Grands-parents

J'ai eu la chance d'avoir à mes côtés, en toute occasion et jusqu'à la fin, mes grands-mères. Deux femmes exceptionnelles de courage, d'intelligence, brillantes d'amour et de tendresse, généreuses malgré des retraites lilliputiennes, toujours aux petits soins, à l'écoute, bras ouverts et verbe haut.

Mes enfants n'ont pas cette chance. Ils ont hérité de grands-parents radins, mesquins, avec des oursins dans les poches, désagréables, incapables de s'intéresser à eux, nombrilistes à l'extrême, qui ne les ont que très rarement gardés petits malgré la proximité de nos domiciles, jamais soignés ni cajolés.

Mes beaux-parents sont décédés. Mes parents non. Je me retiens d'écrire pas encore. Malgré des retraites confortables, des années que mon père ne fait jamais de cadeau de Noël ni d'anniversaire aux enfants, au prétexte qu'il n'a pas d'argent, avant d'appeler pour dire qu'il s'est acheté un nouveau cabriolet, une allemande luxueuse, qu'il a invité je ne sais qui dans un resto chic, a pris des vacances à Los Angeles, Genève, acheté une maquette hors de prix à son fils, une piscine pour un petit neveu... La dernière fois qu'il a donné un petit quelque chose à mon aînée pour ses 20 ans, il s'agissait d'un billet de 20 euros. Il lui expliqua qu'il avait claqué toutes ses réserves avec des nanas dans des palaces de la Côte d'Azur. Le temps passant il n'appelle plus pour leurs anniversaires. Il n'a pourtant que 4 petits enfants. En revanche il appelle pour connaître leurs résultats d'examens ou de concours quand il est au resto avec des copains pour pouvoir se vanter d'une réussite qui n'est pas la sienne.

Aujourd'hui encore je sers les dents. Ma mère a invité à déjeuner 2 de mes enfants sur les 3 présents car ça allait lui faire trop cher. C'est vrai que 3 plats du jour dans un bouchon lyonnais il y a de quoi s'étrangler. Mon petit dernier est blessé par cette attitude. Moi j'ai encore envie de débarquer en hurlant pour dire ce que je pense de son comportement. Quand je lui avais annoncé que j'étais enceinte de lui, j'avais entendu "T'es comme les poules. Compte pas sur moi pour m'en occuper!" Ce à quoi j'avais répondu que ça n'allait pas changer vu qu'elle ne s'était déjà pas occupée des aînés. Lors de la naissance de mon 2°, j'avais dû emmener ma fille de 2 ans avec moi et la garder à la maternité pendant 5 jours. Un cauchemar. Ni ma mère ni ma belle-mère ne nous avait tendu la main à cette occasion. Le personnel médical était halluciné. Mon mari devait commencer à travailler à l'autre bout de la France, sa boite venait d'être liquidée et il devait suivre une formation indispensable à son nouveau poste. Impossible pour lui de dire non.

Mes parents ont la chance d'avoir quatre magnifiques petits-enfants sympas qui sont désireux de les voir et nouer des liens avec eux, mais non. Mes parents ne voulaient déjà pas d'enfants alors sans doute que des petits-enfants, même des cools serviables avec le cœur sur la main, quatre chatons d'amour, c'est vraiment trop.

Argl.