Fais le buzz et t'es toi !

Mathieu Jaegert

Le buzz, rien que le buzz

Cher Buzz, grand maître ès coups d'éclat retentissants

 

Si je t'apostrophe de la sorte, c'est pour décrypter les mécanismes de ton succès. Rassure-toi, loin de moi l'idée de m'accaparer ton savoir-faire et tes lauriers. J'aimerais juste piger. Permets-moi de me livrer sans trop structurer mon propos. Après tout, peu de précautions stylistiques s'expriment lorsque tu es fait buzz. De mon côté - j'aurais dû commencer par là - je tente tant bien que mal d'assembler des mots en textes que je largue sur la toile une fois fignolés, lus et relus. Mais mes statistiques restent faméliques et les répercussions minces. En m'y prenant comme un manche, j'attire plus les foudres que l'éclair. Ton coup de main m'intéresse donc au plus haut clic. Toi qui as des accointances aux quatre coins de la toile, tes entrées un peu partout et un réseau de twittos et d'instagrameurs. Un cv long comme le bras qui ne compte pas pour du youtubeur. Tu vas me trouver jaloux ou animé d'une quelconque animosité. Détrompe-toi. Cette soif d'exister, de reconnaissance, quelle mascarade ! Des lecteurs en pagaille ? Comme si j'en avais cure ! Cela dit, comment expliquer que ceux qui te font buzz prennent ainsi leurs aises avec la syntaxe et l'orthographe ? Comment peux-tu admettre de telles approximations ? Comment accepter que l'invasion de bons sentiments, les images sans relief et les citations détournées allient millions de vues et applaudissements à tout va ? Pendant ce temps, moi, je rame. Je m'escrime à placer la bonne virgule au bon endroit et la meilleure formule au meilleur moment. Empêtré dans mes doutes, je m'évertue à être simplement bon quand d'autres ne s'encombrent pas de telles intentions. Heureusement, il y a aussi ceux qui en font des tonnes et détonnent avec ta-lent, propageant pourtant vite leurs trouvailles sur le Web. Eux, je les soupçonne d'avoir conclu un deal avec toi. Tu me vois venir ?

Oui, je suis persuadé qu'une collaboration pourrait s'avérer fructueuse. Un échange de bons procédés, ni plus ni moins. Notre complémentarité saute aux yeux. Tiens, quand j'éprouve le besoin de réfléchir, en un millième de seconde tu réfléchis un texte à la façon d'un miroir, lui assurant une diffusion fulgurante. Je recherche l'immédiat, tu es l'e-media. Qu'en penses-tu ?

 

Je t'avoue que l'an dernier, j'avais tenté ma chance auprès du Père Noël. Cet enfoiré pourtant armé de rênes besogneux avait alors privilégié la lettre de mon fils. Si tu pouvais relayer ma missive, on ne sait jamais, mon blog en chantier pourrait connaître quelques soubresauts. Attention, je ne revendique qu'une maigre part et non pas une intronisation en règle dans la confrérie des faiseurs de buzz nés. Cela étant, ne me réponds pas publiquement, des fois que tes mots éclipsent les miens. Ecris via la messagerie privée. Je t'envoie fissa une demande d'amis sur facebook.

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