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halpage

30/09/ 2012 / 18 h 10. Ce foutu brillant écran  m’engloutit; tout ce qui fait  esprit dans  mon cerveau  est bel et bien aspiré jusqu’au plus profond de ses chambres noires, par ce sinistre écran cagnard, qui brille  de tous ses pixels d’écran plat, d’  ordonnateur  de pantomimes ;  et pourtant, il n’est  rien que meuble, certes  très commode ; mais le plus dealeur que l’Horloge  à Quartz, le plus dealeur et tu t’en leurres dans ses réseaux sectaires, le plus dealeur  et  tu t’en  mouches dans ses rumeurs vulgaires.
Je suis censé me trouver ailleurs et ma tête et mes bras et mes jambes ;  mais chez moi l’ailleurs est plus proche de l’aïoli que du lit d’affectives  rencontres démonstratives, d’amicales relations à tue-tête…
C’est la boite mail que je consulte avec avidité en espérant recevoir une horde sympathique de messages intimistes, plutôt que, rabâchage, matraquage, paquetage  de bannières insuffisamment dissuasives ; mais toujours plus inventives les unes que les autres pour vous fourrer la bonne résolution  dans la boite à caprices ;  que de  Dieu,  s’il en ait un dans la  boite, le  fait exprès de faire  l’ absent-théiste dans  ma maison.
Un seul bandeau  coloré par dessus la ribambelle des  griseries anciennes : un seul message émanant du site de rencontre communautaire, lequel je fréquente avec  parcimonieuse fidélité depuis au moins … une  poignée de breloques ! (soit seize saisons d’après le calendrier Vivaldien) ; Ô temps suspendu… qu’il  me  faille plonger dans le plat ; et  qu’il en faut du courage à celui qui s’en va cahin-caha  à la pêche dans la commode !
Aussi bien, il ne m’arrive que dalle  avec les communautaires, depuis que les producteurs  des  pommes, et d’espoir, ont eu cette fabuleuse idée  de balancer des scoubidous dans la nature ; mais où va donc Madame la  fantaisie dans  mes nuits mortifères ?  Elle fait des noeuds et puis des branches…
Néanmoins, c’est devenu une habitude d’y  flairer sur écran plat, comme un ours balourd  glisse dans la neige épaisse ; mais je ne me prête pas si bien que ça au grégarisme ; malgré tout je broute sur le plat rutilant,  à  l’instar  du mouton, qui  l’emporte dans la métaphore,   rejoignant malgré moi le troupeau et se noyant la laine dans les plaines saturées des haleines inodores…
 Et cet oeil de webcam  qui me regarde l’ âme !
 Je n’aime pas ça,  être vu ;  je suis un  voyeur, avant tout, je préfère voir qu’être vu !
Par exemple, il ne me viendrait pas à l’idée d’échanger des images coquines avec l’inconnu, comme une bille ou une balle, tombée de la roulette aléatoire…
Aussi j’ai absolument rien à y  voir avec ce monocle en plastoc !

Faut demander à ma sœur Thérèse, c’est sa faute à elle, c’est elle qui l’a fait installé, et pour quoi faire ? je ne sais pas, c’est ses oignons ! (aussi  ses croix et ses bannières)
Mais attention, j’ai pas dis ma bonne sœur Thérèse, mais celle avec qui je partage  un appart  au cinquième étage, avec ascenseur et  balcon pour attirer les pigeons ; et c’est pas pour les tirer, les pigeons !
Pardi, c’est drôlement interdit la chasse aux animaux,  dans le code de la copropriété, et de s’en farcir du pigeon,  en cocotte, à l’huile d’arachide, au vin blanc ; mais c’est que j’adore ça, les oiseaux ; je les regarde se pencher sur l’arête d’une usine, je les regarde se maintenir  en équilibre précaire  sur un rebord de  façade ; je les regarde…  tandis que  c’est pas interdit de roucouler dans  l’ascenseur, avec qui on y monterait en l’air,  dans  cette caisse tapissée de moquettes roses fadasses  suspendue à des  câbles, et  qui, en ce moment,   s’alarme pour un rien ; et pourtant,  y’a pas de quoi trembloter,  pour un ascenseur qui pourrait  nous faire échafauder des pensées drolatiques à souhait, comme de s’en faire un sang d’ancre de masseur, dans l’ascenseur, avec une inconnue bien foutue dans ses  principes  : mais tout cela est  bel et bien possible  dans toute fantasmagorie qui se respecte ; ça doit être bien aussi  quand ça tombe en panne au moment qu’on le voudrait bien, avec Madame  !
Tout ça pour dire que je ne suis pas un  post-ado sensible et prudent  qui chatte avec des inconnus de la scène virtuelle ;  et pour  s’introduire dans les interstices des existences ; il  ne fait pas bon de jouer les Icare ; lequel,  bien connu des légendes grecques, avait tant voulu s’approcher du soleil… sans penser de se  prémunir les plumes des ailes, avec de l’écran total ! Il n’y a que sur la toile, qu’on voit le beau monde descendre en rappel, d’une grue !  par un câble,  pour se jeter de plein pied dans un écran de fenêtre, et  qui se brise en mille morceaux et sans se viander les pieds.
« Sur le net, il faut se méfier de tout le monde »  qu’il   disait récemment, en gros caractères,   le journal Pazirien, mais je veux absolument les croire !
De toute façon, j’ai quarante neuf balais,  d’après le calendrier des "bien aimées" sorcières ; et j’ai déjà bien perçu,  un peu  bu,  trop perdu (de vue, ce fameux  Jean-Pierre aux prunelles écarquillées).
Aussi bien je crois que ma libido baisse,  comme ma vue ;  je me demande   qui est cette  « Guli-Guli »  qui n’en voit que dalle  des quarante bougies déjà  éteintes du gâteux (que je suis ?!) et  que je m’en fourre, et que je n’en montre pas ma cerise  à n’importe quel pseudo pécho dans des écrans sidérants, si brillants soient-ils .
Son  message avec la photo, plutôt maton, son message annonce :  guli-guli  dit «  j’aimerais mieux vous connaître » .
 A priori, c’est une dame, en noir, même qu’elle ressemble  à Barbara, bien entendu la chanteuse (  et non pas la bolognaise que j’ai connu avec un cul du tonnerre en 1995  sous ses arcades des « pas sages »  en ville, car elle m’avait bien grimper dessus, la ragazza, sous les arcades,  pendant que des carabinieri  nous mater scrupuleusement  en faisant le tour de la place Saint-Dominique.)
 Tout de même on dirait une « Barbara » retouchée au photoshop ; sauf qu’ elle ressemble pas à un aigle, comme la Barbara avec ses voiles; et   « guli guli »,  qu’est-ce qu’elle/il  veut me dire ?
Aussi, au  vu de ce qu’elle/il  a laissé entendre dans ses « plis » Deleuzien ; au vu  des dégoûts  qu’elle/il   s’envisagerait jusqu’à s’en fouetter  avec d’autres ( que moi), je  redoute que  « guli guli »  veuille faire  « guili guili » avec ma pomme,   avec le démoulé du pseudo- masque,  que je m’applique  en toute virtualité incorporelle et que je me pince parfois pour savoir si c’est bien moi dans ce corps qui parfois trop m’entraîne  à faire  des gestes inconsidérés, comme d’éplucher des pommes reinettes sur la table de cuisine en faisant un concours des plus  longues épluchures.
Inutile de préciser que j’ai du mal à savoir sur quel pied danser dans la relation maître à esclave ; j’ai déjà trop donné  pour ma vocation scolaire, abrégée  dans  de médiocres souffrances ; hélas je n’ai jamais su que montrer les chemins qui mènent tous à quelque part, aussi bien que j’ai appris qu’ils s’en vont tous à Rome,  tous ces chemins qui  ont des "égouts" dans la nature ; et quoi   penser  de Rome,  de  son cirque Maximus, de ses scooters  sur la voie apicole ?!
Cependant je me fais cette réflexion : D’un ou d’une sado-masochiste patenté…

Et d’abord, pourquoi a-t-on associé ces deux personnalités hors du commun  et  qui ne se sont  jamais rencontrés, a priori ?
Pourquoi les avoir fait s’acoquiner pour des éternités de représentations joyeusement malsaines ?
 Pourquoi les avoir joint, le  « sado » avec le « mazo », dans les mots pris au lasso ?
Pourquoi ce  célèbre Embastillé de Marquis de Sade   fréquente t-il d’aussi près, syntaxiquement, ce  rejeton de famille de fonctionnaire autrefois actif sous l’empire austro-hongrois, j’ai nommé Léopold Sacher Masoch,  dont le père fut quand même un directeur de police, ce qui explique peut-être pour le rejeton, ce  fantasme  des   « menottes aux poignets » ?
 L’écran plat,  si étincelant de savoir, me dit  que ce Léopold  est l’écrivain de «  la Vénus à la fourrure » : j’abonde du chef, c’est  tout à fait un titre de tableau ; et pour sûr, c’est un Titien !  et même que ce Titien, je lui connaît un esclave de peinture : Le Tintoret bien sûr ! 
D'ailleurs,  il n’est  qu’à voir leurs autoportraits respectifs ; l’un en impose avec la pose qu'il arbore,  tandis que  l’autre fait une triste mine de chien battu…
Et c’est une coïncidence inouï de surfer  jusqu’à «  le Tintoret », car je venais récemment de découvrir  le tableau qu’il avait peint, intitulé  «  l’homme à la barbe grise », sise  au musée des beaux-arts de Vienne ; et tout ça parce que dernièrement je lisais  un roman de Thomas Bernhard,  dont le personnage principale du roman, ce vieux autrichien de Reger   va  voir ce tableau «  l’homme à la barbe grise », tous les deux jours, en s’asseyant toujours à la même place ;  pendant que son ami, à qui il avait donné rendez-vous à ce jour dans le  roman,  l’observe d’une autre pièce ; et ainsi de page en page, l’ami attendu se fait  le voyeur  du vieil homme qui, lui même est   le voyeur du tableau du vieil homme qui le regarde depuis son cadre ; et détail qui m’avait intrigué un tant soit peu,  de « l’ homme à la barbe grise »,  c’est le col de fourrure qu’il porte au manteau ; et  col de fourrure  que je n’avais pas vu une première  fois, à cause du temps qui passe et qui   noircit  de ténèbres les tableaux de maîtres anciens ; mais le fait est que j’ai drôlement remarqué  la présence de cette fourrure dans un deuxième temps ; aussi cette grosse main vicieuse et  baguée,  sortant du manteau épais.
J’en étais là d’imaginer le personnage Reger toujours fourré à observer  le type du tableau en me demandant ce qu’il regardait vraiment dans ce tableau ; et aussi je pensais,  c’était peut-être un « gros sadique », l’homme à la barbe grise ! 
 

18 h50. la sonnette électrique   me dérange ; je suis toujours surpris de l’entendre striduler dans le silence de l’appartement ; aussi je n’attends personne ; ça ne peut pas être ma sœur Thérèse,  elle me disait encore,  hier soir, qu’elle partirait directement du boulot pour se rendre chez notre mère ; j’écoute, j’écoute dans ce silence absorbé qui vient juste après ces perturbantes vibrations électriques  ; mais je n’entends personne de derrière la porte ; mais il se peut que le visiteur  ait vu que j’étais là, à cause du salon éclairé que l’on peut voir depuis la place tout en bas ; peu importe, je n’y suis pour personne…


19 h00. Nouveau coup de sonnette qui me trouble à nouveau ;  au pire, je suis comme une statue de sel;  je suis figé, confondu dans le canapé ; un peu auparavant j’étais dans la pièce à coté, cherchant après ce cher Hugo, en petit classique, que je savais  caché derrière une rangée de livres ; je la trouve enfin celle que je cherchais : «  la conscience :«  lorsque avec ses enfants vêtus de peau de bête … »
Assis dans le canapé, devant moi  la porte ouverte du salon, par laquelle  je distingue au fond du hall d’entrée plongé dans une semi obscurité, la porte de l’appart, mystérieuse avec son  œil de verre comme une petite tête d’ épingle.
Encore cet oeil qui m’observe l'âme  !
Auparavant j’ai entendu  des bruits de course, dans les  hélices de l’’escalier en béton, qui l’en fait résonner l’immeuble tout entier.
Mais je devine maintenant qui sont ces affreux,  qu’ils sont sans doute ces 6 nains  qui étaient venus l’année dernière ; je me souviens, je leur avais ouvert la porte et, surpris - ces drôles  me  zieutaient à travers les fentes de leurs têtes masquées de vieux nains ridés - le  grincheux s’étaient avancé  bras tendus avec son sac plastique ouvert ; et tous avaient crié «  on veut des bonbons, on veut des bonbons ! »
 Cette année,   tout ce que j’ai dans le placard, ce sont des marshmallows ; et le paquet, ma sœur l’a déjà bien entamé ; aussi  je ne goûte pas à ces saloperies de mousse en sucre, aux additifs acidulés : «  foutez le camp les nains! » 

21 h. Je sors de l’appart comme un voleur, je décide de ne pas descendre avec l’ascenseur, car je ne veux pas faire de bruit, cependant la porte  d’accès à l’escalier grince du diable ; je le descends à pas de velours,  jusqu’au rez-de-chaussée ; en effet, je viens de me souvenir que  je ne suis pas  allé voir en bas pour le courrier ;  je prends trois lettres dans la boite.
 Et les  Hobbits, et les Nains ont disparus ? !
Demain, jour férié, c’est décidé, je sors !

Jeudi 1 novembre/ 7 h15. La longue avenue de Beauséjour est une avenue rectiligne ponctuée de trois rond-point,  très rapprochés à mesure que l’on arrive à la gare ; elle est bordée de tilleuls qui se rejoignent dans leurs branches, ce qui leur donne l’aspect d’éventail ; car en effet, les arbres sont plantés sur un trottoir, de deux mètres environ  de largeur, ce qui  laisse peu de place au ramage de ces arbres de s’étendre, de  se permettre une échappée  chez l’habitant par delà les murs de leur propriétés ; aussi des murs  qui s’ensuivent les uns les autres tout du long de cette avenue pour n’en faire qu’un seul ;  ni de s’étendre au dessus de la voirie ; si bien que quand vous marchez sur le trottoir de cette avenue ; vous avancez  comme dans un tunnel.
 A la gare, je  passe devant la rôtisserie du boucher qui fait tourner  six poulets à la broche ; Je  n’ai qu’une rigolote pensée pour les nains ignorés de la veille.
 Enfin, Je prends le train, puis la ligne 4 du métro…
Une fois arrivé devant  la médiathèque,  je  m’insinue dans l’épingle de queue, et quand je suis enfin à l’intérieur, de ce monstre d’architecture exposant  tous ses boyaux à  l’extérieur, je vais lire une histoire de « farfadet  dans le buffet ».
Quand je reviens le soir, par cette même avenue de Beauséjour, je suis  sur le point de traverser le dernier rond point,  quand, une  voiture s’arrête juste devant mon nez ; en trombe il en sort une dame serrée dans  son imperméable, assez forte ;  elle semble ne pas se préoccuper de ma présence ;  mais soudain,  elle se met à  crier férocement à mon endroit ; et elle hurle des mots qui sifflent dans l’air ; aussitôt fait, elle  s’en retourne dans la voiture, et l’en claque   la portière ; puis la voiture   repart sur les chapeaux de roue.
Sur le coup, j’en  suis complètement ahuri ; puis,  tout en reprenant ma route,  j’essaye tant bien que mal de remettre de l’ordre et de la compréhension dans ce que j’ai cru   entendre.
Et finalement, tout ce que j’ai saisi, c’est cette phrase, reconstituée :
«  c’est toi la sale peau  qui suce comme t’as sucé Brayan ? ! »
Je n’ai qu’une hâte, rentrer me cacher dans ma tombe ; et dorénavant me choisir un autre pseudo, parce que « bonpied  », wouai ! ça le fait pas forcément bon œil !       
   
      
    

         

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