Est-ce...?

Quand on y reflechit, au fond, de vous à moi, qu'est ce qui fait tourner le monde ? L'argent ? Le sexe ? Bien sûr que non.

C'est une idée.

Bien moins concrète et bien plus lumineuse et ténébreuse que toutes les considérations que l'on se fait du monde. Un concept de ce qui n'est pas encore. Un voyage dans le temps. Un bond vers l'avenir teinté de passé.

C'est ce qui nous apaise le soir avant de dormir. C'est ce qui met du baume au cœur. C'est ce qui finira par arriver. C'est sûr. Il ne saurait en être autrement. C'est l'attente d'un inéluctable mieux.

Mais ne dit-on pas que le mieux

est l'ennemi du bien ?

Bien sûr que je le connais ce sentiment. C'est lui qui me fait tenir les soirs où je me replis dans les plis de mes draps. C'est lui qui maintient le cœur hors de portée de la rancœur lorsqu'elle m'envahit. C'est lui qui peuple mes nuits en attendant que les jours se lèvent meilleurs. Mais c'est aussi lui qui me mordait le ventre à mon premier chagrin. C'est aussi lui qui me fit prier un Dieu auquel je ne savais pas si je devais croire, enfant, pour échapper aux monstres. Sans succès. C'est aussi lui qui crée en moi ce vide, ce manque que je veux combler.

Il est beau. Mais il est dangereux. Car au delà des désirs et des souhaits, il apporte son lot d'illusions. Il enferme sous clef. Il peut virer à l'obsession. Mais lorsqu'il n'est plus là, alors la mort de l'âme arrive.

Un bien cruel dilemme.

Vivre sans rêver c'est mourir à petit feu

Mais rêver au point de ne plus vivre c'est se consumer à grandes flammes.

Des deux maux lequel mérite

le plus le nom d'Espoir ?

Mais dans le doute,

espérons qu'il y ait un juste milieu

entre croyance et pouvoir...