Et puis Denver, toujours.

Cécile Vuillemin

C'est toujours à Denver que je me retrouve.

Il n'a suffit que d'un mot

Une désillusion

Pour que je parte me réfugier à Denver

 

Les montagnes du Colorado

Le silence, le temps en fusion

Fuir tout ce qui dans cette vie me tord de peur

 

Après le mot, j'ai besoin de quiétude

De voix muettes, de meubles qui chuchotent

De me retrouver. Je me suis tant oubliée

 

Denver est une vieille habitude

J'y cherche toujours une chambre qui sera comme ma grotte

Pour que je puisse m'y réfugier, m'abandonner

 

Les pages défilent, une annonce accroche mon regard

« Artist Cottage in Denver »

Cet endroit est fait pour moi, j'y laisserais mon orage

 

Le voyage sera rude et fatiguant mais je pars

Vers l'apaisement que m'apportera la douceur de l'hiver

A travers les montagnes et leurs mirages

 

Je suis accueillie par une vieille femme, calme et belle

Je sens déjà le mot qui s'en va, se disperse

La chaleur de la chambre me détend et m'enlace

 

Denver n'a pas changé, je me ballade et m'emmêle

Les pieds dans les pavés des places, renverse

Mon coca puis enfinm'assois, lasse

 

Les jours passent et d'autres mots surgissent

Plus simples, plus sereins. Cette chambre est comme un cocon

Les cauchemars des premières nuits sont partis

 

Je croise mon hôte chaque jour, elle glisse

A coté de moi sans un bruit. Elle a compris les raisons

De mon voyage ici, à l'autre bout de ma vie

 

Cette chambre d'artiste m'a remise sur un chemin

Il semble sinueux mais moins dur qu'à mon arrivée

Il est temps pour moi de prendre congé

 

Encore une fois, Denver a consolé mon chagrin

Colmaté la brèche du mot lacéré

Apaisé le tourbillon des mille pensées.


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