Errance

Patrick Gonzalez

C'était il y a longtemps, vous n'étiez pas présent,
Sur un monde brûlant, où seul soufflait le temps.
Vent de terre puissant, chassant la mer au loin,
Bien terrible aventure, dont je fus le témoin.

Au ciel, découpées, vagues de sable hurlantes.
Nuages lourds et gris dont la pluie est absente.
L'océan disparu, nos grands vaisseaux à nu,
Nos trois mats, dans les dunes un à un disparus.

L'humain semblait perdu, se recherchait un port.
Toutes voiles dehors, de poussière et de brume.
Fendant la mer d'ocre, je l'aperçois encore,
Fière étrave, altière silhouette accrochée à la lune.

Noir vaisseau fantôme, de l'aube à l'aurore,
Glissant sur le désert, dans une gerbe d'or.
Il se moquait du temps et réveillait les morts.
De son mat le plus haut il indiquait le nord.

Laissé au seul hasard, interminable errance.
Finir par comprendre, juste saisir sa chance.
Nul besoin de sextant, nul besoin de compas,
Juste apprendre à voir ce que l'on ne sait pas.

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