Funeste éloge à la mort (concours "jouir sans entraves")

hariash

Pouvoir d'achat. Pouvoir acheter. Pouvoir vivre, pouvoir jouir pouvoir jouer, jouer avec les liasses, surfer sur les billets, écumer les vaguelettes mornes de l'océan consumériste. Jouir en une quête sans fin de l'oubli. Qui ne s'y refuse pas se condamne à jouir sans se réjouir, qui l'accepte se console et oublie. Si consommer est vivre je refuserai de jouer, de bosser, disais-je encore hier; je ne suis point forçat et pourtant l'on me force. Et aujourd'hui, je consomme, je vivote et oublie : force est de constater que vivre sans vaillance me condamne à l'errance.

Jouir, se réjouir mais à quel prix, question posée par nos vies par nos vices. Qui ne se joint pas à l'orgasme collectif se retrouve orphelin gamète à périr en cellule. L'allergique au travail se gave d'illusions cycliques, l'allergique au combat d'antidépresseurs. Seuls vaincront les fanatiques, les bourreaux, les amants épris qui sans relâche ni répit continueront à jouir, du travail, de la chair, des sorties en boîte pour s'emboîter avant d'emboîter leurs vies et de finir. Sous terre, loin des hommes, en pommes reluisantes dont se repaissent asticots et vers. Croquer la vie, nous y étions favorables jusqu'à finir bonnes poires, oranges pressées par presse-agrumes, amas de jouissances récoltées par presse-amertumes.

Alors laissons faire le vice, en attendant l'utime tour de vis qui ligaturera nos trompes – ries. Bois. Vautres toi en son sein, que les saints nous rejoignent en une orgie prédatrice. Franchissons les lignes blanches, trempons-y nos narines et par un lubrique cantique, clamons un funeste éloge à la mort.

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