Il était une fois dans mon coffee-shop

Kevin Carlier

Y'avait l'banquier qui fumait d'la Jack Herer

Pas d'erreurs, par erreur d'ailleurs, il discutait avec

Il lui suppliait "pauvre p'tit pétard fait moi du bien"

Une auréole de fumée planait au-dessus de sa tête

Puis y'avait l'autre là, le gars nerveux

Qui v'nait toujours à la même heure chercher sa beuh

Et qui disait toujours avec le même accent

"Hééé m'sieur l'commerçant, 5 Grammes de mon médicament"

Et puis y'avait le gars sérieux, assis au bar, pour l'faire encore plus

Sérieux, il l'était, un bon client en quelque sorte

Sérieux, comme un père de famille, un travailleur

Et qui paye ses impôts, oui monsieur, un gars sérieux

Enfin y'avait le maire de l'île, non pas Martine

Il s'appelait Alphonse, d'où son surnom " La défonce "

Qui veillait au bien-être de ses citoyens, et de sa potion

Oui, sa potion, car "La défonce" était aussi agriculteur, et bien né, le p'tit malin

Au fond d'la pièce, du matin au soir, y'avait une Table

C'était La Table Spéciale, Spéciale Discours, Spéciale Tout-court

Brulée des quatre coins et d'la face, elle en avait vu

Des "vertes" ça c'est sûr, des vertus aussi, des "pas mûres" ça j'en doute fort

C'est qu'elle en avait des choses à raconter, ce qu'elle voyait

Envolée la déprime du banquier, le malheureux ne pouvait plus accorder de prêts

Alors il venait ici pour accorder sa grat' et fumer d'la Jack

Et celle du gars nerveux qui était enfin Zen, heureusement la Table était en bois massif

Mais elle entendait surtout chuchoter ces mots entre "La défonce" et le gars sérieux

Qui, pour le bien être du coffee-shop ne peuvent être révélés ici

On se doute bien que ces crapules parlaient "Business Angel"

La Table s'éclipsait chaque nuit, on ne sait où, histoire de faire sa photosynthèse

Cela dura des années, des dizaines d'années, jusqu'au jour où...

Ils réinterdirent Marie-Jeanne, ce fut la fin de la légalisation, bonjour la prohibition

Tant qu'ils purent s'en mettre plein les poches, histoire de renflouer un certain trou

Ils le firent, alors vivant 2032... Et la fin du déficit

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