Enfer.

Christophe Hulé

Nid de guêpes ou de frelons, buisson ardent où les serpents fraient, crocodiles gigantesques au fil de l'eau boueuse. Guirlandes de reptiles pendus aux arbres décharnés, marais puants d'où remontent des bulles, des queues alambiquées, des gueules aux crocs venimeux, quelques lézards géants, quelques langues visqueuses.

Plus haut, ce sont griffes acérées, becs de cauchemar, ailes noires, des fantômes de brume et de feu.

Du ciel ne perce aucune lumière, les trous d'acide bouillonnent, la terre est noire.

Les hommes en armure sont pâles comme des morts, ils savent ce qu'ils font, on obéit aux ordres.

La plupart disparaissent en silence ou d'un râle discret, leurs torches et leurs épées semblent bien dérisoires.

Leur chef garde la tête haute mais n'en mène pas large.

- Pour le Roi mes amis !

Les jeunes recrues font des tourniquets dans l'air avec leurs lames, beaucoup sont mordus ou emportés.

- Encore quelques efforts, nous y sommes presque.

Le chef n'ose à peine se retourner.

Combien sont-ils derrière, sont-ils encore ?

Arrivés devant la grotte immense, deux chiens de l'enfer hauts comme des arbres, des scorpions ou araignées de même taille.

- Ma Reine, ayez pitié ! Le Roi se languit de vous et mes hommes périssent.

A ces mots les marais disparurent, la grotte devint château, à perte d'horizon des vergers et des fleurs.

De tous les soldats prosternés il n'en manquait aucun.

- Eh bien Chevalier, que pensez-vous de nos jeunes recrues ?

- Ce sont des braves ma Reine, et nul n'a reculé.

- Et ces vieilles badernes peuvent-elles encore servir ?

- Elles n'ont pas démérité Majesté.

- Bien, rendez-vous ce soir pour le banquet, l'heure de la relève n'est donc pas encore venue.

- Merci ma Reine, comptez sur nous ce soir.

Signaler ce texte