y a environ 13 ans ·tifer
ya pas à dire : c'est vachement bien !!
· Il y a environ 13 ans ·1 1