Essayer
aile68
Essayer de retrouver l'air de là-bas, un parfum entre le rustique et les vieilles pierres, le détergent et la lessive, on gardait l'eau pour se laver dans un gros tonneau recouvert d'une planche de bois et on se lavait à l'ancienne, j'aimais bien. Ma tante fermait le rideau de la fenêtre par pudeur mais personne pouvait nous voir, ils étaient tous aux champs ou au marché, on faisait les choses le matin avant onze heures car le soleil à cette heure-ci chauffait sec. Les hommes eux revenaient des champs en fin de journée, les jeunes (des cousins pour la plupart) étaient perchés sur les véhicules agricoles tels des conquérants au sourire avenant, comme j'aurais aimé passer une journée avec eux car il faut l'avouer on s'ennuie un peu parfois quand on ne sortait pas de la cour, mon petit frère une année avait eu l'idée de compter les jours sur un chouette cahier qu'il s'était acheté, tout ce qu'on achetait là-bas était chouette sauf les yaourts (interruption de la chaîne du froid sans doute!), ma soeur avait été intoxiquée une fois, la voisine a dû lui faire des piqûres, là-bas on trouvait toujours quelqu'un pour vous rendre service. Mais c'était avant, quand les maisons étaient habitées, quand il y avait de la vie partout! A l'heure de la sieste cependant, on était plongé dans la pénombre, j'ai vu passer une fois un gros chat comme un léopard sur le toit de la maison d'en face, je n'ai jamais su si c'était vrai ou si c'était une hallucination due au soleil peut-être. Mon petit-frère lui s'échappait en douce de la maison pour aller jouer sous le soleil blanc, je l'ai rejoint une fois, il jouait avec un garçon que je n'avais jamais vu, il y avait une histoire de lézard, je ne me rappelle plus très bien. A seize heures les gens commençaient à sortir, mais c'est surtout vers dix-sept heures qu'on les voyait par les rues. Le célèbre écrivain Pirandello a dit je crois, qu'il n'y a que les chiens et les touristes pour se promener à l'heure de la sieste. Oui, je crois bien que c'est lui qui l'a dit. C'est d'une justesse! Sauf qu'il y a plus de touristes que de chiens à certains moments de l'année. Y en a qui disent que pour aller là-bas, dans ce lieu qui me procure tant de souvenirs, eh bien il faut se perdre, j'ai souris mais ce n'est pas très gentil de dire ça.
Plus j'écris sur là-bas plus des souvenirs me reviennent avec une tendre nostalgie. Le soleil blanc éblouissait tout de ses rayons ardents, les routes pavées, les voitures, les mules. On attendait, les enfants surtout, l'arrivée du glacier, la glace à la crème avaient la côte, moi j'avais une nette préférence pour le parfum au citron, j'aimais son goût acidulé qui me rappelait ce soleil piquant qui pouvait faire le bien comme le mal.
Il a l'air si beau et si proche ce "la bas" qui t'inspire si bien !
· Il y a plus de 2 ans ·daniel-m
Merci daniel!
· Il y a plus de 2 ans ·aile68
Douce France ...
· Il y a plus de 2 ans ·On en vient à se demander si ce paradis a existé.
Les paysans crèvent de leur condition et la campagne est un parc à résidences secondaires.
Coup de cœur, j'ai connu la même chose en Normandie, mois de soleil mais autant de souvenirs bucoliques.
Christophe Hulé
De l'eau a coulé sous les ponts depuis l'époque dont je parle ici. C'est un endroit d'une région qui essaie de survivre. Beaucoup de jeunes s'en vont par manque de travail et ce depuis des décennies...
· Il y a plus de 2 ans ·aile68
Une tendre nostalgie. Bravo!
· Il y a plus de 2 ans ·arzel
Merci arzel!
· Il y a plus de 2 ans ·aile68