Fourmi

Christophe Paris

poème urbain.


Es-tu vraiment faite pour moi qui suis dans tes bras pour toujours

Toi qui m'a séduit de tes atours aux milles lueurs

Tes nuits de matins, balades dans tes bras cœur à cœur

Ebloui par tes richesses je n'ai pris garde aux jours

 

Devenu un autre, ombre d'âme par ta faute

Je me suis oublié pour fondre en tes passages

Tu m'as bouleversé, modelé à ton image

Je voudrais que de tes avenues l'on me ôte

 

Je suis un arctidae brûlé par tes chimères

Métamorphosé en goutte de ton sang cannibale

Tes bouches de métro qui chaque matin m'avalent

Métal rails qui guident mon destin que tu altères

 

Celui dont tu décides, celui que tu nous octroies

En échange de lâcheté, de loyaux services

A moi terrasses, restaurants, que valsent les pubis

Méphitique mirage, illusion d'être roi

 

Pleutre mensonge à nous-mêmes en guise de vérité

Qui brise le jugement, déforme les sentiments

Perte de soi, de ses rêves coulés dans le ciment

Même lorsque je te respire je suis irrité

 

Et j'enrage de toujours t'aimer de rester ici

De ne plus pouvoir m'arracher à tes tentacules

De rester happé par tes lignes sans aucun recul

De marcher dans tes parcs d'un pas léger sans soucis

 

 

Hypnotisé par tes façades à l'heure dorée

Par tes musées qui m'emportent dans un ailleurs lointain

Tes bars et leurs fumées béquilles comme du faux teint

Tes filles en jupes pour aimer plutôt que pleurer

 

Tes tissus qui nous embellissent, mensonges de beauté

Auxquels nous nous efforçons de croire pour fuir le noir

Devenir autre pour l'autre avoir l'air d'y croire

Finir par s'en convaincre jugement d'esprit ôté

 

Ville qui fait de moi cette insignifiante fourmi

Je  te déteste mais je t'aime fort oh ma reine

Si seulement l'on m'avait averti de la peine

Je ne serais tombé dans tes bras sale ignominie

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