Eh, oui !

Hervé Lénervé

Putain, mais alors, je suis mort, moi !

Ça ne m'arrange pas, je venais d'acheter une cartouche de clopes. Par contre, la cave, je l'ai vidée avant de sortir le chien. Toujours ça de pris.

Mais au fait, suis-je bien mort ?

Je me suis déjà pincé, ça ne marche pas, même avec des pinces multiprises. Je vais évoquer une jolie femme, pour voir si ça bouge. Pas d'effet, rien ne bouge. Mais c'n'est pas une preuve suffisante, c'était pareil avant.

Non ! Il y a des jours où il faut bien l'admettre, on est mort et voilà tout.

Donc, comme je suis bien mort, ça ne m'arrange toujours pas. Car, j'ai toujours pensé que la mort, c'était la mort, point barre !

Mais là, si ma pensée continue de tourner toute seule, sans mon corps. Mon esprit, sans mon soma, ma psyché, sans mon foie, ce serait comme une sorte d'âme ? Je suis une âme, alors !

Putain ! Ils avaient donc raison les curés avec leur Dieu de pacotille, alors ?

Alors, avec tout ce que j'ai médit sur les curés, je suis mal barré, moi, là. Ça, c'est la sacristie céleste directe, sans arrêt pour acheter de la vaseline.

D'un autre côté, qui connait mon anticléricalisme notoire ? C'est confidentiel. Il serait étonnant que l'on dise sur les trottoirs : « Vous le saviez, vous, que Lénervé est un anticléricale notoire, reconnu par le clergé. »

Non, c'est cool ! Je ne risque rien. 

« Oh, mon Dieu, toi en qui, toute ma vie, j'ai cru. Je te prie de me recevoir parmi tes brebis égarées ou perdue... je sollicite de ta haute bienveillance l'indulgence de foutre définitivement la paix aux mortels qui restent encore en bas. »

Damned ! Le naturel revient au galop, je suis cuit !

Signaler ce texte