Fataliras peut aller se ré-habiller
interlude
Mise à nue...
Pour la mise à mort, c'est trop tard...
Avant j'ai été autre... Pas commune, souvent décalée, dérangeante et inaccessible.
« La vie est une pute, il faut avoir les moyens de se la payer » dit Dutronc.
J'en étais convaincu, habité, mon existence de presque 40 années était forgé de travail, de maîtrise, de l'absolue nécessité de tout mener de front moi qui n'était à l'origine pas destiné à exister...
Ma vie étant volée, il fallait m'en amender et prouver à n'importe quel prix que j'en étais digne.
Près de 40 années et une existence qui en vaut 80 pour tout connaître vite, tout expérimenter de peur de manquer quelque chose, pour vivre ce que vit tout individu légitimé, vite avant que tout s'arrête...
Et puis un jour, un événement déclic et...ça s'arrête, tout s'arrête...
Break Down...
Tout lâche, je veux dormir, manger, me lever, travailler, je veux de toute mes forces mais je ne peux plus...
Un verdict terrifiant tombe : « inapte »
C'est comme une exécution, un échec, une petite mort... Et ce n'a été que le début.
Je n'avais pas voulu tenir compte des signes, forte de ma conviction du « Quand on veut, on peut »...
Foutaise, égocentrisme, invincible je me pensais...
Je redevenais « rien », à demi morte et dans cette moitié atrophié de conscience de vie restante, me sont revenus des trépas de mon oublie volontaire tous les souvenirs et douleurs passées. Une partie de moi les avait oubliés et ils me revenaient TOUS tel une armée véhémente, vendicatrice et revendicatrice du dénie si loin, si longtemps enterré...
Je ne savais pas que même en luttant de toute ses forces on pouvait ne plus réussir à dépasser et je me rappelle que dans mes livres d'enfant favoris il y avait « Don Quichotte »... Mon héros, référent, celui qui se battait contre les moulins à vent...
Ahahahah, celui qui vivait d'utopie aussi, fou de ne pas tenir compte des éléments et vicissitudes, fort de sa détermination passionnée...
Rien, je suis redevenue rien, comme à l'origine, plus proche du cucurbitacée que de toute autre espèce, qui tricote pour passer ses jours et nuits sans sommeil plutôt que de penser, proche de la non vie à défaut d'avoir la force de se donner mort. Sans vie mais pas encore morte... L'enfer existe, il vous accorde encore le droit d'être là, mais vous ôte le souffle, l'inspiration, la foie. L'enfer vous maintient en vie mais exempt de feu sacré.
J'aime les sensations fortes, j'aime le flux rapide qui circule dans les veines et donne l'impulsion à tous les possibles, j'aime l'élément VIE et j'ai voulu, réellement voulu la quitter pensant l'avoir perdu...
« Rien est l'infini » dit Deleuze mais « Rien » sans désir est cadavérique.
Les certitudes s'envolent, les ami(e)s s'éloignent, le vide remplace l'espace, partout...
Que reste t'il ??
Le retrait.
S'isoler du monde... J'ai passé 5 semaines hors du temps, dans un environnement cocon et proche de mes douleurs, un Doc douceur, son attention quotidienne, du temps (oui du temps, quand on ne l'a jamais pris, quel cadeau !), un vrai repos, lâcher prise ou tout au moins apprendre... « S'armer » autrement pour poursuivre...
C'est pas gagné, dehors il fait froid, les rues, les gens, le flux, le quotidien avant si familier, tout est éprouvant; je suis une amnésique qui se rappelle de tout sans savoir qu'en faire; hier est un fardeau, demain je ne sais plus l'imaginer, le désirer. Je suis à nouveau dehors sans filet et je ne sais comment faire, mes automatismes ont disparus, je suis géré chimiquement, je me déteste, je me déçois.
Du temps, encore du temps... « Patience et longueur de temps valent plus que force et que rage »
Contrainte (détestable) et forcée (encore plus détestable), j'ai appris la patience, j'ai appris à vivre dans mes désespoirs, j'ai appris que ce n'est pas irrémédiable et aussi que l'humain est fragile, sensible et que les actes comptent...
J'ai appris la douceur et l'harmonie...
1 an, presque 1 an depuis ce Break Down, cette maladie considéré encore trop souvent comme honteuse et simulé qu'est La Dépression.
Je vais mieux, je vais bien, j'ai de la chance, d'autres ont perdus plus que moi...
A reborn à 40 ans c'est un joli cadeau.
Retrouver le déclic ? Comment ?
Écouter son instinct, écouter son corps et puis...
Apprendre à faire confiance, se lancer, c'est sans garantie de réussite mais c'est être présent, au présent...
Et puis les dé-clics, magique !
Les miens ? Cassis; une échappée, du repos, le son du sud ET au retour une émulsion, un challenge à relever (suis je encore capable de...) et 3 jours au delà de mes espérances...
1 an d'enfer et 3 jours pour enfin en sortir; quel merveilleux cadeau :))
Grâce à ça, grâce à eux, 1 an après me voilà...
Pas une peau neuve mais moi libre, juste moi dénué de mes barbelés ET prête à construire, créer, partager.
Merci mes vecteurs de déclic : DcDouceur, NPK, AB, PL, CV, CS,LA & co... infiniment...
Pardon, je n'avais pas répondu... Et inversement, Merci Léo :)
· Il y a environ 14 ans ·interlude
Bonjour, j'ai aimé lire ce premier texte de toi. Le parler vrai, le rythme et l'envie de poursuivre pour le plus grand plaisir que j'aurai à te lire ultérieurement. A plus tard,
· Il y a environ 14 ans ·leo
Merci à vous 2, effectivement demain ne sera plus comme aujourd'hui, mais demain il y aura d'autres lumières...
· Il y a environ 14 ans ·5 cœurs, wwwouuuaaa :))
interlude
Magnifiquement écrit et émouvant de vérité.
· Il y a environ 14 ans ·ko0
Criant de véritéS...Une tranche de vie exprimée avec des mots on ne peut plus justes...et je sais de quoi je parle.. merci pour cette pudeur dévoilée.. où beaucoup pourront se retrouver et savoir que demain ne sera plus jamais comme aujourd'hui... espérons-le du moins..
· Il y a environ 14 ans ·très beau texte! (5 coeurs ;-) )
thelma