Il est d'ailes

lanimelle

Il est d’ailes

« Je sens rien » dit- elle. Elle laissa s’échapper une pensée.

Un signe du destin entre les deux cavités en résonnance chez Jules.

Il continua de poser avec délicatesse un peu de tendresse sur la fille aux cheveux rouges.

Elle ne dit rien comme extraite de son corps, envolée d’elle-même.

Il tenta sur le cou, le bras, le ventre, les seins.

L’abandonnée était devenue une pierre ou le vent, l’eau glissaient.

Jules ne pouvait y croire.

Comment ramènent-on les disparus?

Il tenta le murmure pour la rappeler lentement, avec politesse.

Un battement de cils, un retour presque brutal pour elle, avait percé les cieux du silence où elle aimait vivre.

« elle est d’ici aussi! » dit elle dans un soupir profond.

Dérangement dans l’encombrement de la dentelle blanche de son triangle.

Elle s’amusait seule à ranger, jeter le poids de ses idées, les dossiers aux soufflets écartelés de trop de pages, un deux trois cadenas sur les Top Secret, de couleur rouge ou noir pour unique repère.

« Ecoute » disait la voix et elle repartait se perdre dans les nuages sans question, tenant la main au sourire de Peter Pan.

Le front collait à la rêverie, elle décrochait de la réalité et abandonnait le soleil pour rejoindre le pays perdu ou les heures n’ont pas d’aiguilles, ou l’impossible se construit avec l’esprit, petit pâté de sable qui devient château, avec une tour ou elle s’enferme et laisse pousser ses cheveux, à l’abri des autres.

Légère si légère dans les mondes imaginaires, flottement, saut d’un arbre à l’autre.

La bouche en cœur, « reviens » disait il.

Un autre battement de cils pour réaction « pourquoi faire? » lâchât elle calmement.

« Pour continuer à vivre mon amour! »

Elle n’avait jamais senti qu’elle ne vivait pas, juste qu’elle vivait autrement.

« Reviens t’échouer, reviens mordre, jouer avec ton corps et te nourrir du mien »

Elle entendit un lointain SOS, l’enferma dans une bouteille de verre et du bout des doigts la poussa  jusque dans le cœur du lac aux espoirs.

Plus rien n’arrivait à la découdre de ses rêves, même pas l’homme, le Jules, le doux lecteur de ses histoires noirs.

Curieuse créature que la fille aux cheveux rouges, yeux de cristal noir, fragile et effrayante à la fois.

Se perdre sur elle c’était un peu oser les routes inconnues, impossible de jeter l’encre à sa place, liquide, vaporeuse, matière de fumée, éphémère, d’origine incompréhensible.

Le jules était accidenté depuis longtemps, tétraplégique dans la vie, champion du monde de saut d’obstacles dans ses rêves.

Il s’était dit « elle devrait m’aller avec ses ailes invisibles et son sourire à la blanche neige, icône pas catholique pour le délinquant invertébré que je suis !».

Mais il sentait bien qu’elle ne le voulait pas.

Décodeur, observateur, agriculteur de tentatives, la production n’a pas éclos, une histoire d’engrais bio, de coccinelles vertes aux pois rouges, de libellules bleus à  la tête blanche.


Il y avait tellement cru, pourtant elle ne l’avait jamais poussé à cela.

Surement que les silences s’amadouent et que l’on peut entendre d’eux ce que l’on recherche.
La pépite ou la peur, l’amour ou l’indifférence.

Allongée sur  les rochers ou se jette « l’amer », elle écoute la musique des contes de fées et donne la main à son prince charmant sans cheval blanc, il la fait tourner et danser jusqu’à en perdre l’équilibre et  tomber des nues.

Elle aime ca quand il s’approche de son corps, respire ses pensées, boit ses rires, ses larmes, se fond sur elle comme l’autre que l’on reconnait.

Elle aime aller dans les cieux ou leur amour est une réalité, ou ils ne sont jamais séparé, frère et sœur de sentiment, enfantillage à deux balles, amis d’asile, amant et maitresse d’éternité,  indissociables parce que dans ses yeux il n‘y a qu‘elle et parce dans son regard elle n‘a que son reflet.

Elle a lutté un temps pour rester les pieds sur terre mais ca fait trop mal, le prince lui manque, il fait trop moche dans la galaxie des réels.

Jules rampait, elle lui disait « c’est inutile ».

Jules pleurait en silence et laisser ses larmes échouer dans le cou pour  crever sur sa crinière magenta, ca ne lui faisait rien, elle ne pouvait pas le lui répéter, pas envie de voir Jules déborder.

Le voleur de cœur était là, toujours présent, illuminant ses pupilles, faisant vibrer ses carences de vérité.

Le jules finit par partir comme il était venu, avec en tête la frustration de n’avoir pu voyager en elle.

L’autiste aux cheveux crépus de laine amoureuse continua à s’enfoncer un peu plus dans la musique des mots, des rondes enivrantes dansées le pieds nu contre le seul cœur qui battait pour elle.

Syndrome de Stockholm disaient les hommes d’en bas, ils pouvaient bien en dire ce qu’ils voulaient, elle elle savait qu’elle n’était jamais seule, qu’il lui suffisait d’écouter la mélodie hypnotisante des yeux verts pour se coucher dans le bonheur, corps et âme perdus.

L’animelle

écrit sous couture rarities, merci greg!

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