ELLE

Alexandre Grox

Scintillement discontinu, les lumières couleur sang me font fermer les yeux.

L'odeur âcre est pesante, tout autour de moi les disciples se bousculent dans une euphorie déstabilisante. Cette silhouette éclaire ce tableau si sinistre.

Mais est-ce la même lueur qui nous emmène au large, qui nous perd avant de nous proposer de l'aide et de disparaître. Certaines frontières semblent si fragiles, si difficile à établir. Comment certaines émotions peuvent paraître si véritables alors qu'elles baignent paisiblement dans le mensonge. Tout sentiment n'est-il alors qu'éphémère, une promesse modifiable devant l'infini ou une certaine connaissance de soi-même permet-elle de contrôler l'indésirable.

Ces questions se bousculent dans ma tête et leurs réponses me font vaciller. Ce spectacle macabre déchaîne ce qu'il reste de mon être. Des âmes sans cœur virevoltent autour de cette lueur, personne ne peut les voir mais moi je le peux.  

Non, écoute moi ne t'approche pas d'eux,  ils te feraient du mal, enfin surtout à moi. Le son manque à mes cris, les mots à mes phrases, ton amour à ma vie. Une force surnaturelle me saisit, cette puissance émane de mon cœur, je veux que cela se finisse. Les solutions me semblent alors si limpides, la lucidité semble s'être emparée de mon enveloppe charnelle. Mes gestes ne sont plus sous mon contrôle, la passion les dirige à ma place.

Je me jette sur cet individu qui tente dorénavant de l'embrasser. Nos deux corps à l'unisson heurtent le parquet, durant la chute, mes poings se sont serrés, avec une vivacité impressionnante, il me décoche le premier coup. Le sang coule depuis mon arcade meurtrie, il s'est relevé, je tente de faire de même, le souffle coupé,  je l'observe. Mais la lumière s'assombrit, une sensation de chute m'envahit, elle s'éloigne de moi, ils s'éloignent de moi, mes yeux se ferment de nouveau.

Je me réveille en sueur dans la chambre d'un hôtel parisien. L'horloge  affiche cinq heures du matin. Par la fenêtre, l'aurore colore le ciel d'un rose pale.

Cette nuit, j'ai encore rêvé d'elle. 

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