Il faut que cela s'arrête

sophiea

De l'absence d'empathie ou comment vivre ensemble en bonne coopération

Tout le monde le dit, le COVID a fait des dommages, tant physiques que psychologiques. Il faudrait donc accueillir, placidement, ce trop plein d'émotions mélangées. Tolérer ce qui est pourtant intolérable à  la longue : le manque de savoir-être (qui préexistait et a été renforcé par la crise sanitaire).

Plus de respect, ni d'empathie. Des plaintes qu'une écoute sincère ne suffit pas à calmer. Des demandes d'aide, d'appui, de personnes incapables de les recevoir. En boucle dans leur problématique, ni leur cerveau, ni leur cœur ne fonctionnent plus. Des conflits, des rancœurs, des mots blessants, des actes mortifiants se multiplient.

Je le vis au quotidien et me sens envahie d'un trop plein. Serait-il possible de se décentrer un tantinet ? D'essayer d'imaginer ce par quoi l'autre est traversé ? Faire chacun un pas, réapprendre à vivre en société ? L'autre n'est pas l'ennemi, l'autre c'est moi aussi !


Ne fais pas ta victime… Voilà ce que me dit parfois ma fille, lorsque je livre mon ressenti face à une dispute ou une remarque trop vive. Hier, elle l'a dit à nouveau et cela m'a heurtée. J'ai eu besoin de clarifier tout cela aussi ai-je chercher la définition de ce mot :

Définition de victime

- Créature vivante offerte en sacrifice aux dieux. Immoler, égorger une victime.

- Personne qui subit les injustices de qqn, ou qui souffre (d'un état de choses). 

 - Personne tuée ou blessée. La catastrophe a fait plus de cent victimes.

- Personne injustement tuée, condamnée à mort. Les victimes du nazisme.

J'ai répondu à ma fille que dire mon ressenti m'évitait de trop en souffrir. Elle n'a rien rétorqué. A-t-elle entendu ?

 

En ce moment je vis un mauvais moment au travail.

Une professionnelle m'a crié dessus, de beaucoup trop près en abaissant son masque. Cela, devant des enfants (de moins de trois ans) et d'autres professionnelles. Pour une erreur de commande. Je peux comprendre et accepter sa colère mais pas sa manifestation excessive.

Je me suis excusée pourtant et j'avais même trouvé une solution pour y remédier mais la personne a continué à hurler. Elle n'a pas appelé pour s'excuser après, ni le lendemain et n'ai pas revenu au travail depuis (cela va faire deux semaines). Je demeure avec ce sentiment d'avoir été agressée et de ne pas pouvoir être entendue dans mon ressenti.

Comment collaborer avec cette personne après ? Comment avoir l'assurance d'un minimum de professionnalisme, d'empathie et de respect ? Et si cette personne s'autorise cela, est-ce la porte ouverte à d'autres débordements de sa part ou d'autres personnes ? Quand bien même, elle serait reçue par la directrice pour parler de son attitude bien après les faits, que va-t-il se passer ?  Ai-je envie de recevoir des excuses forcées ?

Je demeure avec mes questions et un sentiment d'injustice. Je ne fais pas ma victime, je suis une victime. Mais comme la plupart du temps je prends sur moi et encaisse en silence, quand je ne le fais pas, cela fait des histoires…

Pour la professionnelle, elle aura un simple rappel à l'ordre. Validant le fait que mal parler aux gens n'est pas si grave. Cela risque donc de continuer. Vous vous dites sans doute que j'exagère, que je surréagis. Mais, si certains individus n'accèdent jamais au statut d'adulte, c'est bien parce que personne ne les a fait sortir de leur toute-puissance d'enfant de deux ans. Être adulte c'est avoir la capacité d'assumer ses actes et donc d'anticiper pour ne pas se trouver dans une situation qui ne pourrait être assumée. Comme c'est difficile de grandir…

 

La professionnelle et moi avons finalement été reçues par la directrice et elle n'a pas vraiment reconnu les faits (elle n'aurait  pas crié tant que cela et ne pouvait pas de m'appeler le jour-même ou le lendemain pour dire qu'elle avait été trop loin, pas même un texto). Puis, elle s'est excusée (excuses forcées) en disant que c'était pour les enfants et non pour elle qu'elle voulait ce jouet. Qu'elle était une bonne pro, qu'elle n'avait jamais eu aucune plainte des parents. Lorsque j'ai demandé si, à l'avenir, nous pourrions collaborer sereinement, elle n'a pas répondu. Quand je lui ai dit que j'entendais sa souffrance  et comprenais que j'avais été la goutte d'eau qui avait fait déborder son vase ce jour-là mais qu'elle devait aussi entendre mon ressenti, elle m'a coupé la parole. Puis s'est tue à la demande de la directrice, mais elle ne m'a jamais regardée.  Elle est demeurée, les bras croisés, en une attitude butée et n'a rien écouté. Tant est si bien que lorsque la directrice a dit que l'entretien était terminé, la pro n'a pas bougé. Ce n'est qu'au bout de la deuxième intervention de la directrice qu'elle a entendu qu'elle pouvait sortir. 

La psychologue va intervenir mais cela sera après les vacances. Tout cela est donc loin d'être fini. En attendant, j'essaye de relativiser, mais il est évident que la confiance va mettre du temps à revenir entre elle et moi.

Plus je réfléchis à cette situation, plus il me paraît évident que ce qui est insupportable pour moi est la non- reconnaissance par la professionnelle du malaise qu'elle a provoqué en moi. Ce manque d'empathie me ramène directement à mon impuissance d'enfant. Quand mon frère et moi, nous faisions hurler dessus et frapper, par notre mère sans raison et qu'elle ne s'excusait jamais après. Cela ne l'effleurait pas de se demander ce que cela nous faisait. Jamais nous nous ne plaignions, à qui que ce soit, tant notre mère nous paraissait fragile, trop fragile pour pouvoir encaisser les conséquences de ses actes. Alors, sans doute, ai-je besoin de réparation depuis longtemps. Cette circonstance professionnelle est probablement celle de trop. Quand bien même...

Cela ne pourra se résoudre que si la professionnelle et les autres professionnelles témoins entendent mon ressenti et s'engagent à coopérer dorénavant de façon professionnelle et non agressive. Est-ce trop demander ?


Finalement, la psy n'a rien fait. Pour la pro, la page est tournée depuis l'entretien. Et moi... J'ai encaissé comme d'habitude. 

 

  • Comme je vous comprends, j'ai 60 ans et je subis encore le harcèlement de la hiérarchie toute puissante. On leur a donné le permis de tuer, plus on est zélé et fragile, plus on a de chance d(y passer. Et l'on se retrouve encore tout seul pour se battre.
    Les "psy" du travail s'irritent si on a le malheur d'exprimer sa frustration ou son impatience devant l'absence de solutions immédiates et de bon sens.
    Reste le CMO prolongé et la petite vengeance futile: "qu'ils se démerdent".

    · Il y a presque 3 ans ·
    Lwlavatar

    Christophe Hulé

  • qui rétablit la confiance.

    · Il y a environ 3 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

    • Grand merci

      · Il y a environ 3 ans ·
      389154 10150965509169069 1530709672 n

      sophiea

  • Un réel souci: les coupables qui cherchent à "retourner" l'accusation, tentant de se poser en victime. L'attitude de la pro est révélatrice: Le simple mot "excuses" lui est étranger. Pour bien des gens, il est synonyme de faiblesse. Alors que, prononcées sincèrement, acceptées de même, les excuses ont un pouvoir libérateur immense ! Qui,rétablit l









    · Il y a environ 3 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

  • Tenez bon. Les justes n'ont pas toujours gain de cause. Mais face à l'éternité, ils demeurent justes.

    · Il y a environ 3 ans ·
    Img 20210803 205753

    enzogrimaldi7

    • merci de votre soutien

      · Il y a environ 3 ans ·
      389154 10150965509169069 1530709672 n

      sophiea

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