Et on aura beaucoup d’enfants

Alain Caron

Quand tu m'as dis que c'était fini samedi, j'ai pas compris.

J'ai pas répondu. Pourquoi samedi ? Pourquoi pas demain ou dans trois mois comme un ultimatum de grandes personnes?

Et toi, seras-tu plus grande si tu me quittes samedi ? Tu porteras enfin des robes, tu achèteras des sacs de filles et du maquillage?

C'est vrai, j'ai pas grandi : je saute au dessus des flaques, je dors en pyjama, je joue à me faire peur, je mange les carambars de ta mère, j'oublie de me brosser les dents et je ne pense pas souvent à demain…Et alors ?

J't'ai pas répondu, c'était même pas une question. Tu m'as dis : « c'est fini samedi ». Mais non, non, c'est pas possible, j'suis pas d'accord, ça c'est ma réponse ! 

On s'quitte pas samedi, ni pendant la colo de cet été à Mimizan, ni après. On est trop jeunes pour ça.

13 ans et à peine pré-ados comme dit mon père. Alors, à 13 ans, on s'quitte pas, on reste ensemble et on vivra heureux.

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