Gainsbourg ou la beauté du désespoir...

Mickael Froideval

Baby Alone in Babylone.Jane Birkin.1983.Philips

Gainsbarre aura fait se barrer Jane.

Trop d'excès, trop d'alcool, trop de nuits enfumées...Mais là où d'autres auraient crachés leurs désillusions, leurs rancoeurs ou leurs colères, le génial Serge redevient Gainsbourg pour faire chanter à sa muse éternelle la douleur de leur séparation.

Classieux!

Le désespoir est récurent dans cet album à l'écriture ciselée, produit par Philippe Lerichomme, compagnon de toujours du couple.

Je ne peux qu'imaginer les frissons (les pleurs?) de Jane à la lecture des textes sublimes que sont "Fuir le bonheur de peur qui ne se sauve"  ou  autre "dessous chics".

"Les dessous chics" justement.

C'est à mon sens un summum de l'univers de Gainsbourg, une chanson où il met en mots et en musique la part la plus intime de lui même et sans doute  la plus féminine.

"En rire de peur d'être obligé d'en pleurer", soit  toute l'ambiguïté d'un artiste sublime qui n'aura cessé de maquiller sa fragilité pour faire en sorte qu'on ne devine jamais qui il était vraiment.

Pudique jusque dans le désespoir, le Serge.

Et Jane, de sublimer de sa voix improbable, de son accent étrange, les mots de cet ex qui, en  rupture, lui offre le meilleur de lui...

"Con c'est con c'est conséquences", "rupture au miroir","haine pour aime"...

Le couple exhibe sa douleur en chefs d'oeuvre anthracites.

Outrageusement désespéré,Gainsbourg fait un jolie cadeau a sa magnifique anglaise et lui offre un album sublime jusque dans la tristesse.

Toujours en se gardant fragile comme un bas de soie...

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