Gogolerie

 Sur l'enseigne on  pouvait lire : « Maison des combattants et de la Mémoire ».

Je rentrai par curiosité.

-         Bonjour monsieur !

-         Bonjour monsieur, c'est à quel sujet ?

-         Je ne suis pas trop intéressé par les combats, ce serait plus pour la mémoire, car j'oublie de plus en plus souvent. Je voudrais m'inscrire à un stage pour fortifier ma mémoire.

-         Nous ne faisons pas cela ici !

-         Mais vous faites quoi, alors pour faire travailler la mémoire ?

-         C'est un travail de mémoire pour les soldats qui sont tombés pour la France.

-         S'ils sont morts, ils n'ont plus besoin de travailler leur mémoire, ils ne devraient pas être prioritaires.

-         Vous plaisantez ?

-         Non !

-         Ecoutez, monsieur, je crois qu'il y a méprise, nous parlons de la dernière guerre mondiale.

-         Ah, oui ! Ça je me souviens, très bien, mais ils n'ont pas voulu de moi, car je n'étais pas encore né, trop jeune, réformé d'office !

-         Vous auriez voulu la faire ?

-         Surement pas, je suis antimilitariste ! J'ai déjà été obligé de faire le Service National, car je n'ai pas réussi à me faire réformer pour gogolerie chronique. Ils m'ont trouvé trop apte, je comprends mieux, maintenant pourquoi les Français ont perdu toutes leurs guerres, ils prennent n'importe qui ! Alors, comment procède-t-on ?

-         On procède, rien du tout, vous devez consulter un centre médical qui traite des pertes de mémoire.

-         Pourquoi, ces centres retrouvent des mémoires égarées et les restituent à leurs propriétaires légitimes.

-         Je ne connais pas leur façon de fonctionner, voyez avec eux !

-         D'accord, s'ils ne s'occupent que de la mémoire des encore vivant, ça me va !

-         Très bien, au revoir monsieur Gogol !

Non, ils n'ont pas voulu me décerner la réforme pour gogolerie, les cons, vous dis-je !