Frissons à foison
Frédérique Panassac
Lorsqu’un matin le beau Martin se dit
Qu’il voulait voir un coin de paradis,
Il mit sa veste et d’un geste élégant
Prit au parking le plus grand éléphant.
Il savait bien que dans la chambre immense
La tendre Alma l’attendait en silence.
Martin brûlait d’amour pour sa nymphette.
Le jour serait pour eux comme une fête
Il n’aurait pas besoin de se vanter,
Ni de conter alentour sa prouesse.
Le temps passait, et, à la vérité,
Il ne voulait aucune autre maîtresse.
Mais l’éléphant de Martin en ce jour
Devait aller boire au grand réservoir.
Martin, fébrile et rêvant à l’amour
Oublia de fermer le remontoir
Qui permettait à l’eau d’être amenée.
Et l’éléphant ne but que de la boue.
Le pachyderme, outré d’être berné
Traita Martin de traître sapajou.
Alors l’homme, dans un sursaut
De remords envers sa monture
Puisa au fond de ses ressources et prit un seau
Plein d’une bonne nourriture.
Le fruit de son inspiration
Sauva la situation.
L’air n’était plus irrespirable.
L’animal gris lui était favorable.
Martin trouva la solution,
L’éléphant fit ses ablutions,
Et, d’humeur à nouveau sereine,
Dirigea ses pas vers la reine
Des pensées de ce bon Martin.
Le jouvenceau s’étira de plaisir,
Devant la porte il oublia sa bête.
Notre éléphant, n’en faisant qu’à sa tête,
Mangea le sac contenant l’elixir.
L’ampoule se brisa, Martin pleura,
Car le destin voulait que son Alma
Mourût avant le soir si ce remède unique
Ne lui parvenait pas.
Il prit alors dans sa tunique
Une boite en fer blanc que la fée sa marraine
Avait fait surgir là comme aide souveraine.
Il y trouva, miracle bien tardif
Trois ou quatre préservatifs.
Peu ébloui par ce cadeau bizarre,
Il n’y vit cependant pas la main du hasard.
Dans sa riposte à la mort, sombre reine,
La boite lui servit : il y mit l’elixir
Qui restait du festin du gourmand éléphant.
Du sort cruel Martin fut triomphant
Et put chérir l’objet de son désir.
Son Alma fut sauvée, et lui fit dix enfants.
La morale de cette fable
Est qu’un éléphant, pour être acceptable
Doit boire une eau irréprochable.
J'aime beaucoup le ton décalé, bravo.
· Il y a presque 12 ans ·Mathieu (Jaegert)
Mathieu Jaegert
Merci Lyselotte et Frédéric. Je me suis absentée et ne lisais plus les messages. Je rattrape mon retard aussi pour les lectures.
· Il y a environ 12 ans ·Merci Abiclown pour votre passage. Je sélectionne actuellement d'autres textes anciens à poster car j'en écris peu en ce moment. Merci pour le commentaire, ça fait plaisir.
Frédérique Panassac
Du coup je passe par ici, bien que peu actif côté lecture. l'amusement est partagé.
· Il y a environ 12 ans ·Martin a réussi son coup de harpon (de l'Alma). Quel zouave
sigismond--tartampion
Absurde mais rythmé en diable! Bravo.
· Il y a environ 12 ans ·Frédéric Clément
C'est vrai qu'elle est absurde mais chouette justement parce-qu'absurde !bravi bravo
· Il y a environ 12 ans ·lyselotte
Je me suis bien amusée à écrire cela, il y a plusieurs années. L'absurdité de ce poème (ou de cette fable) est assumée, c'est un jeu.
· Il y a environ 12 ans ·Frédérique Panassac