Forcée

Lutécia Cendrelle

"Allongée à moitié nue dans les cyclamens, une fleur va découvrir qu'elle est une autre femme..." Nouvelle érotique.

Quand j'achète une robe courte, j'hésite toujours. Souvent, je la repose dans les rayons après essayage. J'ai une certaine tendance à me trouver trop aguicheuse dès que le tissu monte au-dessus de la mi-cuisse et invite le rêve.

Peut-être l'âge ? Peur du regard des autres ?

Me vois-je plus mère que femme de trente-cinq ans ?

Ma fille de dix-sept ans n'hésite pas à s'habiller court, très court. Ceci ne plaît pas trop à son père.

Lors des soldes de l'année passée, elle m'avait un peu forcée. Un achat que j'ai regretté, même si dans la cabine d'essayage son sourire et mon reflet m'avaient plu. Moment complice amusant. Nous avions choisi la même robe. Enfin presque, une légère différence dans le décolleté, et bien sûr la couleur.

Le bleu me va bien, alors j'avais décidé d'être marine, pour éclabousser les yeux des autres d'embruns de beauté.

Contrairement à Cindy, cette robe, je ne l'avais jamais mise, au grand désespoir de ma fille. Alors pour cette journée d'été qui s'annonçait chaude, je lui fis plaisir. Nous avions décidé, elle et moi de porter nos achats pour ce déjeuner chez nos amis Patricia et Régis, Martiniquais délicieux. Un beau couple entouré de deux enfants charmants aux cheveux longs frisés. Des volutes de tendresse qui s'agitent au vent.

 

Patricia est enceinte, un ventre énorme. Des jumeaux à venir.

 

En partant de notre appartement, mon mari Florian avait un drôle de regard en nous scrutant Cindy et moi. Je ne savais pas trop ce qu'il pensait.

Trop salopes ? Trop jolies ?

Il ne dit rien, mais je crois que nous voir ainsi vêtues lui fit quelque chose. Me revoyait-il jeune, quand nous nous étions rencontrés ?

 

C'est vrai que Cindy me ressemble. Énormément. Aussi blonde, un visage de poupée. Beaucoup plus fin que le mien. Les années passent, je ne l'ai pas vue devenir femme…

Le temps a commencé l'esquisse de rides sur mon visage avec son pinceau, mais je suis la seule à les voir dans le miroir qui encadre mon portrait…

 

Avant de partir, je glissai une goutte de parfum entre mes seins fermes qui étaient serrés dans le tissu. Je n'avais pas mis de soutien-gorge, l'été je les laisse souvent libres et ma lingerie n'allait pas avec cette grande ouverture dans mes vallées sensuelles. Alors j'ai osé, même si je sentais que Florian allait me juger. Il ne savait pas non plus que Cindy m'avait convaincue de mettre un de ses strings…

 

Florian me parle souvent de ma forte poitrine et adore y faire coulisser son sexe pour y jouir. Un plaisir que je lui offre souvent, même si les jets de sperme me font un peu peur.

 

J'ai vu qu'il bandait alors que je sortais de la salle de bain.

J'avais quand même hésité car le premier bouton était un peu tendu et j'avais l'impression que la taille du dessus n'aurait pas été un luxe.

Je suis assez fine et mes hanches sont larges, alors la coupe des robes me pose parfois quelques problèmes. Mon 95D ajoute en difficulté quand le tissu est très léger et moulant.

 

Quand nous sommes arrivés chez nos amis, Régis affichait un regard surpris en nous offrant une bise Cindy et moi.

 

— J'ai du mal à savoir qui est la plus jolie de vous deux, Marjolaine ! dit-il en nous lançant un sourire charmeur, chacune notre tour.

— C'est maman, répondit Cindy.

 

Patricia regarda les larges volants de dentelles mi-transparentes qui entouraient le haut de nos cuisses et qui donnaient à nos bras un air de liberté…

Des ailes blanches d'oiselles de la beauté.

J'eus soudain un peu honte en voyant la peau nue de ma fille ; la lumière s'y posait jusqu'à son entrecuisse.

Sur mes talons aiguilles, j'avançai vers la terrasse, invitée par Patricia dont le ventre avait encore grossi depuis notre dernière rencontre. J'étais énorme durant ma grossesse, et je la plaignais avec cette chaleur étouffante.

 

Trois punchs plus tard, je commençai à rire…

 

Patricia nous servit l'entrée, une jolie salade d'été décorée de piments. Puis elle nous quitta, déçue, pour aller se reposer, ne se sentant pas très bien.

Florian buvait trop, et ses blagues sexistes m'énervaient un peu.

Au milieu du repas, arriva ce qui devait arriver. Le premier bouton de ma robe sauta et mon décolleté devint vraiment provoquant. Indécent. J'avais les joues rosies par l'alcool et la honte.

Après le dessert, tout le monde s'installa sur les transats placés en rond sur l'herbe. Pour digérer ce bon repas, prendre un café et éliminer un peu les vapeurs de punch et de rosé…

 

— Où est Cindy ? me demanda Florian.

— Elle est partie près de la rivière avec les petits.

— Qu'elle les surveille quand même… Il faudrait peut-être demander son accord à Patricia, dit Florian.

— Laisse-là, elle dort ! Et moi, je compte pour du beurre, je suis leur père.

— Désolée Régis, je ne voulais pas te blesser.

— Cindy n'est plus une enfant, elle les balance sous le grand chêne, ils adorent ça, tu sais bien, répondit-il.

 

Le parc de nos amis est géant et Cindy aime s'occuper de leurs enfants. Elle en fera sûrement son métier, elle est passionnée par les gamins.

Cette balançoire, je l'aime beaucoup. Elle nous emmène haut dans les branches, voyager comme une feuille morte à l'automne.

 

Régis était face à moi, les yeux cachés derrière ses lunettes de soleil, mais je voyais son regard effleurer mes gros seins découverts. La longueur de ma robe me gênait, mes cuisses étaient très exposées, même si je faisais attention et croisais les jambes.

Très vite, Florian s'est endormi et ses ronflements ont dû entraîner Régis vers les bras de Morphée. Je me suis retrouvée comme une idiote à regarder les nuages courir dans la prairie bleue ciel. Je me suis détendue et j'ai remonté un peu ma robe pour donner des couleurs à mes cuisses. Si Patricia s'était levée, elle m'aurait trouvée très provocante.

Tout au fond du terrain, le sous-bois vers la droite était couvert de cyclamens. Ils m'ont très vite attirée. J'adore ces fleurs et le tapis qu'ils déposent aux pieds des arbres. Des couvertures pour s'allonger et rêver.

Mes escarpins s'envolèrent, et je me dirigeai pieds nus vers le bâtiment aux murs de bauge et tuiles anciennes, pour admirer les fleurs.

Je me suis allongée dans la mauvitude et me suis surprise à prendre quelques selfies comme une adolescente. De jolies photos, sensuelles, un peu érotiques. Pornographique pour l'une d'entre elles, la robe levée, les fleurs léchant mes fesses.

Étrange sensation. Je me trouvais belle.

Je me dis que ces clichés feraient un joli cadeau d'anniversaire pour Florian le week-end suivant.

 

Je pris quelques gros plans des cyclamens, j'étais à quatre pattes, les fesses relevées en essayant de régler mon smartphone en macro.

Je n'entendis pas Régis qui me surprit dans une position assez gênante.

 

— Viens par-là, me dit-il en me montrant le mur.

 

Il m'attrapa le poignet et me plaqua rapidement contre le bâtiment. Ses mains commencèrent à caresser mes seins, mes tétons se mirent à pointer à travers le tissu. Il étouffa mes mots par un baiser et sa langue entra dans ma bouche pour une danse érotique.

Ma respiration accéléra, mon cœur frappait dans ma poitrine et je sentis dans mon antre la rivière frémir dans le lit de l'aventure.

J'étais à la fois excitée et gênée de cette pulsion. Pourtant, je ne protestais pas.

Je n'avais jamais trompé Florian, mon seul amant depuis mes dix-huit ans. Le seul homme à qui j'avais donné mon corps. Enfin, une partie.

 

Les baisers de Régis devenaient de plus en plus intenses et ses mains s'aventuraient sous ma robe. Il caressait mes fesses nues et ses doigts touchaient ma toison humide, se faufilant sous l'étoffe miniature de coton, écartant mes lèvres, jouant dans le suc du désir.

Les « oui » m'échappaient, et le plaisir rougissait mes joues.

L'audace de Régis continua de me surprendre. D'un geste rapide, il déboucla sa ceinture, enleva les boutons de son short et le baissa un peu. Son sexe tendu en sortit immédiatement.

Il me retourna, leva ma robe, et avec sa main gauche, baissa un peu mon string. Un geste brusque qui à ma grande surprise m'excita autant que les mots crus qu'il prononça.

Alors qu'il commençait à me pénétrer, il saisit mes deux mains et les posa à plat sur le mur.

 

Je me faisais « baiser », c'était la première fois…

 

Les coups de boutoir de Régis me surprenaient. L'intensité me plaisait et il mit très vite la main sur ma bouche. Les cris que je laissais échapper entre ses doigts me couvraient de honte.

Je n'avais jamais fait l'amour debout, ni laissé Florian me pénétrer par l'arrière.

La queue noire de Régis coulissait dans mon vagin, il m'emplissait, me paralysait, me ravissait.

Mes jambes se mirent à trembler et tout mon corps se laissa aller.

Je perdais contrôle, je jouissais en essayant de retenir mes cris.

Régis se retira, il baissa encore mon string à mi-cuisses et s'agenouilla en tenant ma robe levée. Sa bouche commença à fouiller mes fesses, sa langue s'aventurant dans le lieu le plus tabou de mon corps. Je sentais la chaleur sur mes joues et commençais à me retourner…

Il stoppa mon geste.

 

— Je n'ai pas joui p'tite salope ! me lança-t-il en me cambrant un peu. J'ai pas fini !

 

Son gland se posa au milieu de mes fesses, je sentis sa salive couler le long de ma raie et il replaça sa main sur ma bouche en me tenant un peu plus fermement.

Les « oui » et les « non » se mélangeaient dans ma tête, et alors qu'il entrait en moi, je me détendis et décidai de le laisser faire.

Dans les cyclamens, mes tabous retombèrent en poussière et après quelques coups de reins assez virils Régis jouit en moi, déversant de longues giclées de sperme en saccades, tout en m'embrassant dans le cou.

La sensation me surprit, la douleur et le plaisir aussi.

 

Il posa ses lèvres sur ma bouche, releva son short et se sauva en direction des transats, m'abandonnant le string encore baissé, le cul endolori, le sperme coulant le long de ma cuisse.

Une sensation qui ne me plut pas du tout…

Je ne voulais pas tacher ma robe, alors je retirai mon string et m'essuyai bêtement avec, sans réfléchir.

Je balançai le slip de ma fille dans le bois voisin abandonné où les ronces et les buissons s'étaient développés depuis des années. Un geste idiot que je regrettai immédiatement en me disant que Cindy me le réclamerait…

 

Je marchai lentement jusqu'aux transats, et aperçus Florian qui ronflait toujours. Régis me regarda approcher. Il ne dit rien, sa femme Patricia arrivait au loin, la main sur le gros ventre.

Je restai avec les non-dits, les joues encore roses de mon orgasme.

 

Pour son anniversaire, mon mari ne reçut pas que le texto coquin avec les photos dans les cyclamens.

Cindy dormait chez une amie, après un dîner au restaurant, je surpris Florian en levant ma jupe dans l'ascenseur. Je portais des bas, un string de soie et le porte-jarretelles que j'avais acheté il y a cinq ans… Sans jamais le sortir de sa boîte.

Je l'attendis au bord du lit, en levrette, en gardant juste mon porte-jarretelle et mes bas noirs, exhibant ma toison blonde dès son entrée dans la chambre où notre amour ne fait que très rarement des étincelles…

Mes mots le ravirent, même s'il fut surpris.

 

— Baise-moi, lui ai-je dit en le regardant dans la glace de l'armoire. Si tu en as envie, tu peux aussi oser plus…

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