Érotimoi

cyrz

"Vous êtes confortablement installé? Vous commencez à comprendre mes journées? BaD96 s'est connectée et je vais érotiser votre vie et la mienne par la même occasion. N'est-ce pas merveilleux?"

Parce que j'aime ça et parce que tu es en mon pouvoir, toi, et toi, et vous aussi. Pourtant je vous laisse me contrôler. Je suis votre petite poupée. J'ai toujours souri, depuis toute petite, au premier venu, à n'importe qui. On m'appelait « Sœur sourire » ou « La Belle au Bois dormant » parce que je souriais paraît-il même dans mon sommeil.


Je n'ai aucune envie d'être une autre personne que cette petite fille joyeuse.


Vous souhaitez me connaître? Je serai honnête, je vous dirai presque tout et je garderai secret ce que je désirerais. J'ai un grand projet que je souhaite mettre à exécution rapidement. Je ne vous dirai pas lequel et je demande simplement votre discrétion. Je dors nue. Je me réveille, je vais aux toilettes et je file me préparer un smoothie ou un jus de fruits complètement nue. Je vis en appartement et les volets ne sont jamais hermétiquement clos. Je sais bien que parfois l'un ou l'autre voisin me guette avec plus ou moins de tempérance, ce qui me fait toujours sourire.


Je m'installe dans l'un des fauteuils de la bibliothèque publique. Je porte des talons hauts, une petite jupe noire moulante, un haut tricoté boutonné devant et des bas blancs. Mes seins lourds requièrent souvent l'usage d'un soutien-gorge, l'accessoire dans lequel je passe certainement le plus gros budget après les chaussures. La petite culotte est facultative mais j'aime la lingerie. Oh mais non! J'adore la lingerie! La culotte est en général indispensable au matin et totalement optionnelle à mesure que la journée avance. Je suis rapidement excitée dès le réveil et j'avoue que la culotte retient un peu de cette excitation qui s'échappe le long de mes jambes sinon.


La bibliothèque est calme ce matin. Je suis la seule avec la vieille dame aux cheveux bleus à l'entrée et le jeune type mal dans sa peau qui fourbit les rayons de livres rendus de la veille. Je leur souris l'un après l'autre et ils me rendent la politesse sans bruit. Il n'est que onze heures du matin. J'avais envie de partir tôt. J'ai mis mon soutien-gorge pourpre, mon préféré qui dessine si bien les courbes redondantes de mon 95D. J'espère qu'ils aimeront. Sur le chemin, dans le bus, j'ai écouté tout l'album de The Alan Parson Project que je préfère, celui aux titres de morceaux codés comme des coups aux échecs. Je n'avais pas envie de porter de shorty aujourd'hui. Sous la jupe moulante le string est particulièrement bienvenu et le contact de la très fine ficelle sur mon périnée requiert de changer de position par intermittence pour mieux en sentir les effets. Lorsque je choisis de porter le shorty j'aime l'accompagner d'un plug anal, ce qui est juste impossible avec le string. L'avantage de prendre le bus à dix heures du matin c'est qu'on ne risque pas de croiser beaucoup de curieux. Si mon cul se frotte un peu trop souvent au siège personne ne va le remarquer. Il me faut quarante-cinq minutes pour arriver à la bibliothèque, le temps d'apprécier un album de musique et, de temps en temps, d'avoir mon premier orgasme de la journée marqué par un grand sourire au milieu du visage. Ce n'est peut-être pas le meilleur, mais je suis seule à l'apprécier, ce qui lui confère un côté unique et qui se révèle plus efficace qu'un café. Il arrive parfois qu'un inconnu m'observe mais je ne le remarque qu'après et la gêne mutuelle qui s'installe alors ne m'a heureusement attiré aucun ennui jusqu'ici. C'est pourquoi cela n'arrive pas trop souvent non plus.


J'ouvre mon portable qui se connecte automatiquement au réseau sans fil de la bibliothèque. J'installe mon ours Gary en face de moi et je lui souris. J'aime découvrir mes dents parfaites. Gary est aussi ma webcam, c'est pourquoi il reçoit un témoignage de joie à chaque fois que je le mets en route, pour en vérifier son fonctionnement. Vous êtes confortablement installé? Vous commencez à comprendre mes journées? BaD96 s'est connectée et je vais érotiser votre vie et la mienne par la même occasion. N'est-ce pas merveilleux?


Je vois venir les questions embarrassantes. Mais pourquoi faites-vous cela? Une belle fille comme toi! Etc. Relax! Personne ne m'a forcée. Et puis, sérieusement, dans quel siècle vivez-vous? Je ne pense pas être complètement nunuche. J'ai une orthographe irréprochable – d'ailleurs j'aimerais bien écrire un livre un jour – j'adore les maths et je suis incollable en géographie. Je n'y peux rien si j'aime cette vie, le regard des passants sur moi et le contact des étoffes sur ma peau dont toute la surface semble garnie de récepteurs de plaisir. Laissez tomber les questions trop personnelles, ils sont des dizaines chaque jour ou presque à me les poser et je n'y réponds jamais. À quoi bon? Profitez plutôt du spectacle mais n'oubliez pas de rémunérer l'artiste! Dès que l'équipement s'enclenche j'ai cette pensée récurrente, comme un carburant de motivation qui explose chacun de mes pistons quand je pense que cette activité me définit totalement. Mon string est déjà trempé. Je sens des gouttes perler sur mes cuisses. Je dois trouver une position plus confortable. Déjà quatre-vingt sept spectateurs m'observent frotter mes fesses dans le fauteuil devant les yeux fixes de Gary. Je n'ai qu'une envie à ce moment. D'écarter les cuisses. Laisser un peu d'air rafraîchir mon string. Je vais bientôt devoir l'enlever, avant qu'il ne se transforme en éponge.


Un ordinateur portable devant moi pour faire semblant de travailler et surveiller mon compte, un autre beaucoup plus petit sur le côté, qui fait aussi tablette très pratique pour surveiller alentours avec sa webcam discrète et mon téléphone qui fait office d'écran de contrôle, je suis prête. Mes petits voyeurs aussi. Cent-soixante-et-un en ligne, dont une dizaine de « collègues ». Il faut bien s'entraider entre artistes. J'ajuste Gary pour que la caméra pointe directement sur mon entre-jambe que je dévoile petit à petit, pas trop vite. Un violent éclair de sensations mêlées parcourt subitement mon corps, du coccyx à ma nuque. Je dois me passer la main dans le cou, la bouche entrouverte, pour saisir le frisson de plaisir parti déclencher le premier jet de ma fontaine.


« Premier orgasme ». J'écris tout à mes chéris en ligne. Ils le méritent bien et c'est dans ma nature de partager mes joies. Après avoir furtivement surveillé sur 360° que je n'étais pas observée, je passe un doigt entre mon string et ma vulve trempée. Je ramasse une demi-cuillère à thé de cyprine pour la montrer à la caméra car cela produit toujours son petit effet. Je souris aussi. Puis je fais disparaître la substance mielleuse dans ma bouche. Les premiers compliments s'affichent. Je n'existe plus. Je suis une boule de plaisir. Tout est parfait. Comme chaque fois que je me produis, je ne verrai pas défiler cette journée qui va passer comme une flèche.


Il fait déjà bientôt nuit. La bibliothèque va fermer dans une heure. Il est temps de ranger le matériel.


« Je vous embrasse tous, muah muah muah, je vous adore et à demain », joignant le geste aux mots. Trois-mille cinq-cent treize connectés. En quelques secondes, des dizaines de messages adorables s'affichent et ils ne sont plus que deux-mille environ à attendre que s'achève le show, ou peut-être n'ont-ils pas toutes leurs mains à disposition pour appuyer sur le bouton « exit » et quitter la salle. Je souris à pleines dents et je coupe la retransmission. Regard à gauche, regard à droite, devant, derrière, la bibliothèque est calme; personne autour de moi. Je range mon string dans la poche de ma veste courte. Il est beaucoup trop mouillé pour le remettre. Je rentrerai sans culotte, « comme d'habitude » serais-je tentée de penser. Bien sûr ils ont vu mon geste à la caméra juste avant que j'éteigne et leur nuit n'en sera que plus douce, habitée par la pensée de BaD96 rentrant chez elle sans culotte. J'ai la phobie des ascenseurs, ils le savent, je ne leur cache presque rien de moi. Je souris.


La montée des marches jusqu'au troisième étage où se trouve mon appartement est facilitée par mes cuisses lubrifiées qui glissent l'une sur l'autre aussi sensuellement qu'un couple de dauphins dansant dans la mer. Je crois avoir souris tout le long du trajet et je souris de plus belle à l'idée de me plonger dans un bain délicieusement tiède. Je dépose mon matériel en vrac à l'entrée la porte de chez moi à peine refermée et je suis nue dans la salle de bain en un clin d'œil. Pendant que coule l'eau du bain, j'observe dans le grand miroir de l'entrée ce corps parfait en pinçant ma lèvre inférieure. Puis je me regarde encore dans le miroir de la salle de bain, dans cette nudité qui me procure inlassablement l'envie de me faire l'amour à moi-même. Je relève ma longue crinière d'ébène, don de ma mère, et je me tourne pour scruter du coin de l'œil cette croupe divinement dessinée. J'ai lubrifié toute la journée et pourtant ma chatte a coulé jusqu'à ma cheville durant les quinze minutes passées devant mes miroirs. Je souris et je pénètre dans ce bain parfumé d'huile essentielle de lavande qui m'engloutit immédiatement dans une atmosphère inexprimable, très loin de ce monde.


La sonnerie de mon téléphone me tire du sommeil dans lequel j'étais brièvement plongée. C'est Gary, le vrai Gary, mon ami d'enfance et le gardien de tous mes fantasmes.


- Comment vas-tu ma belle? Bien travaillé aujourd'hui?

- Une journée magnifique, il faut que je te raconte!

- Je suis impatient.

- Je te fais la version longue?

- Oh oui! S'il-te-plaît! Emmène-moi loin d'ici...

- Je suis arrivée à la bibliothèque à onze heures.

- C'est très tôt.

- Oui, je me suis levée de bonne heure ce matin et je n'avais rien de mieux au programme. J'ai bien fait parce qu'il n'y avait personne quand je suis arrivée. Et ça c'est rempli à partir de quatorze heures. J'ai eu trois heures tranquilles à bouger comme je voulais. (Je souris)

- Je t'ai vue vers midi, j'avais une courte pause de quinze minutes mais tu étais sage, j'ai tout raté (Il rit).

- Je suis désolée pour toi mon chou, c'était assez chaud aujourd'hui.

- J'adore ta jupe noire et combinée aux bas blancs suffit pour me donner de l'énergie pour toute la journée.

- Je suis rentrée sans culotte comme d'habitude.

- C'est tout ce que j'ai pu voir, quand tu as retiré ton string rouge. J'ai dû retourner bosser après, snif snif.

- Tu auras la vidéo.

- C'est toujours mieux en direct. Tu es dans le bain? J'entends des petits plouf!

- Oui je me détends et tu sais comme j'aime entendre ta voix. J'ai pris le petit canard entre mes cuisses...

- Coquine, je vais bander. Heureusement ils sont tous partis et je suis seul au bureau.

- Tu penses qu'ils sont nombreux à me regarder depuis leur travail?

- J'en suis certain, j'ai surpris un collègue une fois sur le même site. On n'en a pas parlé, il était plutôt gêné et il a pensé avoir bien caché l'écran mais j'ai juste eu le temps de voir le logo. Par contre je ne sais pas du tout qui il matait...

- Quand tu dis cela, ça m'excite!

- Il y a un peu tout qui t'excite, non?

- Oui, ce n'est pas faux. (Je souris)

- Alors? Qu'est-ce qu'il s'est passé aujourd'hui? Raconte!

- Ho! Je me suis promenée entièrement nue dans les couloirs! Ils ont tout vu en ligne mais il n'y avait que la vieille et le coincé dans toute la bibliothèque. Enfin, je crois. Quand j'ai vu qu'ils étaient occupés au rayon « Histoire » je me suis précipitée de l'autre côté et je me suis déshabillée entre « Poésie » et « Latin » l'ourson braqué sur moi. Je n'ai gardé que ma paire de hauts talons noirs, tu sais les escarpins que tu aimes bien parce qu'ils me cambrent. C'était de la folie! Je me suis même touché l'anus complètement penchée contre un rayon, c'était magique! J'entendais les cloches. Mes seins pendaient comme des outres. J'avais les tétons durs comme des têtes d'épingles. Je sentais ma fontaine couler le long de mes cuisses. Mon cœur battait à cent-quatre-vingt! J'ai retiré mes escarpins un à un en prenant bien soin de lever les jambes très haut. Heureusement que j'ai fait de la danse! Quand je suis revenue à petits pas rapides sur la pointe des pieds les deux n'avaient pas bougé et il y avait plus de six-mille connexions dans la salle! Tu imagines? Je crois que je... Oh! Que je vais jouir. Oh! Voilà... Pfff! (Je souris)

- Excellent. Je vais avoir besoin de voir la vidéo, c'est clair.

- C'est 50 jetons mon chéri!


On éclate de rire ensemble. C'est avec Gary que je prévois mon futur projet. Personne d'autre au monde ne saurait obtenir ma confiance. Je peux tout lui dire. Je sais qu'il m'aime autant pour mon intelligence que pour la confiance que je lui accorde et il me le rend bien. Il ne manque pas de copines, toutes des bombasses. Parfois même certaines avec qui il ne me déplairait pas d'avoir une petite aventure. Il adore quand il détecte dans mes grands yeux bruns le désir monter pour l'une de ses conquêtes. Je ne dois pas être très discrète. Il est arrivé une ou deux fois que je lui pique sa nana et je lui ai tout raconté ensuite, à chaque fois. Tout jeu a une fin et je ne pratique plus l'emprunt de copines de Gary. Avec la dernière, il y a de cela déjà plusieurs mois, nous nous étions mis d'accord pour jouer les complices. Je devais répondre à une invitation pour un dîner entre couples. Je suis arrivée seule, prétextant une dispute de dernière minute avec mon fiancé imaginaire. La copine de Gary était une grande blonde sensible et douée d'empathie. Elle aimait se parfumer de cette essence de Guerlain, celle qui habillait les initiales BB. Ridiculement cliché mais aussi efficace qu'une bourriche d'huîtres. J'ai joué la pauvre fille perturbée, esseulée, cherchant un conseil et une épaule sur laquelle essuyer une petite larme. Gary s'est éclipsé une ou deux heures pour nous laisser seules entre filles. Le lendemain matin je lui racontai la facilité avec laquelle sa copine se laissa caresser puis embrasser. Ce jour-là, j'appris un nouveau mot, pas très sexy, mais logiquement dérivé de ces fricatrices que l'on nommait autrefois tribades; et donc: le tribadisme. C'était délicieusement sensuel et terriblement excitant de jouer à avoir peur d'être surprises nos chattes collées l'une contre l'autre au cas où Gary rentrerait trop vite. Ce fut la dernière fois que je violai l'intimité d'une des conquêtes de Gary.


Jamais il ne lui viendrait à l'idée de franchir la ligne invisible de l'amitié tracée entre nous. Je n'ai toujours pas compris comment il pouvait se contrôler; c'est un homme après tout. Mais son respect pour notre relation purement platonique le grandit si haut à mes yeux qu'il semble en être fier et ne pas avoir besoin d'autre chose. Je ne lui en voudrais même pas d'essayer. Il est beau garçon, très doux et très mâle à la fois. Qui sait? Peut-être même le laisserais-je aventurer ses mains et sa langue dans le ressac de ma petite fontaine. Sans aller plus loin. Juste pour le plaisir.


- Il faut que je te quitte mon ange, interrompt dans mes rêves sa voix douce et rauque. J'ai un rencart ce soir.

- Goujat! Encore une nouvelle?

- Ne fais pas ta jalouse, tu sais que je n'y crois pas une seconde. Et puis c'est la même que la semaine dernière, c'est plutôt rare non?

- Tu veux une médaille?

- Je t'adore! Je t'embrasse tendrement. Et sors du bain ou tu vas être toute fripée.

- Je t'aime, idiot!

- Moi aussi, bécasse!

- Passe une bonne soirée Roméo, je t'embrasse fort fort fort!

- Je pense à toi.


Il raccroche. Le coup de fil quotidien de Gary est un rituel indispensable. Je me sentirais si seule sans lui malgré mes six-mille visiteurs. Et tout cela ne durera qu'un temps. Autant en profiter et montrer tout ce que je peux à mes généreux donateurs. J'aurais pu choisir de m'exhiber confortablement depuis chez moi, toute la journée dans mon lit. Mais ce n'est pas la même excitation et j'ai l'impression que mes internautes apprécient que je ne sois pas la webcam girl habituelle paressant chez elle entourée de ses godemichets noirs, roses et pourpres. Et moi ça m'excite énormément d'être confrontée au danger. Je serais honteusement dévastée si j'étais surprise à me déshabiller devant des milliers de voyeurs libidineux au beau milieu d'une bibliothèque publique et c'est pourtant ce qui m'enflamme des pieds à la tête presque chaque jour depuis un mois. La bibliothèque est fermée le dimanche...


Je me réveille heureuse chaque matin, me demandant combien ils seront en ligne. Quand tout cela s'arrêtera je regarderai combien aura été viré sur mon compte en banque. Pour l'instant, cela ne m'intéresse pas. Je sais que les dollars s'accumulent. J'ai signé un contrat. Et Gary me signalera quand je dois mettre un terme à ce jeu, quand on aura obtenu suffisamment pour notre projet. De l'argent gagné par pur plaisir, des gens heureux, béni soit internet! Bien sûr il y a la pornographie ou l'escort, mais ces activités ne sont pas pour moi. Je ne veux pas de rapport physique avec un client. Je me masturbe depuis que je suis très jeune. Ma mère ne m'en a jamais empêchée. J'aime me regarder, que ce soit devant une glace ou une caméra, qu'est-ce que cela change? Et qu'on me regarde? Ils ne peuvent pas me toucher, ils sont à des milliers de kilomètres de moi. Jamais ils ne me croiseront dans ma petite ville. Je peux même leur avouer mon prénom sans risque d'être harcelée. Ils se sentent plus près de moi et j'aime lorsqu'ils écrivent mon prénom à l'écran. Moi aussi j'ai vécu en Virginie! J'ai étudié en Louisiane. Oui, je connais Dallas, j'y ai vécu trois ans. Certains sont grossiers, d'autres gênés, mais tous expriment leurs fantasmes. Ils aiment voir mes pieds. Je les soigne car ils sont mignons, ni trop grands ni trop petits et idéalement adaptés pour porter de hauts talons. Je soigne ma manucure, ma pédicure et ma peau. Je me nourris bien et je prends soin de mes longs cheveux noirs. Ma peau naturellement dorée est issue d'un improbable mélange de Navajo, de Français, de Sicilien et d'Irlandais. Il serait dommage de ne pas partager tant de beauté. Je souris.


Après avoir avalé une soupe maison, je me réfugie sur mon canapé: leggings, t-shirt et un livre. Un petit coup d'œil dans le miroir pour admirer ces fascinants leggings qui épousent parfaitement mes lèvres. Plus je les observe et plus elles gonflent. Parfois je sors dans la rue vêtue seulement de ce moule, un long t-shirt couvrant à peine aux passants la vue mon sexe dessiné par l'étoffe. Le gros coussin brodé que ma mère m'a confectionné est mon amour du soir. Celui que je tripote comme un chaton qui déploie ses griffes et agrippe en signe d'affection. Mon ronronnement est interne, c'est celui de ma petite fontaine qui lubrifie presque en permanence. Malgré une journée passée à me masturber, je sens encore le besoin de délicatement explorer les plis sensibles qui entourent mon clitoris. Demain j'emporterai l'Hitachi à la bibliothèque. Il est énorme! Niveau discrétion ce sera coton... Je ne saurais dire pourquoi j'ai besoin de me fixer ces petits challenges. Ils vont adorer, c'est certain. Il s'appelle « la baguette magique » mais je n'ai aucune idée pourquoi on a préféré se souvenir du nom de la marque qui l'a commercialisé et qui rappelle plus les vieilles cassettes VHS ou des pelleteuses. Mon bouton se gonfle à l'idée des vibrations très particulières de l'Hitachi et je dois quitter mon livre des yeux un court instant. Je porterai un shorty transparent. Je crois qu'ils aiment bien étudier les détails de ma chatte, épousée par le sous-vêtement, à peine voilée. Tenter d'en découvrir les reliefs ou observer si je me suis rasée. C'est sensuel, je pourrais admirer ce spectacle de moi-même pendant de longues minutes. Ma petite fontaine vient très vite perturber l'instant et mes shorty ne restent généralement pas longtemps au sec. Je souris. Le corps de la femme est extraordinaire.


C'est un enseignement de grande valeur que m'a laissé ma mère avant de disparaître. Respecter son corps. Apprendre à en connaître les moindres recoins. Très jeune j'ai donc commencé à inspecter toutes les parties de mon anatomie. Certaines me procuraient un plaisir inattendu mais la sensation la plus grisante qui vint très vite accompagner mes explorations digitales était sans égal le bonheur intense de me voir à l'écran. Puis, j'ai commencé à partager ma webcam. Au début, un peu par défi, avec quelques amies et petits copains. On se retrouvait dans des salles de discussions privées, puis publiques, on était rejoints par des inconnus, toute une bande de voyeurs et d'exhibitionnistes bien à l'abri derrière l'écran. Le jeu a rapidement escaladé et on aimait ça. Je racontais nos exploits à Gary qui a toujours juré n'avoir jamais tenté de jeter un œil à nos séances qui duraient parfois toute la nuit. J'ai envie de le croire même si cela n'aurait aujourd'hui aucune importance. J'ai hésité, pas longtemps, lorsqu'il m'a encouragée à continuer la diffusion pour gagner, en plus, un peu d'argent.


Chaud, le parfum des roses, moite, j'aime, feutré, silence, doux, un chant d'oiseau. Un rayon de soleil s'est introduit jusque dans mon lit à travers l'espace laissé entre les volets à moitié fermés. Dans le brouillard d'un réveil surpris, je parviens à me dire que les jours raccourcissent. Depuis des mois le soleil chauffait déjà bien haut dans le ciel lorsque j'émergeais de mes songes. Quels songes? Je ne m'en rappelle d'aucun. Je les vis.


La couette est revenue protéger mon corps nu du désagrément des nuits qui fraîchissent. En été, sous ces latitudes, les fenêtres restent grandes ouvertes et la peau s'assoupit emportée par le poids des paupières sous les caresses de la nuit câline. Je serre l'enveloppe souple et cotonneuse dans mes cuisses fermes alors que le gros oreiller accueille un sourire et une caresse de ma main sans demander pourquoi toute cette tendresse offerte. La journée commence à peine et déjà mes tétons réagissent à la délicatesse de l'étoffe qui effleure mes paumes, le haut de mes orteils et mon ventre. L'envie d'un jus de fruits frais et d'une pomme est plus forte que celle de me toucher. Je me lève d'un bond, surprise par ma forme et surtout par une terrible envie de faire pipi.


Le temps de préparer mon petit-déjeuner est à peu près le seul moment de la journée, et probablement de la nuit – si seulement je me souvenais de mes rêves - durant lequel un grand vide emploie mes pensées. Je ne voudrais en aucun cas me voir pendant ce moment intime. Je suis moi, hébétée, ahurie, sans défense, sans le moindre contrôle et c'est certainement la seule raison pour laquelle je vis seule et très bien.


Bien-sûr, j'aimerais partager mes expériences avec un compagnon compréhensible et honnête. Je n'ai pas encore osé et c'est aussi une source d'excitation. Et ce sera peut-être une fricatrice; que sais-je? Je vais prendre un shorty de rechange. Je souris encore.


(Photo: cyrz)

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