Hot roc

Elle est partie et maintenant elle brûle, tandis que mike se prépare des toasts. Une odeur de pain grillé embrasse les effluves d'un maquis desséché en bouquet garni. Des parfums de sauvage et du naturel qui l'ennivrent d'une évanescente légèreté d'être.
Il fait beau. Chaud.

Cassandra s'est évaporée mais il sait où la débusquer. Sur l'île.
Un gros roc émergeant de l'eau à une cinquantaine de brasses de la plage.Du granit en douceur velours façonné par un Chronos aux lèvres de vent et caresses d'embruns. Ce rocher c'est la star de la plage, le préféré du village. tout le monde veut son grain de peau contre son grain de pierre et nonchalamment bronzer sans plus rien faire. Son corps, se farde d'une sueur aux reflets argentés par un astre qui semble ne plus briller que pour elle.
Mike, l'aperçoit de la terrasse de sa villa de location qui surplombe la crique. Il est le seul à pouvoir la détailler, contrairement aux touristes du bord de mer à la vue brouillée par une turgescence minérale, forteresse à regards éventuels. Une rocaille endormie sur un turquoise salé tel un écrin pour la belle au teint hâlé. Elle ne porte pas de maillot elle en est sertie. Deux pièces d'étoffes qui subliment ses lignes comme aucun peintre n'oserait les tracer. Mike a beau être à un cinquantaine de mètres il est totalement subjugué par ce galbe au teint caramel.
Les arômes de son moka le ramènent à la réalité. Le breuvage est froid, sa première gorgée ne laissant plus qu'un peu de mousse sur la nappe du liquide noir pétrole. Un parfait quart de lune d'un nuage onctueux et généreux, un coton de caféine.
- La plage, on dirait la plage… se dit-il à voix haute et songeuse.
La plage.

Cassandra.

La retrouver.

vite.

Ou plutôt non…

Simplement rester là, contemplatif, comme on regarde le feu d'un soleil au bord du sommeil.
Le feu.
Il repense à son hier. À sa peau si torride et brûlante. Totalement offerte, dénudée, elle s'était laissée prendre par un ardent soleil toute l'après-midi durant. Un roi du ciel qui l'avait adoubé d'une teinte si gourmande que mike n'avait pu s'empêcher de la croquer.
Cassandra, brûlante d'été, lui avait demandé de la rafraîchir. Mike en était sorti trempé de la piscine pour finir allongé de tout son corps sur celui de sa reine. Sa peau de braise si douce, si chaude, transformait les perles d'eau en vapeur éthérée. Une brume d'amour qui envelloppa les deux corps jusqu'à les fusionner.
L'eau, la peau, les yeux, les cieux,
bras qui enlacent, lèvres qui embrassent,
courbes qui se tordent,
coeurs en désordre.
Un corps à corps qui ne prit fin qu'avec le coucher du jour épuisé de chaleur et d'amour. Ne restait plus dans leurs yeux qu'un drapé d'étoiles scintillantes et deux sourires en quartier de lune, comme celui de son café.