Étoile sombre

Si loin de nos regards, abyssal et serein,

Illuminé d'aurore obscure, basanée,

S'éveille en gravité l'indolent pèlerin,

Timide reliquat d'une étoile fanée.

En silence élancé vers les cieux riverains,

Il abonde en lueurs sombres et surannées,

Qui sans luire du feu de leurs jeunes années

Se révèlent d'un corps massif et souverain.

Dans les souffles glacés de l'espace infini,

Entouré de reflets essoufflés de mirages,

Il est le firmament d'un seuil indéfini

De spirales en vain qui ne veulent finir

À l'écorce d'un lit parsemé d'avenir :

Le rivage où se meurt la rivière des âges.

(Poème tiré de quelques réflexions sur la nature de ces mystérieux objets que sont les trous noirs, bien entendu sans prétendre à aucune forme de véracité scientifique. Pour le titre, j'ai repris la dénomination originale de John Michell ("dark star"), qui fut à ma connaissance le premier, en 1783, à avancer l'idée d'un corps si massif que même la lumière ne pourrait s'en échapper, précurseur de la notion moderne de "trou noir".)