Il avait commencé à écrire une histoire

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Il, appelons le C, avait commencé à écrire une histoire. L'histoire de son déménagement qui allait lui permettre la rencontre de la femme idéale. Il l'avait vraiment écrit. Et il avait effectivement aménagé. Dans un 15m², entouré de dealers, de pauvres vies ratées, de violence et de haine. Dans une spirale sans fond, où vivait la demoiselle depuis déjà un an. Au trou, l'on pourrait croire, quand on ne peut même pas sortir de chez soi sous peine de boule au ventre. Pourtant, cet écrin de verdure avait tout pour les rassurer. Avant d'entendre et de voir la réalité. La belle affaire...

Et puis il y a eu le Voisin, que l'on appellera X. X invitait régulièrement la jeune femme à venir boire son café ou partager une bière. Le seul voisin auquel elle avait confiance, qui lui donnait presque la force de supporter cet immeuble de tordus. 

Puis les visites se sont espacées, la jeune femme étant tombée malade elle ne sortait plus de son caveau (de 17m² celui là, il faut le préciser ! Toutes les histoires ont leurs détails). Quand enfin, elle se décida à en sortir, c'est à X qu'elle alla rendre visite.

Quelle surprise de le voir Lui, C, qu'elle ne connaissait pas encore du tout. Mais quel bel homme... Vinrent les conversations, parfois alcoolisées, parfois plus posées. C avait toute son intelligence, le rire facile, les sourires amusants. Il avait les mots justes, il commençait à la percer elle qui dans sa chrysalide s'évertuait à tout cacher.

Les jours se suivirent et se ressemblèrent. Elle n'y allait plus tant pour X, qui restait un ami, que pour voir C qui la faisait pincer un peu pour lui.

Mais elle était déjà prise, alors qu'importe. Elle n'avait pas écrit l'histoire du jeune homme qui rencontre la jeune femme dans ses lieux de mansardes.

Elle était très heureuse en amour, mais était aussi très seule. Son homme était marié. Elle vivait donc seule dans sa piètre cachette.

Mais le jeune homme, croyant peut-être au destin, finit par l'inviter lui même dans son antre l'écouter jouer du synthétiseur. Elle était un peu grise, elle était l'air béat, elle l'écoutait jouer. Bon dieu, il jouait bien. Et elle imaginait : Pourrai-je être avec cet homme ?

Les mois passèrent ainsi, peut-être six.

Le jeune homme ne poursuivit pas son livre.

Mais ce 23 janvier, elle l'invita chez lui. Lui montrer un peu, l'univers qu'elle s'était forgée dans ce trou d'appartement. Sa déco, ses couleurs, ses chats qui étaient presque toute sa vie, ses bouquins, une quatre centaine dans un 17m² (je vous dis pas les cartons qui viendront).

Elle se sentait si mal chez elle qu'elle lui proposa alors un verre chez lui, plutôt.

"Je te trouve très beau, je te trouve très beau" lui répétait-elle inlassablement. Peut-être l'effet d'une bière de trop qui l'aurait libérée, mais aussi qu'elle le pensait.

"Si tu continues, je t'embrasse", répondit-il embarrassé.

Elle continua, vous imaginez la suite.

Six mois désormais que les deux tourtereaux ne se quittent plus. Beaucoup de bas, notamment quand il a fallu quitter P, beaucoup de larmes, de crises, de visites à l'hôpital psychiatrique tellement tout était encore à vif chez elle. Mais ils ont appris progressivement les hauts. Relooker l'appartement, qu'il semble plus grand. Partir en week-end, fuir ce bidonville.

Les jours passent et l'amour se conforte.

Les voisins sont jaloux, la seule fille du coin vit une idylle avec un autre qu'eux. En viennent les menaces dans la boite aux lettres.

Les choses se gâtent à l'extérieur. Ils commencent donc les cartons et regardent les petites annonces.

Parions que dans six mois, ils auront un vrai cocon et pourront vivre leur Amour sans pépins.

Peut-être un jour, continuera t-il d'écrire son histoire (et s'inscrira t-il ici).

Toute ressemblance avec quiconque serait réelle.



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