Ecrire, c'est souffrir
leeman
Par les choses qui me sont désormais communes, et par la vie que j'ai si tristement menée, peu à peu, j'ai compris que tous les mots jusqu'ici projetés hors de moi n'avaient que pour seule vocation de traduire ma vaine détresse. J'ai maintenant pour habitude de produire pour me plaindre, pour dégager de mon antre les plus faibles comme les plus fortes humeurs, que je considère comme dépréciatives, car elles ternissent à ma vie, qui n'est maintenant plus qu'un amas de peines. Puis-je me défaire de cette réalité ? Je n'en sais trop rien. Malgré mes quelques tentatives, j'ai conscience que je ne pourrai me dépêtrer de mon sort et que même avec la volonté d'en sortir, il n'y aura que successions de mauvaises pensées, et peintures de mes cauchemars réels.
Voyez que je n'ai même plus de mots, tant la sensation de me répéter habite en moi, me saisit et me détruit. C'est un cercle vicieux ; mes mots me paraissent fades, sans intérêt, parce qu'il n'y a plus rien que je puisse avoir de beau à raconter, rien qui puisse plaire à autrui dans les sonorités comme dans l'écoulement des choses rédigées.
Je dois avouer cette chose, c'est que j'aime véritablement écrire. Mais ce que j'écris n'est que très rarement à la hauteur de l'excellence. Ma prose est un fardeau, cet oeuvre mon tombeau. Je ne sais comment penser l'ensemble de ce que j'ai pu créer, encore faut-il que tout cela puisse porter le nom de "création", ce dont je doute, car on ne crée que ce qui possède le potentiel de nous faire voyager. Ce que j'écris n'est que plat, et manque cruellement de saveur comme de texture. Ce que j'écris n'est pas digne d'être lu ; néanmoins, j'écris, sans doute pour mettre un mot sur ma réalité intérieure. Car c'est en elle que les plus grands conflits perdurent, et c'est cette réalité que je subis, qui me force à exalter ces terrains immenses de l'esprit, gouvernés par les passions. Je subis ce réel intérieur, mais je n'ai pas d'autres choix que celui-ci. Ainsi donc je n'ai que plaintes à dépeindre.
Il n'y a donc rien de beau, rien de grand, rien de profond à lire dans tout ce que j'ai pu partager, et tout ce que je partagerai dans un avenir proche ou lointain. Ce ne sont là que des mots dépossédés de leur sens ; des mots dont j'use aveuglément, et dont le contenu a disparu de ma conscience. Voilà donc ce qu'il faut en retenir : je ne suis ni un poète, ni un philosophe maudit ; je ne suis qu'un homme dont l'existence se présente, à lui-même comme à Autrui, comme un mauvais théâtre, au sein duquel rien ne va, au sein duquel aucun élément n'a de sens. Telle est ma vie, et tel doit être conçu le sort contre lequel j'ai fondamentalement cessé de me battre.
Oui, ce texte il est beau. C'est con, pile celui où tu dis ne pas être à la hauteur. Mais finalement quelques grands écrivains ont écrit avec leur douleur intérieure aussi non ?
· Il y a environ 7 ans ·Aurélie
qu'importe, je ne me considère pas comme tel. et ne me considérerai jamais comme tel. je ne mérite pas de me comparer à ceux que j'estime.
· Il y a environ 7 ans ·leeman
Tu aurais peut-être voulu, aimé être aussi doué qu'eux mais en vérité que ce soit le cas ou non ce n'est pas important. Je ne suis pas là pour ça de toute façon.
· Il y a environ 7 ans ·Aurélie
non, ce n'est pas important, car, hélas, je suis moi.
· Il y a environ 7 ans ·"pour ça" ? je ne vois pas de quoi tu parles. et je ne sais pas qui tu es.
leeman
Eh bien réfléchis bien et ensuite je reviendrai vers toi.
· Il y a environ 7 ans ·Aurélie
pourquoi reviendrais tu vers moi ? cela fait une éternité que nous n'avons plus échangé.
· Il y a environ 7 ans ·leeman
toi et moi, on ne fait que jouer au chat et à la souris sur une longue temporalité.
· Il y a environ 7 ans ·leeman
C'est vrai. Mais tu as l'air d'être triste. Alors je suis là.
· Il y a environ 7 ans ·Aurélie
je le suis toujours, Auré. tu me connais.
· Il y a environ 7 ans ·leeman
Oui je te connais. Et je suis là quand même si tu as envie de parler. Je reste là. Et ça fait du bien d'être appelée Auré par toi.
· Il y a environ 7 ans ·Aurélie
c’est assez difficile de se parler franchement ici. mais je prends note, merci de ta présence ; je serai là aussi si tu as besoin. | ah oui, vraiment ? tant mieux alors. c’est le but, après tout.
· Il y a environ 7 ans ·leeman
Ouais t'écris bien :)
· Il y a environ 7 ans ·mark-olantern
Vous écrivez fort bien, j’ai aimé vous lire
· Il y a environ 7 ans ·nehara