Faut pas pousser mémé !

Hervé Lénervé

Je voulais acheter en viager la propriété de la mémé de vivi.

-         Bonjour madame, votre petite-fille m'a dit que vous aviez du mal à joindre les deux bouts. Aussi, je voudrais vous acheter votre caravane en viager.

-         Mais mon garçon, si je vends ma caravane je ne pourrai plus voyager.

-         Vous n'avez pas de voiture, mémé ! Vous permettez que je vous appelle mémé, comme je connais bien votre petite-fille, c'est ma copine.

-         Ta petite copine ?

-         Mais non, mémé, je suis marié et fidèle. Certainement le dernier homme fidèle sur cette Terre et il a fallu que ça tombe sur ma gueule.

-         Autrement, je n'ai pas besoin de voiture, mon garçon, je la tire moi-même… avec les dents.

-         Mais il ne faut pas faire ça, mémé ! Vous allez vous esquinter toutes les dents !

-         Ça n'risque pas, mon gars, j'n'en ai plus !

-         Mais enfin, cela doit être très lourd ?

-         Seulement dans les côtes et je ne prends que des descentes.

-         Vu de ce côté, effectivement, mais attention de ne pas vous faire entraîner par la déclivité.

-         Attend mon gars, crois-tu que je sois une fille facile ? Ni pute, ni oie blanche ! Voilà ma devise !

-         Je ne me serais pas permis, mémé… bon et pour la caravane ?

-         Je ne peux pas te la vendre, mon p'tit gars, car se faisant, je serais SDF sans logement durable, équitable.

-         Je vous propose un viager occupé… occupé par vous, mémé.

-         C'est bien ça, mais où vas-tu loger, toi ?

-         Chez moi.

-         Si tu as déjà un chez toi, pourquoi veux-tu acheter le mien de chez moi ?

-         Pour en avoir un de secours.

-         C'est idiot ! Tu ne peux pas habiter deux chez toi en même temps.

-         C'est vrai ! Mais je peux en louer un, votre caravane par exemple.

-         Combien ?

-         Je ne sais pas trop, disons, deux cents euros mensuel, peut-être.

-         C'est cher, je ne peux pas mettre autant pour m'abriter de l'adversité météorologique.

-         Pour vous, en tant que déjà propriétaire, je vous ferais un petit prix.

-         T'es gentil, mon p'tit gars, mais il faut que j'en parle à ma petite-fille avant.

De nos jours ce n'est pas facile d'escroquer les vieilles dames, elles ont toutes une petite-fille aussi avisée que vivi.

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