Et c'est reparti
raphaeld
Et c’est reparti !
Harpie stridente crève la bulle du rêve, m’arrache aux bras de Morphée, expulse ma carcasse embuée du pieu. J’titube chavire… Grisaille en flou artistique, passants soucieux pressés, bouchons au coin d’la rue… Frôle les klaxons vénères, les furies au volant… J’le vois l’astre solaire qui s’immisce dans les crevasses du boulevard… Grognon mal dégrossi, comme moi tiré du lit…
Le soleil je l’aperçois que le matin dans les flaques d’eau, la journée il passe au-dessus des toitures ni vu ni connu. Les dix heures quotidiennes ça file, ça fuse dans un torrent d’équations et de cafés. Quelques minutes pour souffler, remplir la machine et déjà je recommence à dévaler. Des symboles et des caractères noirs sur fond blanc m’emportent au loin, vers un univers d’abstraction et de concepts. De vagues. Des vagues dans l’océan, c’est ça que je poursuis sang et eau, je les caresse j’y plonge la main, j’essaie de comprendre… Puis le crépuscule envoie ses corbeaux, me tire à lui.
Oiseaux de malheur, emplissent les rues de leurs croassements et de leurs sales plumes noires... Les pseudo-étoiles de la ville pissent leur jaune orangé à plein les nuages, comme sur une palette ça se dilue dans le bleu nuit… On rentre chez soi en matant ses godasses. Des bouts de souvenirs perchés au-dessus des lampadaires, au bout des rues, ils se carapatent comme des rats ils narguent… On se gorge de chimères à pleins poumons, c’est facile, suffit d’ouvrir la bouche et les yeux, elles grouillent de partout... Mais ce soir un coup de fil, deux trois mots me détournent de la routine.
A plus tard pantoufles ! J’fonce à la musique, à la fête !
Ombres en fusion… Extravagantes, déchaînées, assoiffées d’ivresse sans lendemain, exploratrices des folies inconnues, chercheuses d’or dans les culs de bouteille… J’en attrape une, elle me hurle à l’oreille. T’es gentille ! je lui dis, trouve-moi une bouteille et on gueulera tous les deux ! Valse, tourne… Fricote dans les coins, frétille jusqu’au plafond, dégouline de joyeuseté, se répand en mousse de mots cotonneux…
Ah ! Je la mets en garde. Gaffe coquine ! Tiens-moi la main, viens avec moi jusqu’à l’aurore ! La solitude elle va te bouffer, que des os qu’elle recrachera ! Rien que des os et un peu de peau dessus ! Noyés tes jolis yeux ! Dans un bouillon salé ! Celui d’la désespérance ! Ah ! Non ! Pas de ça, colle-toi bien ça va secouer ! Laisse bien tes yeux sur les miens, surtout regarde pas le vide autour de nous, c’est un coup à tomber dedans !
C’est moi le funambule de l’amour. Sur ma corde je jongle avec mon cœur et ceux qu’on veut bien me tendre. Y’en a qui m’échappent de temps en temps, trop gros pour mes mains ou bien trop glissants… C’est plus facile quand ils sont minuscules et durcis… Parfois j’me casse la gueule. Malgré le filet tout explose au sol, ça vole en éclat dans tous les sens… Je farfouille dans les miettes, je recolle n’importe comment, des morceaux de l’un avec l’autre… J’ai un secret pour rafistoler les débris, tu mélanges des larmes avec de l’alcool ça marche tout seul c’est chimique… En quelques jours c’est du béton à nouveau.
Et c'est reparti.
Wahou, ça bouge dans tous les sens ! avec comme une urgence à vivre à fond !... on en ressort tout secoué :-))
· Il y a plus de 7 ans ·Maud Garnier
On dirait un peu du Bergmann (pas le type qui composait pour Bashung et Paul Personne, non, le p'tit jeunot homonyme qu'a eu le prix de Flore des lycéens en 2007....)
· Il y a presque 11 ans ·joli jet donc...
wic
Merci, tu me flattes le bourrichon, et merci aussi pour la sale note.
· Il y a presque 11 ans ·raphaeld
Salut. Je comprends que tout le monde ne puisse aimer le petit Bergmann. Mais moi j'aime bcp sa singularité et sa maturité d'écriture. Ma comparaison était donc positive et effectivement plus ou moins flatteuse. Dommage donc si que mon appréciation n'a pas été reçue positivement. Quant à la note, si tu veux que je la passe de 4,5 à 5, suffit de demander, pas de problème...
· Il y a presque 11 ans ·wic
Bah non laisse ton 0.5 je t'en prie, j'en ai pas grand-chose à foutre.
· Il y a presque 11 ans ·raphaeld
???!!
· Il y a presque 11 ans ·wic
c'est bien quelquefois de toucher le fond pour mieux rebondir!
· Il y a environ 11 ans ·yoda
Damn right yoda.
· Il y a environ 11 ans ·raphaeld
Quel style ! Énergique, subtil, dense. Merci !
· Il y a environ 11 ans ·poulpita
Merci à toi !
· Il y a environ 11 ans ·raphaeld