Eloge de la médiocrité
Jean Claude Blanc
Eloge de ma médiocrité
Me suis battu pour une seule cause
La plus médiocre de toutes, la mienne
Tellement j'y tiens, me sers moi-même
Et sans scrupule, m'envoie des roses
La peur pourrit notre existence
Sous toutes ses formes, et circonstances
La conscience fait de nous des lâches
Même on adore, se prendre des bâches
Médiocrité, pour horizon
Façon perso, placer mes pions
Astucieusement, je négocie
Sur l'échiquier de la survie
L'héroïsme, certes me fascine
Par l'abstraction, j'atteins les cimes
Mais je n'y risque pas mon corps
Jouer les héros, mène à la mort
Echapper à la vie de saint
C'est consentir, à sa fin
Mais de l'admettre, demande du temps
D'autant, qu'est pâle, mon firmament
Chacun aspire au succès
C'est-à-dire, gagner la partie
Qu'il a engagée, contre lui
Sachant d'avance, qu'il s'est planté
Tocard, idiot de mon village
D'être vaincu, me fait marrer
Banal, quelconque, pitoyable
En résumé, suis modéré
Tout m'insupporte, quel régal
Cahier froissé, médiocrité
Ça me ramène au lycée
Cancre, timide, manque d'audace
En fait tranquille, au fond de la classe
Très bien, assez, moyen, passable
Manque pour moi, note médiocre
Elève, rêveur, tête de linotte
Faire des progrès, c'est pas pensable
Juste en dessous de l'ordinaire
Avant « mauvais », cet exécrable
Je m'y complets, pour avoir l'air
D'être un sujet, pas fréquentable
Terne, modeste, anodin
Triste, anonyme, citoyen
Je paie mes dettes, demande rien
Ne m'engage pas sur le déclin
Vanter la vie en société
Déjà la lutte est engagée
Course poursuite, pour l'honneur
Couvert de fleurs, meurt le vainqueur
Péquin plus con que la moyenne
Sans le savoir, a de la veine
Chez les sans grades, s'y réfugie
Où la pitié supplante l'envie
Négationniste, si vous voulez
J'en savoure plus mes défaites
Ma propre victoire, je l'ai en tête
Moi, j'ai mes normes, respectez-les
Médiocre, sale petit bonhomme
Jugement facile, de la maitresse
C'est inutile, qu'on se sermonne
Simples mortels, passage express
A chaque âge de l'humanité
Les nains se font la courte échelle
Pas pour atteindre l'éternité
Mais pour leur zèle qui donne des ailes
Pleins de courage, les conquérants
Au premier rang, crient « en avant »
Mais en premier, se font flinguer
Meilleure sans doute, témérité
Je me camoufle, sous faux semblants
Petit microbe, pourrais faire mieux
Débâcle, déroute me sont acquises
Mes coups de blues, me rendent frileux
Même mes désirs, s'autodétruisent
Eloge de la médiocrité
Un exercice, que je m'inflige
Pour réussir, suis le dernier
Mais le premier, bêtise oblige
Me restent encore pas mal de pages
Pour déverser tous mes orages
Médiocre, le suis, c'est pas demain
Que changent les pompes de mon destin
Il est à craindre, que l'avenir
N'ai plus beaucoup à nous offrir JC Blanc décembre 2014 (pensées d'un soir)