ELLE NOUS VENAIT …

D'un petit fief, d'une vague errance, de ce domaine où les chevaux paissent toujours sur ces terres blafardes et anéanties. Parfois "Nuanstra", parfois "Sézrelle", parfois "Tendraz", elle prend le nom des vents, le goût du vin capiteux, l'arôme des parfums exaltants, du fanion de tous ces lieux trop longuement visités, trop longtemps bannis, mortifiés, endeuillés.

Les trônes se succèdent et personne ne s'inquiète de ce vieux mythe barbare, de ces quelques phrases issues de la bouche d'une dénie, d'une "fauve-reine", d'un "bébé-noir" : berge des meurtriers, ceux hennissant les passés, les péchés, les balafres sueurs des maltraités, des embrasés, des torturés, ceux scrutant à travers ces accablants hier et ces lancinants demain. Ces trônes bannis à jamais : que des pédicules des grandes toundras, des neiges enflammées, du feu des glaces, du dernier souffle des candélabres : de ces cathédrales de la misérable traîtrise, de la grande fourberie.

D'une simple lueur, d'une petite éclisse souriante, de mots à peine soufflés. De quelques voix susurrantes. De douces dorlotes. D'un éclat dans la torpeur. Du halo d'une lune aux affres de la douleur, elle guide sa route à la pointe du fanal pointant le sort.

Si anguleuse, torturée, désillusionnée, elle s'élance, se moule aux sonorités élégiaques des "blanches-neiges" valsant vers ce pays évanescent, invisible, sublime : le refuge de toutes les conquérantes.

Elle nous revenait de ces grandes contrées ombrageuses, du reste d'une humanité affligée, condamnée, dévastée. Elle nous revenait : "Cette dame de la grande vallée d'Ortansia."