EN PROFONDEUR.

Adelphine

Tu découvriras que je ne suis pas celui que je parais être la plus part du temps. Je suis de loin cette personne là. Je suis de loin ce sourire qui dégage tant de joie et d'épanouissement. Tu apprendras à me connaître avec les "dirait-on", tu me regarderas du même regard que les gens portent à mon égard. Mais tu te rendras compte, que tu fais fausse route.

Tu apprendras à connaître mon passé et mes douleurs. Tu prendras conscience de la profondeur de mon être et de l'épaisseur du masque que je porte. Je ne me dévoile pas. Figure toi que je me protège. Je garde toutes mes failles en moi, afin de ne pas donner la possibilité à quiconque de me nuire. Je porte cette carapace pour garder mon intimité, pour ne pas exposer ma nudité complète aux yeux de tous. Je parais insensible, dur, sur les bords même un peu trop joyeux et parfois hystérique. Ma façade est banale mais réfléchie.

On attribue à ma personne, à ma figure, à ma gueule, un cliché constant. Mais je ne suis pas plate d'esprit. Mon intelligence n'est pas limitée. J'ai ma part de sensibilité, j'ai ma part de faiblesse. Je ne suis pas né pour mourir. Je ne suis pas sans peine, je ne vis pas sans peur et je ne suis pas irréprochable. Je suis blessante, car j'ai été blessé. Je suis irritante, car l'on m'a irrité. Je suis neutre, mais l'on m'a neutralisé. Je ne suis pas né avec des boulets remplis de haine aux chevilles. Je ne suis pas né de cette défensive. Mes constructeurs m'ont ainsi faite.

Comme vous, je viens d'un monde où la société considère les gens comme des gens. Comme toi, je suis regardé du coin de l'œil, et les regards portent des interprétations fanatiques, parfois même méprisantes fondées sur notre apparence sans même que nous le sachions. On nous construit des vies que nous ignorons car l'on s'ennuie, on nous porte des jugements pour attaquer.

Mais comme chacun d'entre vous, j'ai un corps. Un corps mutilé certes. Un corps comme chaque individu. Nous avons un corps semblable à celui des autres, au votre. Que personne ne l'oublie.

Signaler ce texte