Fanny de Recouvrance

Susanne Derève

 

Le granit  et l'ardoise

Le vernis des mats

L'acier du bastingage

froid

Les arches et les ponts

Le pavé sous nos pas

 

 

Et  le soleil vrillant  la mer

avant la pluie

avant la bruine et le brouillard

 

quand les rues menaient quelque part

à des gargotes aux vitres aveugles

de poussière 

à des  voix rongées d'insomnie                                       

 

Les rues menaient à des remparts

Les rues s'ouvraient sur des fontaines

et les fenêtres sur des squares

Les jardins sentaient la bohème    

et le départ

 

A quai,  flottaient les goélettes  blanches

prêtes à l'appareillage

La mer  les emportait

et les voiles larguées    

se déployaient au vent 

claquaient dans les embruns

 

On égrenait  le temps

On égrenait les jours    

Fanny de Laninon tissait des mots

d'amour

De ce temps là 

qui se souvient ?

 

Le granit et l'ardoise

le pavé  sous nos pas

les arches et les ponts

ils disent n'oublie pas



Peinture : Maurice Denis  ( Le port de Brest)

 

 

 

 

 

 

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