Histoire de glands

Apolline Mariotte

Sur un banc du jardin du Luxembourg, trois glands plantés en rang d’oignons ont survécu aux tempêtes successives qui ont frappé le pays. Elle est loin l’époque où leur chêne était plus vert. Déracinés, ils sont secs dans leur coque et leur peau est bien dure.

Les jeunes pousses sont tièdes elles, en demi-teinte. Question de génération. Elles ne mesurent pas la chance qu’elles ont de profiter de ce vent nouveau et léger. Et si au contraire, les jeunes pousses promettaient une belle récolte ?

Aloys s’approche. Pour ses cinq ans, Bon Papa lui a construit une jolie maquette de voilier en bois. Il la pose sur le banc, ses yeux fureteurs ont aperçu les trois glands. De ses doigts dodus, le petit garçon les saisit, court de toute l’amplitude que ses gambettes et ses petits poumons lui permettent et les jette à l’eau. Sous le regard végétatif des carpes engraissées par les restes de goûters, lestés par leur sclérose, les trois glands coulent au fond du bassin.

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